Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

ANGE (suite) par tehel

ANGE (suite)

...

 

 

Le lendemain, tout le monde - sauf la serveuse en arrêt de travail - prit des nouvelles de son poignet auprès de Ange, Terry voulut voir ce qu'il en était de ses blessures, mais le bandage qui pansait la plaie l'en empêcha. Les rendez-vous s'égrainèrent, de puissantes étreintes furent échangées et partagées et le pansement finit par disparaître pour ne laisser aucune trace de l'incident.

 

Acculé au fond de son espèce de geôle, Terry se souvint encore...

 

- «Vous avez eu plus de chance que moi, je vous demande encore de bien vouloir m'excuser» avait dit tout bas la serveuse en arborant trois doigts violacés, à jamais marqués par des brulures profondes. «Ce n'est rien, n'y pensez plus, j'ai eu beaucoup de chance» avait conclu Ange qui portait ce jour là un magnifique t‑shirt qui laissait voir la peau ambrée et somptueuse de ses bras fermes et parfaits.

 

Comment était-il passé à côté de ça ! lui répétait la petite voix interne qui lui parlait depuis plusieurs jours, comme tapie au fond de sa mémoire.

 

  1. LA UNE ou LA 1

 

L'avant-projet

 

À la fin de la première décennie du 21èm siècle, les émissions télévisées qui cartonnaient étaient celles dites de télé-réalité. Différents concepts avaient été exploités dont certains avaient perduré durant plusieurs années. Depuis lors, même si la surenchère dans l'audace, le voyeurisme et la pornographie soft avait fait recette, les chiffres de l'audimat prouvaient que de plus en plus de téléspectateurs se désintéressaient de ce genre d'émissions et c'est sur la base d'une enquête à l'échelle européenne, que Sofia Topulos avait tout d'abord lancé la MYFP - les gens de la rue, Monsieur et Madame "Toulemonde" - aspiraient davantage à des contes de fée plutôt qu'à l'étalage sordide de scènes de ménage, de disputes ou d'historiques tirées en longueur au sujet de gens inintéressants.

 

Instigatrice de "Meet Your Future Partner" (Découvrez votre futur(e) partenaire en français), la jeune journaliste avait voulu composer à nouveau avec les sentiments profonds et les histoires d'Amour, avec un A majuscule afin de sensibiliser les masses et renouer avec une série de bons sentiments d'antan.

 

Le vif succès de la MYFP ne passa pas inaperçu pour les Administrateurs et investisseurs de la Une, et bien vite, Sofia Topulos fut contactée par la plus puissante chaine de télévision européenne qui l'engagea avec à la clé un contrat en béton que nul n'aurait pu refuser, une liberté de manœuvre élargie à l'extrême et des moyens financiers dépassant les limites de l'imaginable. De surcroît, et pour la toute première fois au monde, devançant les États-Unis mais aussi et surtout les pays d'Asie, la Une s'assura les soutiens technique et logistique du CERN, nouveau partenaire financier de la UNE.

 

36 mois, c'est la période préparatoire qui avait été délimitée à Sofia Topulos pour qu'elle développe et concrétise un nouveau concept télévisuel. 36 mois, c'est le temps qui lui fallu pour créer la plus fabuleuse quotidienne du Prime Time de l'audiovisuel: "Les Amours nouveaux des générations eidétiques".

 

Au loin, tandis que Terry écartait les persiennes pour apercevoir les feux bleus des véhicules qui venaient d'arriver au bas de son immeuble, trop paniqué par l'état de sa douce compagne inanimée, il ne remarqua pas la toute première publicité holographique projetée depuis le puissant complexe de la Une.

 

Crevant les gros nuages lourds, bas et opaques, les 4 lettres de l'acronyme de la future émission: "Les Amours nouveaux des générations eidétiques" défloraient un ciel obscur telle une plaie béante déchirant l'espace infini jusque là paisible.


Le projet - 1

 

Sofia était debout, au centre de l'espèce d'hémisphère formée par la gigantesque table circulaire du Conseil d'entreprise de la UNE.

 

Tout autour d'elle, ses collaborateurs la soutenaient du regard, tandis qu'en face, tels des juges, les Administrateurs supervisés par le PDG en personne, l'écoutaient avec attention.

