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Solitaire par Denis.Z

Solitaire

Journée d'automne. Les lumières de la ville s'éteignent peu à peu pour laisser la pâle lueur matinale se lever et se glisser entre les immeubles. Ma ballade nocturne touchait à sa fin, laissant derrière moi ces ruelles désertes qui murmuraient leur désir diurne.

Simple illusion ou vision bien réelle, elle se tenait là, étendue de toutes ses courbes offertes dans un sommeil enfantin.

Son visage d'ange reflétait la vérité, celle que l'on recherche à jamais tout en voulant la détenir pour toujours. Ses joues creusées, d'une icône présente, imploraient la tendresse. Ses lèvres si sensuelles dessinaient mille baisers que le temps avait moissonnés. De ses cheveux blonds, attachés en chignon, naissait une longue nuque, d'où ses épaules, sa poitrine grelottaient en silence. Frémissement léger d'un désir assoupi ? Ses mains sur son ventre posées, semblaient prier le vent de ne plus venir la griffer.

Comment pouvait-elle être destinée à cela Qui d'ailleurs pouvait bien l'être ? Aimer, paraissait être son seul sort. Mais qui avait ce souvenir là ? Quelle femme ou quel homme  pouvait venir me chuchoter l'étreinte passée ? Peut-être que, tout simplement ses amants là ne vivaient plus en elle. Ils s'étaient emplis d'elle, prenant tout peu à peu, grignotant chaque parcelle de vie et ne laissant qu'un pâle souvenir de cette si belle victime. Est-ce cela qu'elle avait fui ou bien était-elle une ravisseuse, laissant ses amours coupées de moitié. Tuant des cœurs encore endormis, pour ne pas avoir à les rassurer.

Plus d'inventions câlines. Elle ne voulait plus connaître le mensonge. D'ailleurs, plus personne ne lui racontait d'histoires. Tous ces gens qui animaient peu à peu la place, lui passaient à côté, l'ignorant ou pire encore, ne la voyant même plus. Leurs pas assurés de grandes destinées écrasaient les promeneurs égarés. Ils s'enfuyaient vers toutes les directions possibles, dans une course affolée, pour quelques rues de plus et peut-être pour gagner plus vite encore des lendemains tant attendus.

Mais elle, dans son rêve étendu, était bien redevenue l'enfant qui, ennuyée, décidait de ne plus jouer, ne plus écouter le conteur, et même ne plus grandir : «  Un jour, je serai petite fille » Mais les projets se suivent et ne se ressemble plus. Juste une survie pour un chemin de croix. Elle était toujours là, résistante en son âme, comme pour montrer son désaccord. Pour elle, il n'y aurait rien de plus à quelques rue de là. Elle n'était même plus égarée, puisqu'elle ne cherchait plus rien. Juste vivre encore un peu pour voir l'automne teinter son cœur. Se souvenir comment enfant, elle venait sur cette place, crier courir et rire de ces passants qui déjà étaient en retard.

Simplement ces souvenirs là, pour finir son rêve, avant de repartir.

C'était au mois d'octobre, dans une de ces grandes villes où des enfants dorment encore sur des bancs.

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Style : Nouvelle | Par Denis.Z | Voir tous ses textes | Visite : 661

Coup de cœur : 10 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : Motus

Wouhaaa... J'adore vraiment la façon dont tu écris! Et ce texte me touche réellement. J'espère que tu nous ferra plaisir de tes chefs d'oeuvres à nouveau! Mille mercis ^^