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Copains d'avant... par ptiteouarda

Copains d'avant...

 Je dépouillais tranquille mes mails l'autre matin, quand tout à coup, je tombe sur une missive provenant de Maxime Lachaux que je n'avais pas vu depuis la seconde ! A l'époque, j'en étais raide dingue, lui, ne m'a jamais calculée...

 

A la lecture de son message, je sens mon cœur accélérer, mes joues devenir rouges, un coup de chaleur m'envahir tout doucement.

Le Don Juan qui m'a tellement fait vibrer sans le savoir tenait absolument à me revoir... Il avait hâte de retrouver ma petite frimousse pleine de tâches de rousseur (pourtant j'ai les cheveux noirs), de sentir à nouveau mon parfum de vanille qu'il avait pu découvrir quand on se croisait dans les couloirs, de revoir cet air malicieux qui me caractérise selon lui... Moi qui pensais qu'il ne savait même pas comment je m'appelais...

Comment résister ??? Tout d'abord, première chose à faire : reprendre une respiration normale, se calmer, s'éloigner de cet écran qui me renvoie vers le passé, juste un instant.

 

Je me lève de ma chaise, fais un tour d'horizon, respire à fond et me concentre à nouveau sur son message.

Je le lis, le relis, encore et encore... Quelques fautes d'orthographes trahissent une légère anxiété... c'est adorable !

 

Maintenant, il faut redescendre sur terre.

 

C'est une blague ! Quelqu'un joue avec moi ? C'est impossible qu'il m'ait retrouvé... Tout ce temps passé...

A la question « Comment » la réponse est évidente quand je relis l'expéditeur, c'est un message en provenance d'un site internet sur lequel on peut retrouver d'anciens copains de classe...

Comment savoir si c'est bien lui ? Tout en me posant cette question, je me dirige sur ce même site pour rechercher sa fiche.

Il suffit de renseigner le nom et le prénom, et la fiche apparaît doucement... Evidemment, pas de photo de Don Juan ! Peu importe, mes souvenirs me rassurent... Taille moyenne, cheveux bruns avec un léger mouvement de boucle, coupés courts, yeux sombres qui lui donnaient un regard de braise... Il avait aussi ces petites faussettes adorables au creux des joues quand il souriait... Il s'habillait simplement mais classe, souvent à coup de jean et chemise, sobre. Il sentait bon... Je n'ai jamais su quel parfum il portait. Et pourtant j'ai réussi à récolter bon nombre d'informations par ci par là... Mais il fallait rester discrète, je ne voulais pas que quoique ce soit puisse se voir au cas où le regard que je lui portais n'aurait pas trouvé de retour réciproque...

 

Mais à la question « Pourquoi moi ? » Pas de réponse.

 

Tout ça ne me dit pas si c'est vraiment lui, n'importe qui a pu s'enregistrer sous ce nom...

 Et si c'est vraiment lui, comment savoir si sa requête n'est pas simplement un passe-temps ?

 

Maintenant, il faut lui répondre...

Je rouvre son message et cliques sur "Répondre". Je supprime aussitôt l'adresse dans le champ "Destinaires"... Je ne voudrais pas envoyer le message par erreur sans avoir eu le temps de me relire !

 

"Hey Max, "

Non, un peu trop familier pour quelqu'un que je n'ai pas vu depuis bientôt 10 ans...

 

"Maxime, "

Ca ne va pas non plus, trop sérieux !

 

Je vais me recadrer un peu, d'abord me préparer une tisane...

 

De retour derrière ce clavier qui ne veut pas écrire tout seul, je me concentre. On inspire, on expire... On inspire, on expire et on se lance !

 

"Maxime Lachaux ... Ca me fais plaisir de te lire [...] "

 Me voilà partie dans quelques lignes pleines de banalités... Je décide de rester le plus sobre possible dans mon écriture, en lui posant quelques questions sur sa vie d'aujourd'hui. Ses réponses me permettront peut être de mieux évaluer l'authenticité de mon interlocuteur...

 Je relis plusieurs fois mon message, puis renseigne l'adresse du destinataire que j'avais supprimé par précaution, et clique sur "Envoyer".

 

Je n'aurais pas de réponse ce soir, inutile de rester planter là à attendre...

 La soirée se passe presque normalement... Presque, parce que je ne peux pas m'empêcher de consulter mes messages toutes les demi-heures...

 

J'avais raison, je n'aurais pas de réponse ce soir...

 

 

7h00, le réveil sonne.

Les yeux à peine ouverts, je commence ma journée comme les autres... C'est devant le miroir, le pinceau dans la main que je le revois, Maxime Lachaux... Je me sens aussitôt en pleine forme... Je me prépare rapidement, sans négliger la qualité de l'aspect superficiel qui nous lie tous, ou presque (maquillage, coiffure, tenue). Rapidement, parce que pressée d'ouvrir ma messagerie.

Aujourd'hui c'est sûr, il va me répondre...

 

J'arrive à mon poste de travail avec le cœur qui bat. Rapide "bonjour" à tout le monde.

