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A N G E (suite et fin) par tehel

A N G E (suite et fin)

./..

 Il engagea la voiture dans le colimaçon.

 - «Ca date pas d'hier ce morceau» dit Terry à l'adresse de Ange, tandis qu'à la radio passait un vieux concert de Madonna qui chantait "La Isla Bonita".

 "Full" disait le panneau électronique du moins un.

 Terry braqua et continua la descente.

- «Ca fait combien d'étages ici?» s'embla s'inquiéter Ange.

- «Huit, enfin je crois»

 "Full" disait également l'écriteau du moins deux.

L'homme s'engagea dans la rampe suivante.

- «Huit étage? T'en es certain?»

- «Huit ou neuf, je ne sais pas exactement, je ne suis jamais allé jusque tout en bas!»

 Le moins trois était également complet.

 Terry poursuivit la descente. A la radio, Madonna sembla s'égosiller et ses paroles devinrent hachées, inaudibles. A cette profondeur, avec la masse de béton armé au-dessus, les ondes radios ne passaient plus correctement.

 "Full" indiquait encore le panneau au moins quatre.

- «Si tu faisais le tour du parking, il se pourrait qu'une place soit ...»

- «Ne rêve pas trop mon amour!»

 Et il avait continué. Un nauséeux tournis l'incommodait déjà.

 Le moins cinq était complet, ainsi que le moins six.

 En constatant qu'au moins sept s'tait toujours "full", Terry stoppa la voiture. Il avait réellement la tête qui lui tournait désagréablement.

- «À force de tourner ainsi j'ai réellement envie de vomir!» lâcha-t-il en repassant la première et, malgré lui, en se remettant ou route.

 Ange n'avait pas répondu.

 Au moins huit, l'écriteau indiquait 181 FREE. Enfin !

- «je ne pense pas qu'il y avait moyen d'aller plus bas!» souffla l'homme. Son pied, soudain, avait écrasé la pédale de frein et la voiture avait stoppé en hoquetant et le moteur avait callé.

 - «Ange?»

- «Ange, qu'est-ce que tu as?»

La fille n'avait plus bougé d'un millimètre. Comme figée, elle fixait le pare-brise, immobile, hypnotisée.

- «Ange, répond-moi!» il l'avait secouée par l'épaule, la femme avait à peine remué sous ses brusques mouvements, comme si elle avait été soudée au siège de la voiture, elle n'avait même pas sourcillé.

 Un malaise!

 Elle devait probablement faire un malaise. Alors il tourna le contact, fit vrombir le moteur et crisser les pneus en poussant sur l'accélérateur. Il était alors entré dans l'autre rampe, celle en direction de la surface, en sens inverse cette fois, il avait remonté, à toute vitesse, les étages.

 Moins sept.

- «Ange, je t'en prie, Ange?»

 Moins six.

Terry accéléra encore, il fallait remonter vite, prendre l'air.

 Moins cinq.

 Soudain, Ange avait sursauté; comme si subitement elle s'était réveillée.

- «Je ... - elle balbutia - pardonne-moi, j'ai ... déconnecté ...»

 Moins quatre.

- «Ca va? tu te sens mieux là?»

- «Oui, ça va mieux, je vais bien, rassure-toi, je ne sais pas ce qui c'est passé!»

 Moins trois.

La radio, muette jusque là, se remit à fonctionner, cette fois, Madonna gazouillait sur "Like a prayer".

 ...

 

  1. L'infirmerie - seconde

 

Terry rouvrit les yeux.

 

Il n'avait pas dormi, il avait juste voyagé dans le temps, dans ses souvenirs.

 Ses doigts qui serraient toujours le magasine l'ouvrirent au hasard des pages.

 

Les           AMOURS

NOUVEAUX

Des  GENERATIONS

EIDETIQUES

Tout ce que vous devez savoir sur la future grande émission de la UNE !

(en partenariat avec la MYFP)

 

La MYFP? Cette agence qui lui avait fait rencontrer Ange!?!

 Il relut ce titre imprimé d'une manière phatique au centre d'une double page, aligné à droite. Il allait de nouveau tourner la page au hasard quand il s'arrêta net pour relire une fois encore ce titre accrocheur. Ces quatre Lettres majuscules-là n'étaient pas le fruit du hasard !

 Cette fois ou le sort lui jouait des tours ou il était sur la bonne piste!

 On l'avait piégé !

 Ange l'avait piégé.

 Tout le monde l'avait piégé!