 

Deux milliards d'euros, c'était ce qu'avait coûté son projet, l'émission "Les Amours nouveaux des générations eidétiques" et jusque là tout ce qu'avait bien pu expliquer la femme n'avait guère convaincu grand monde.

 

- «Madame, deux milliard d'euros pour nous resservir la farce guignolesque du travesti ou du transsexuel, vous me décevez et vous vous moquez littéralement de mes collègues!» avait vociféré le PDG en frappant violemment du poing sur la table.

 

- «Monsieur le président, messieurs les censeurs, en aucun cas je ne vous ai entretenu au sujet de travesti ou de transsexuel, vous ne m'avez pas bien suivie, aussi, et pour conclure avant davantage d'explications pratiques et technologiques, permettez-moi de vous présenter quelqu'un qui va vous épater et calmer vos ardeurs», sans perdre ses moyens, elle avait fait un petit signe de la tête à un type en tablier blanc en retrait et la double porte antibruit du fond s'était ouverte pour laisser entrer un épais nuage fumigène, pur effet d'optique et artificiel qui faisait partie intégrante de l'énorme show qui allait débuter incessamment.

 

Une silhouette s'était avancée. Il s'agissait d'une femme, il n'y avait aucun doute, uniquement vêtue d'un voile blanc transparent qui s'arrêtait à hauteur du sexe, la poitrine en avant, le regard droit, arborant un sourire béat harmonieusement assorti à sa bouche pulpeuse, la jeune femme avait défilé autour de la table en exhibant les courbes parfaites de son corps de rêve.

 

- «Je vous présente mademoiselle WATTS, ANGE WATTS» tonitrua Sofia Topulos triomphante. L'assemblée, dans son entièreté, se mit à applaudir la somptueuse créature qui les remerciait en approuvant de signes de la tête.

 

À l'arrière, une triple paroi disparut dans des interstices invisibles, une nouvelle fois, un épais nuage de fumigènes s'échappa de l'espèce du podium intelligemment éclairé par le bas et que l'on pouvait à peine distinguer, et trois autres silhouettes, des ombres peu distinctes, se détachèrent peu à peu sous le regard ébahi de l'assistance toute entière.

 

Ce soir-là, après maintes explications techniques et juridiques, Sofia Topulos eut l'aval du Comité de direction de la UNE, l'opération grandiose "Les Amours nouveaux des générations eidétiques" pouvait débuter à la date convenue.

 

...

 

  1. La première fois - prologue

 

- «Et si demain on se voyait chez moi?», cette fois il avait osé, il s'était lancé. Mille fois Terry s'était répété la scène pour ne pas lui déplaire, ne pas l'offusquer ni la brusquer.

- «Demain? mmm - elle avait réfléchi sans s'arrêter de sourire - pas possible, mais nous dirons que le prochain weekend nous le passerons ensemble!» et elle lui avait serré la main très fort lui faisant comprendre qu'elle partageait ses envies.

 

Pourquoi pas ce soir ou demain avait songé Terry, mais le weekend suivant le satisfaisait amplement et soudain il se sentit au comble du bonheur. Et dire que quelques semaines plus tôt il n'aurait même pas osé imaginer pouvoir discuter avec une fille aussi splendide, aussi intelligente, aussi parfaite, là, il croyait rêver.

 

- «Demain cela ne me convient pas car je dois m'absenter pour trois jours - une petite intervention chirurgicale, rien de grave, mais samedi je te promets que je viens te rejoindre chez toi, ton adresse est toujours bien celle que tu m'as renseignée?» avait-elle mitraillé d'une traite.

 

- «Tu dois te faire opérer? De quoi? Dans quel hôpital? Tu veux que je t'accompagnes?» Terry se mit à paniquer.

 

- «Non, te dérange pas, ce n'est pas la peine, ce n'est pas important, c'est ... ‑ elle apposa son index sur les lèvres de l'homme comme si elle voulait qu'il se taise ‑ c'est un secret de femme, tu peux comprendre ça je suppose, mais ne t'inquiète pas, lorsque vendredi tu rentreras du travail, je serai en bas de chez toi, à t'attendre».

 

- «Qui est le médecin qui va t'opérer?»