J'ouvre ma messagerie à l'abri des regards. Ca y est, il a répondu.

J'ouvre son message. Il répond que ça lui fait plaisir de me lire... je jubile.

Il répond à mes banalités sans trop rentrer dans le détail, il me parle rapidement de son parcours scolaire après la seconde. Il a pas mal réussi, aujourd'hui il est concepteur-rédacteur dans une agence de pub (il conçoit et rédige des textes publicitaires et promotionnels). Dans le domaine privé, il est célibataire, il n'a pas d'enfant... (Petit clin d'œil à moi-même).

Il me demande ensuite si je serais partante pour nous retrouver, partager nos souvenirs, nos expériences... Oui, oui, oui, mille fois oui !

Je lui réponds simplement que je suis toujours partante pour retrouver d'anciens copains de classe.

 On échange quelques messages tout au long de la journée. On finit même par échanger nos numéros de portable.

 

17h30, il est temps de rentrer.

 

Arrivée chez moi, je me précipite sur mon ordinateur. Dans la journée on s'était mis d'accord pour discuter sur une messagerie instantanée. Les heures passent. On discute d'abord de tout et de rien, puis de sujets un peu plus privés. A la fin de la soirée et après 6 cafés, on est d'accord pour le rendez-vous. Ce sera samedi à 16h00 au café de l'hôtel de la vieille cité. Je suis impatiente, j'ai 3 jours devant moi pour choisir la tenue, m'épiler (si la tenue choisie se porte courte), mais aussi pour m'habituer à ses nouvelles bottes qui m'ont coûté une fortune et qui me font un mal de chien !

 

La semaine touche à sa fin, pas assez vite à mon goût.

Arrive le grand jour ! Samedi, il est 11h. Il faut compter environ 1/2 heure de trajet, temps auquel il faut ajouter 15 bonnes minutes pour trouver une place pour la voiture. Il me reste à peu prés 4h pour me préparer. Tout d'abord, je dresse le bilan de ce qui a déjà été fait. Epilation, c'est fait. Choix de la tenue, c'est fait, je vais porter cette jupe noire sobre qui se marie parfaitement avec les bottes. Avec ça je vais porter un pull léger aux tons bordeaux et légèrement décolleté, il rendra l'ensemble de la tenue moins stricte. Mes ongles sont vernis avec une couleur qui se rapproche de celle de mon teint. Le 1/4 d'heure maquillage m'a donné satisfaction.

Il ne reste plus qu'à déjeuner, mais léger, je refuse que des bruits d'animaux en provenance de mon ventre me mettent mal à l'aise cet après-midi. Après cela, j'enfilerai la tenue, doucement avec le collant (je repense avec nostalgie à la demi douzaine de ses collègues qui ont finit à la poubelle...). Après tout cela, il ne restera plus que la coiffure à mettre en place, opération délicate.

 

14h30, je suis prête. Il faut que je m'occupe, je ne veux pas arriver avec plus d'une 1/2 heure d'avance en partant maintenant.

Raccord maquillage, raccord coiffure, inspection de l'état du collant... Tout est bon. Je m'installe devant la télé pour passer le temps. Impossible de me concentrer sur les images qui défilent, je n'ai d'yeux que pour les aiguilles de cette montre qui refusent d'avancer !

 

15h00, j'enfile les bottes. Avec ces trois jours de port intensif, mes pieds s'habituent ou du moins, tolèrent mieux la douleur.

Evidemment, je retrouve les clés de la voiture, après les avoir cherché partout, dans mon sac. Je suis prête à partir. Ce n'est vraiment pas le jour pour contrôler ma tension, mon rythme cardiaque est bien plus élevé qu'un samedi ordinaire.

 

Je suis parvenue à me garer sans trop de problème. A croire que tout le monde sait à quel point ce rendez-vous est important pour moi et les habitants du quartier m'ont laissé le choix des places partout autour de l'hôtel.

15h40, encore un peu tôt pour y aller. J'attends un moment dans la voiture tout en observant chaque personne qui passe, ça pourrait être lui...

Presque 16h, je sors de la voiture et me dirige vers l'hôtel. Comment va-t-on se reconnaître ?

Je rentre dans le café et m'installe à une table ronde à côté du mur, la lumière est idéale pour mettre en valeur mes atouts et suffisamment tamisée pour amoindrir mes défauts.

 

Je jette un coup d'œil à ma montre et en relevant les yeux, j'aperçois un homme dressé devant moi avec un large sourire. C'est lui.

Maxime n'a rien perdu de son charme. Je crois voir dans son regard qu'il est sincèrement heureux de me revoir. Il demande poliment à s'asseoir. Je réponds d'un sourire. A peine installé, le serveur nous propose un alcool léger que nous acceptons volontiers.