 Il ignorait encore de quoi il en retournait exactement, mais plusieurs indices étaient à présent flagrants.

 Ange n'était pas morte, ça n'était pas possible, on ne meurt pas en dormant, et surtout pas à 30 ans, de plus les photos de Flannery - Terry avait vérifié - ne comportaient strictement aucune trace de sang, or, le corps exhibé avait été ouvert, amputé et partiellement disséqué, même en mode "sépia", le sang prend une coloration gris-noir foncé. Terry conclut qu'il s'agissait soit d'un montage grotesque, soit d'un mannequin factice assez grossier. Les radios de Ange ne lui appartenaient sans doute pas ou avaient été truquées, Frank avait indirectement insinué une arnaque du genre et puis, il y avait eu cette altercation avec ces trois crapules au night shop, à croire que Ange portait une caméra et une oreillette ... voilà, il avait trouvé, Ange portait une caméra cachée ainsi qu'une oreillette, c'était une actrice et tout ce qu'il arrivait n'était que pur cinéma ou feuilleton basé sur un scénario dont il était victime, du moins l'espérait-il toujours et encore.

 Et puis, il s'était souvenu des miroirs. À quelle époque remontaient-ils? Terry ne pouvait plus - avec précisions - s'en souvenir mais l'obsession de Ange pour les miroirs avait très vite crû crescendo

 

  1. Les miroirs

 

À quelle époque cela remontait-il? Avec précision, Terry ne pouvait plus s'en souvenir, mais c'était eu de temps après la que Ange vint s'installer chez lui. Cette obsession de la fille pour les miroirs avait très vite commencé pour aller crescendo.

 Un soir, après qu'ils eurent fait l'amour, elle lui avait susurré: - «Tu sais, ce qui serait génial?»; - «Non?» avait-il répondu exténué et rassasié. - «Que l'on accroche des miroirs au plafond afin que l'on puisse se regarder en faisant l'amour !»; - «Si tu veux mon amour!» avait répondu Terry qui trouvait l'idée un peu saugrenue, mais qui pouvait pimenter davantage encore leurs ébats.

 Le lendemain, ils avaient collé au plafond des dalles caoutchoutées munies de miroirs de manière à créer une espèce de plafond réfléchissant. Dedans, on pouvait admirer le lit conjugal dans son entièreté.

 

Dans les semaines qui avaient suivi, ce fut la salle de bains qui fut, )à son tour, équipée de trois miroirs oblongs et bombés dans lesquels il était possible de voir les moindre recoins et reflets de toute la pièce, ensuite ce fut au tour du living (pour lui donner une impression de grandeur supplémentaire avait prétexté Ange) de voir ses murs ornementés de glaces où il était quasi impossible d'échapper à sa propre image une fois à l'intérieur, la cuisine suivit avec ses son unique miroir placé de manière à refléter dans l'espace tout entier via les miroir voisins.

 Aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir, jamais Terry n'avait remarqué quoique ce soit d'étranger sur Ange, ni une caméra ni une oreillette. L'homme l'avait tant de fois regardée, observée, voire admirée, sous tous les angles possibles et imaginables, dans les moindres détails et jamais encore il 'n'avait remarqué quelque chose d'anormal, comme une oreillette ou une caméra.

 Une nouvelle fois, toutes ses suppositions et tous ses a priori furent anéantis.

 

Chapitre trois

 

  1. Les révélations

 

Terry avait dormi si profondément qu'il n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, mais il s'était si bien reposé qu'il était réellement serein. C'est à ce moment-là qu'il remarqua les gens qui l'entouraient. Deux imposants vigiles en uniforme, un médecin en bouse blanche, deux infirmières et puis il y avait aussi cette femme qu'on lui avait présentée sous le nom de Sofia Topulos.

 - «Comment vous sentez-vous ce matin Monsieur Grant?»

- «Comme quelqu'un qui viendrait d'une autre planète, je ne comprends toujours pas ce que je fais ici ni ce que vous me voulez ni ce qu'est devenue ma femme» Terry avait parlé d'une traite, avec une lucidité surprenante et le ton de sa voix avait bien failli décontenancer son interlocutrice.