- «Tu es incorrigible, je viens de t'expliquer que je préfère ne pas t'en dire plus pour l'instant, disons que je vais voir mon spécialiste et que je vais juste subir un petit entretien routinier».

 

Terry ne comprenait pas vraiment tout, mais il s'avait qu'il n'y avait rien d'autre à ajouter, qu'il lui fallait simplement être patient et s'en tenir - momentanément - à ce que la jeune femme lui disait.

 

 


  1. COMEBACK - 2

 

 

- «ANGE !»

 

- «AAAAANGE-EU !»

 

Terry n'avait cessé de hurler depuis qu'on l'avait enfermé là.

 

Où était-il? Que s'était-il passé? Qu'était devenue Ange? Autant de questions qui restaient sans réponse.

 

Il entendit le bruit d'une serrure. Une porte s'ouvrit en grinçant et des pas s'approchèrent de sa couchette - il avait été étendu, les mains dans le dos maintenues par une espèce de lien métallique qui lui serrait les pouces - et puis une voix monocorde, pour la première fois depuis que ces urgentistes avaient pénétré chez lui, s'adressa à lui.

 

- «Il ne sert à rien de hurler, personne ne peut vous entendre, calmez-vous, tout ira bien»

 

- «AAAAANGE-EU !» reprit Terry en tentant en vain de se relever.

 

- «Mademoiselle Watts s'est éteinte la nuit dernière à 02h50».

 

Les pas repartirent à contresens et la porte se referma sur un bruit de penne.

 

- «AAAAANGE-EU !»

 

- «AAAAANGE-EU !»

 

- «AAAAANGE-EU !» Terry crut mourir de chagrin et ne put retenir ses larmes. Une goutte de sang perla sur ses lèvres qu'il mordillait furieusement tant la douleur était forte.

 

Soudain il ressentit une étrange chaleur dans son avant-bras droit. Le monde, à nouveau, bascula. Le cathéter lâcha automatiquement le somnifère puissant qui allait le plonger dans un état de somnolence aiguë.

 

  1. La première fois - Second incident

 

Ce soir-là, Terry se dépêcha de rentrer chez lui. Trois jours qu'il n'avait plus eu de nouvelles de Ange, trois jours que le portable de la jeune femme ressassait la même litanie ...

 

Il lui avait laissé ... quarante, voire cinquante messages, en vain, la jeune femme ne l'avait pas rappelé. Alors, inquiet, il s'était mis en quête d'appeler tous les hôpitaux de la région.

 

- «Désolée Monsieur, nous n'avons pas de patiente du nom de Ange Watts», comme un chœur entraîné, les standardistes lui répondirent toutes la même chose. Ange était introuvable. Était-elle toujours hospitalisée? Lui était-il arrivé un malheur? Avait-elle prétexté cette soi-disant opération pour lui échapper? Terry ne savait plus quoi penser.

 

Alors, il avait terminé une heure plus tôt, il avait pris le métro souterrain et avait couru jusqu'à son immeuble, espérant vivement y trouver Ange ou alors pouvoir l'attendre sur le seuil de la double porte cochère.

 

Comme il tournait l'angle de la rue, il vit une énorme limousine s'arrêter en face de son domicile, une portière s'ouvrit et une paire de jambes inouïes s'en extirpa.

 

- «ANGE!» il se mit à courir plus vite encore, la jeune femme était là, fidèle au rendez-vous, légèrement en avance, elle avait tenu parole.

 

A peine surprise, elle le vit se précipiter vers elle, elle l'accueillit les bras ouverts et lui rendit ses baisers fougueux sous le regard amusé des passants. Simultanément, la limousine démarra sur les chapeaux de roue.

 

- «Qui est-ce?» ne put s'empêcher de demander l'homme en lorgnant du coin de l'œil la luxueuse voiture s'éloigner rapidement.

 

- «Des amis, je te les présenterai bientôt mon amour» et elle l'embrassa une nouvelle fois comme pour l'empêcher d'en rajouter davantage. - «Tu m'invite à entrer ou on reste ici?». Ils éclatèrent de rire et main dans la main, ils franchirent le portillon.

 

Quatre pièces qui se résumaient en un living room, une cuisine, une salle de bains et une chambre à coucher. Le tour du propriétaire avait été bouclé en l'espace de quelques secondes. Terry avait débarrassé la jeune femme, l'avait priée de s'installer et il lui avait servi un double whisky sur glace - c'était tout ce qu'il possédait en matière d'apéritif.