 

Nous discutons pendant plusieurs heures. Nous sommes sur la même longueur d'ondes, nous rions beaucoup. Quand nous abordons nos souvenirs de lycée, il avoue timidement qu'il m'avait remarqué mais qu'il n'a jamais osé m'aborder, je l'intimidais d'après lui. Le serveur revient pour nous proposer une table pour le dîner. Il est presque 19h. Un simple échange de regard entre Maxime et moi répond à sa question. Nous prenons nos affaires pour nous installer à une table pour le repas.

Tout en mangeant, nous abordons plus en détail les sujets de discussions que nous avions commencé via la messagerie instantanée. Nous prévoyons également de nous revoir à l'occasion de la sortie de quelques films au cinéma qui nous tentent tous les deux.

C'est gagné, on va se revoir !

Je ne décèle pas le moindre soupçon de drague dans son discours ou son attitude. Par contre, il ne manque pas de complimenter ma coiffure, la qualité de précision de ma manucure... C'est agréable de constater que tous ces efforts ne sont pas vains !

 

Arrive l'addition qu'il s'empresse de régler intégralement. Il m'invite.

 

Je ne veux pas que cette soirée se termine. Nous avons tellement de choses en commun. Il me fait rire. Mais pourquoi il n'essaye pas de me séduire ? Peut être par timidité ou par égard pour me démontrer qu'il me respecte... Un petit peu de drague ferait plaisir tout de même. Quelques sous-entendus habillement introduits... Non, rien de tout ça.

Peut être que je ne lui plais pas, que je ne lui plais plus...

 

Il se fait tard, il prend ma veste pour m'aider à l'enfiler, puis se faufile dans la sienne. Il me demande où je suis garée et me raccompagne à ma voiture.

 

J'espère intimement qu'il tentera un baiser, juste un petit baiser. Je semblerai offusquer mais le lui rendrait quand même.

Il ne se passe rien.

Il ne franchit même pas le point de non retour. Point que je serais prête à franchir pour lui offrir mes lèvres. Je me rassure en me disant que c'est une question de respect. Oui, c'est sûrement ça.

 

J'entre dans ma voiture, le regarde une dernière fois et pars.

 

Chez moi, je me pose des milliers de questions à coup de "pourquoi", "comment", "est-ce que"... Toutes sans réponse !

 

Dimanche, je décide de prendre l'air, je vais me balader et mettre de l'ordre dans ma tête.

Je marche longuement, les yeux dans le vague.

Je suis subitement interrompue par quelqu'un qui m'appelle... Surprise, c'est Maxime. Je souris et lui fais signe de la main. Il me rejoint.

 

Nous bavardons quelques minutes de la soirée d'hier.

Il me dit ensuite qu'il a rendez-vous dans ce parc avec quelqu'un qui devrait arriver sous peu.

Le crève-la-dalle ! J'ai compris son petit manège. Il fixe des rendez-vous à des tas de nanas et fait en sorte de compter pour chacune d'elles. Ensuite il n'aura qu'à choisir avec qui il passera telle ou telle soirée...

 

Je sens la colère montée en moi, je perds peu à peu le sourire... Il ne s'aperçoit pas de mon changement d'humeur. J'ai bien l'intention de lui expliquer mon point de vue. C'est à ce moment qu'il interpelle quelqu'un au loin. Je me retourne, prête à pester après cette nana sûrement blonde, grande, élancée... Un mec ! C'est un mec... Il a rendez-vous avec un copain ! Consolation. Heureusement que je ne me suis pas emportée. Son ami nous rejoint rapidement.

 

C'est à cet instant précis que tous mes rêves de mariage, d'enfant, de dispute, de fêtes de famille s'écroulent. En l'espace d'une seconde, une seule, j'ai fais une croix sur Maxime. J'aurais dû m'en douter, ses compliments sur ma coiffure, sur ma manucure, un alcool léger, pas un soupçon de drague... Son ami, arrivé à notre niveau, au lieu de serrer la main de Maxime comme des potes, s'avance vers lui et dépose sur ses lèvres un tendre baiser. Je sens mes yeux se remplirent d'eau... Il ne faut pas que je pleure... Mais, il faut que j'accepte cette idée que Maxime ne fera jamais partie du scénario "famille" que j'avais envisagé dans ses bras...

J'aurais dû m'en douter...

 

 

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Style : Nouvelle | Par ptiteouarda | Voir tous ses textes | Visite : 782

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Commentaires :

pseudo : ptiteouarda

Merci pour vos commentaires, c'est trés encourageant... merci d'avoir pris le temps de me lire...

pseudo : Claudie Becques

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte, même si j'en pressentais l'issue... Eh, oui c'est souvent le cas avec les beaux mecs ! Amicalement.CB

pseudo : Chris

J'ai beaucoup aimé ton texte et je ne m'attendais pas à cette fin. Le scénario du début me rappelle tout ce qui m'est arrivé en 2008 et qui transformé ma vie.

pseudo : volatile

Très bien écrit, ce texte. Je ne lis que trés peu les longs textes, mais je voulais connaitre la fin de celui-ci. Il reste donc au bout du compte des souvenirs, un regret et surtout un ami retrouvé.

pseudo : PHIL

QUELLE FIN.CHOUETTE