- «L'heure des explications est venue, effectivement, Monsieur Grant, le jour est venu de vous révéler certaines choses que vous devez savoir. D'avance, je vous préviens que vous risquez d'être fortement surpris et sans doute déçu, fort probablement allez-vous être choqué, d'où la présence de notre équipe médicale qui est là pour vous aider. Nous allons commencer par une petite visite rapide de notre laboratoire. Vu votre état de santé et votre mobilité réduite, nous avons amené un fauteuil roulant dans lequel je vous invite à prendre place», Sofia Topulos avait répété son texte qu'elle avait mémorisé par cœur, comme un scénario qu'elle écrit elle-même.

 

On aida Terry à s'asseoir dans la chaise roulante, une infirmière à la carrure masculine le poussa, tandis que les vigiles escortèrent la petite troupe. L'un d'entre eux deux donnait des instructions par radio )à ce qui devait correspondre au centre de surveillance et au fur et à mesure de leur progression, les portes sécurisées s'ouvrirent pour les laisser passer.

 Ils pénétrèrent dans le labo.

 - «Ce que vous allez voir va sans aucun doute vous interpeller en bien des points, Monsieur Grant, si vous ne vous sentez pas bien, dite-le, notre médecin vous aidera. Je vous informe d'ores et déjà que deux experts psychiatriques ont été désignés pour vous prendre en charge et vous apporter le support et le soutien psychologique requis et nécessaire», Sofia Topulos continuait de réciter sa leçon.

 Terry ne comprenait toujours rien cependant un sentiment d'angoisse l'envahit inexorablement.

 - «Voilà, c'est ici, Monsieur Grant, nous vous demanderons de rester calme et de garder votre sang froid; je tâcherai de vous donner un maximum d'informations et vous prierai de bien écouter. Surtout, tenez bien compte de tout ce que je vais vous raconter».

 La double porte battante s'ouvrit pour laisser entrer.

 

Terry connaissait ces lieux, il n'y avait jamais mis les pieds, mais il reconnaissait l'endroit: c'est là que Flannery avait pris ses satanées photographies avec son portable!

 Un tas d'appareils étaient connectés et paraissaient fonctionner; sur un pan de mur complet, Terry identifia une rangée complète de puissants processeurs dont les énormes bobines tournaient sans cesse; plus loin, des dizaines d'écrans reproduisaient des graphiques savants accompagnés de listes de chiffres incompréhensibles qui défilaient à une vitesse vertigineuse, d'autres écrans ressemblaient à des télévisions où migraient à un rythme soutenu des images inidentifiables. Toute une équipe de personnes - des ombres vues de là - planquées derrière des vitres opaques, travaillaient ardemment en observant les divers écrans et tableaux qu'ils semblaient décoder. Et puis Terry aperçut le cadavre de Ange ... Flannery n'avait donc pas triché!

 Elle était là, étendue et inerte, telle qu'il l'avait vue sur les photos. Lentement, on le poussa vers elle. C'est alors qu'il vit les câbles et les espèces de tuyaux qui pénétraient et ressortaient du cerveau de la jeune femme qui avait été scalpée. En s'approchant davantage, Terry remarqua que le ventre dépecé de Ange ne laissait pas entrevoir des viscères comme on aurait pu s'y attendre, mais entre les travers métalliques et synthétiques de couleur argentée qui sculptaient les abdominaux de la jeune femme, il distingua nettement un tas de circuits imprimés, de fils électriques et de diodes multicolores entremêlés de petits câbles et cordons isolés ainsi qu'un tas d'autres mécanismes à rouages et engrenages confusément imbriqués dans un systèmes compliqué de pistons miniatures. Le bras gauche de Ange - amputé - portait en son extrémité une espèce de vérin terminé par une boule dont l'alvéole creusée dans l'aisselle semblait être le moule parfait.

 - «Voici Ange - dit Sofia Topulos en désignant le cadavre d'un geste majestueux mal placé - pas la femme avec qui vous avez partagé 30 mois de votre vie, mais le droïde conçu à cette fin».

Terry déglutit.

- «Un robot!»

- «Un androïde, une machine ultra sophistiquée, partiellement autonome et télécommandée par plus de 130 techniciens, électroniciens et programmeurs!» rectifia la femme fièrement.

- «Vous m'avez baisé avec un robot ... une machine!» il tenta de se lever rageusement de sa chaise roulante, mais de puissantes mains - celles des vigiles sur leurs gardes - le firent se rasseoir aussi vite.

- «Notre Ange, Monsieur Grant, a été conçue par les plus éminents spécialistes de la robotique et de la nanotechnologie, plus de deux années de travail ont été requises, ainsi qu'un investissement financier de près d'un milliard d'euros!»

- «J'ai aimé une machine ...!?!» Terry semblait ne plus rien écouter et se parlait à lui-même.

- «Allons-y!» commanda Sofia Topulos.

 Et on l'emmena dans une grande salle adjacente.

- «29 pupitreurs, tous de grands spécialistes des réflexes et comportements humains, de la locomotion et de la rééducation étaient aux commandes connexes de Ange», Sofia Topulos désigna les deux derniers rangs de ce qui ressemblait à un hémicycle où trônaient des centaines d'écrans, de claviers et de commandes, une sorte de base de lancement pour missile secret.

- «Là - poursuivit la femme - vingt personnes étaient chargées de l'audition et de la parole, chaque mot, chaque phrase, le moindre geste de Ange, étaient parfaitement étudiés, rectifiés et communiqués à notre droïde avec une précision inégalable. Là, vous voyez le centre névralgique - celui qui nous intéresse le plus - c'est là que œuvraient les personnes chargées de prendre, récolter, trier et monter les images filmées par Ange. Chacun de ses yeux était muni d'un double système de caméra à multi facettes, dont une série d'infrarouges pour les prises de vues nocturnes, la moindre seconde de votre vie en communauté a été filmée, transmise ici et ensuite enregistrée, sauvegardée et répertoriée. Sauf, je vous l'accorde si vous vous en souvenez, le malheureux épisode de votre expédition dans le parking souterrain du Centre commercial durant lequel nous avons totalement perdu la liaison avec Ange durant plusieurs minutes. Plus haut - cette fois la femme désigna les gradins du dessus - vous pouvez voir la cellule qui permettait à Ange de connaître, à une fraction de seconde près - toutes les réponses aux questions que vous pouviez lui poser, nos plus précieux savants, génies intellectuels et nos chercheurs du Web étaient là pour communiquer à Ange le résultat de leurs connaissances ou de leurs recherches instantanées. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a été possible d'éviter le drame et ensuite de procéder à l'arrestation des trois malfrats qui avaient braqué le night shop de votre quartier. Là-haut, quatre sexologues et autant de techniciens programmeurs ont travaillé quasi chaque nuits pour satisfaire votre appétit sexuel - parce qu'en plus (la femme avait croisé les bras sur sa poitrine et l'avait regardé stupidement d'un air de demoiselle d'école qui réprimande un élève espiègle) il nous a fallu modifier l'endosquelette de notre droïde, ses capacités de mouvements, les pompes pneumatiques à spseudosecrétions et le mini incinérateurs à combustion interne non polluante pour que vous puissiez réellement avoir l'impression d'être en présence d'un être humain!

Elle marqua une courte pause.

 - «Mais pourquoi?, Pourquoi m'avez-vous fait cela?» implora Terry.

- «Le feuilleton, Monsieur Grant! La nouvelle émission de la UNE, Les Amours nouveaux des générations Eidétiques - ANGE en raccourci, dont vous êtes la vedette, avec Ange, notre droïde!»

- «Parce que vous vous imaginez que je vais jouer le jeu!?!» Terry avait hurlé.

- «Monsieur Grant, souvenez-vous, vous avez signé! Vous nous avez donné votre accord écrit le jour de votre rencontre avec Ange. Nos plus grands juristes et avocats ont élaboré les termes de votre contrat, il ne s'y trouve aucune faille exploitable, je vous le garantis!»

 Au plus profond de l'impasse et du désespoir, Terry lâcha: - «qu'est-ce que je vais devenir maintenant?»

- «Une grande vedette, une légende, une icône de la téléréalité Monsieur Grant. Les foules vont vous idolâtrer et vous déifier. Vous serez, d'ici quelques jours, une star du petit écran, une personnalité que toute une génération vénèrera. De plus - Sofia Topulos se frotta les mains - pour vous dédommager des petits inconvénients connexes, et en provision de vos futures prestations de promotion télévisuelle, nous avons crédité votre compte en banque de la coquette somme de trois millions d'euros.

 Le monde s'était écroulé. Le goût de la vie avait subitement viré à l'amer. Terry pleurait en silence. Mais Sofia Topulos continua à le briefer. Brièvement elle expliqua encore que l'autonomie du cœur à protons de Ange avait été surestimée à 36 mois et que malheureusement la durée de vie du droîde avait été plus courte, la femme lui expliqua encore en détails les frais qu'avaient engendré les épisodes malheureux du portail de l'aérogare, la fausse alerte à la bombe, les pots de vin à verser, les radios à contrefaire, les contrôles à détourner. Ensuite, elle lui précisa encore toute l'importance de la confidentialité et l'interdiction formelle de divulguer, publier, anticiper ou vendre des informations. Enfin, elle lui expliqua que le feuilleton de téléréalité allait être une quotidienne diffusée aux heures d'affluence et de grande écoute.

 

Fourbu et terrassé par le chagrin, Terry Grant fut reconduit dans sa chambre à l'infirmerie. Sofia Topulos fit descendre le niveau d'alerte à la couleur orange et donna des instructions à la sécurité en conséquence. Le lendemain soir, la première diffusion du feuilleton A.N.G.E. allait avoir lieu.

 Cette nuit-là, cependant, Terry fit une dernière expédition au secrétariat. Muni de ces effets personnels qu'on lui avait restitué - un unique portefeuille et un trousseau de clés - il prit place derrière le bureau et sortit sa carte bancaire.

 Quelques clics, un code, et, effectivement, il lut le nombre: +3.000.01089 euros au solde de son compte bancaire. Il fit ensuite quelques recherches fructueuses sur le net et ensuite, il décrocha le téléphone pour appeler son ami Frank.

 - «Frank?»

- »Je suis désolé, Terry, je n'ai pas eu le choix, c'était ça ou perdre mon boulot!» s'était d'office excusé l'homme qui avait été contraint de lui mentir au sujet des radiographies.

- «Laisse tomber. Dis-moi, tu te souviens de ton projet de club de pêche au Comores dont tu m'avais parlé?»

- «Oh oui, c'était si on avait eu la chance de remporter la super cagnotte de l'Euromillion» avait répondu l'homme avec nostalgie.

- «Il est à toi ce club, Frank» et Terry cliqua sur la case "YES" pour qu'aussitôt 2.900.000 euros soient versés au compte de Frank Doherty.

- «Qu'est-ce que tu racontes? Terry? Terry?» Terry avait raccroché.

 L'instant d'après, le vigile de faction qui s'était assoupi, sursauta. Dans la pièce voisine, une vitre venait de voler en éclats. Quand il pénétra dans l'infirmerie, il constata que la fenêtre avait été explosée, on y avait jeté violemment un fauteuil roulant qui était stupidement resté accroché aux stores brinquebalants.

 Personne en bas. Sept mètres. Le blessé avait sauté de sept mètres de haut s'était volatilisé...

 Les recherches effectuées pour retrouver Terry Grant furent vaines. La piste qui mena les détectives privés chez Frank Doherty fut bien vite abandonnée lorsque celui-ci, à son tour, disparut dans la nature après avoir démissionné de son poste de responsable de la sécurité de l'aéroport.

 L'émission, Les amours nouveaux des Générations Eidétiques, fut un énormes succès qui battit tous les records d'audience et d'audimat. Terry Grant et Ange Watts devinrent les idoles de maintes générations, ils furent élus couple de l'année et devinrent de véritables sexes symboles adulés par des meutes entières de fans.

 Malgré lui, Terry Grant entra dans la légende de l'audiovisuel. 

 

  1. Épilogue

 

Sous un soleil de plomb, tandis que son ami Frank (qui s'appelait à présent Franco) accostait en douceur, Terry (qui avait troqué son identité pour Django) descendit du bateau pour attacher l'amarre.

- «L'apewo est pwêt patwons» baragouina un noir derrière le bar de la plage.

- «Nous arrivons!» répondit Terry, méconnaissable. Il avait laissé pousser sa barbe et ses cheveux, il avait un peu grossi et avait la peau bronzée comme celle de tous les gens qui résident là-bas.

 

Les deux amis trinquèrent à l'amitié, comme ils le faisaient tous les midis depuis près de 24 mois. Franco adressa un petit coup de coude à Terry en lui désignant du menton une jeune femme allongée sur le sable fin où elle bronzait, une revue "people" en éventail sur le visage. En couverture du magasine, on pouvait voir le portrait idyllique de Ange et Terry qui s'enlaçaient. Frank fit un clin d'oeil à Terry qui lui sourit en guise de réponse.

 - «J'ai apporté des photos, Mec, tu veux les voir?» dit à l'homme assoupi aux côtés de la jeune femme un autre type fagoté de guenilles malpropres qui déambulait de parasols en parasols en tentant de revendre illicitement des photos à caractère pronographique.

- «Encow lui jé v&e

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