 

- «Je ne bois pas d'alcool, tu le sais bien mon amour. Je suis désolée» elle avait tordu la bouche sur une grimace qui interprétait son désappointement.

 

- «Fais donc une exception pour cette fois, nous avons quelques chose à fêter tout les deux, non?»

 

- «Je ne peux pas boire d'alcool, je me contenterai d'un verre d'eau et nous trinquerons à notre amour, d'accord?»

 

Terry avait vidé son verre d'une traite, s'était emparé de celui en face de la jeune femme et, énervé, il s'était levé pour lui servir un verre d'eau plate. - «Je suis désolé, je n'ai pas prévu de thé» lança-t-il depuis la cuisine.

 

- «Ne t'inquiète pas, un verre d'eau me conviendra tout aussi bien».

 

- «J'ai appelé tous les hôpitaux des environs, je ne suis pas parvenu à te retrouver, trois jours sans toi, c'est comme la fin du monde!» il l'avait toisée des yeux, s'attendant à une explication.

 

- «C'est top secret mon amour, je t'avais prévenu. Mais c'est pour m'interroger que tu m'as demandé de venir ici?» elle avait décroisé ses jambes et s'était penchée vers lui pour l'embrasser. Terry put nettement distinguer la poitrine ferme et excitée de la jeune femme qui bombait par dessus son décolleté qui ne cachait plus grand chose.

 

Le cœur battant à tout rompre, Terry l'emmena dans la chambre.

 

À peine eut-il tourné le dos que la jeune femme se dévêtit. Elle se tenait à présent debout face à lui, totalement nue, arborant un corps parfait aux courbes sinueuses sublimes et dépourvu de la moindre pilosité. A hauteur des hanches, un léger trait de peau pâle trahissait les séances de banc solaire que la femme avait dû suivre pour exposer une peau uniformément hâlée.

 

Ils firent l'amour.

 

Une toute première fois, conventionnellement. Terry n'avait pu se retenir de la dominer et de s'allonger sur elle pour, sans préliminaires, la pénétrer presqu'immédiatement. Jamais encore il n'avait ressenti de telles sensations avec une femme, jamais encore son sexe ne s'était senti aussi bien à l'intérieur d'une femme.

 

Ils firent l'amour, une seconde fois.

 

La jeune femme n'avait pas laissé son compagnon reprendre son souffle. A peine eut-il éjaculé qu'elle plongea sous les draps pour lui prodiguer la plus sensuelle, la plus délicate et la plus fabuleuse de toutes les fellations qu'il avait pu connaître. Sans tarder, Terry eut une autre érection. Cette fois la jeune femme le chevaucha.

 

Ses seins étaient si durs, si lourds ... Terry n'en revenait pas. Cette fille-là était un véritable canon, une affaire en or...

 

Gourmande, Ange ne s'arrêta pas là, elle insista, et bien que cela lui eut paru impossible, Terry eut à nouveau une érection. La fille qui le surmontait avait des mouvements précis et mécaniques, comme si elle avait fait de l'acte d'amour une discipline, le moindre de ses gestes était parfaitement étudié et tout était pour plaire à l'homme qu'elle rassasiait.

 

Cette fois, elle émit de petits gloussements en haletant, Terry ouvrit les yeux et l'observa. Elle avait, elle aussi, les yeux ouverts et semblait tout observer à la fois. Terry, son visage, le lit défait, le corps de l'homme en sueur, les draps défaits, son corps à elle pris de spasmes mécaniques, les doigts crispés de Terry... Ange semblait enregistrer le moindre détail comme si c'était la toute première fois ou alors la toute dernière.

 

À bout de forces, Terry s'assoupit, il sentit encore la jeune femme venir se blottir dans ses bras et sombra dans un sommeil profond. Le repos du guerrier.

 

Quand il s'était réveillé, une heure ou deux plus tard, Terry n'avait plus trouvé Ange. Le lit était vide. La jeune femme avait disparu. Alors, il s'était levé d'un bond et s'était rhabillé plus vite encore.

 

Sur la table de salon, un petit mot manuscrit disait "je reviens, j'avais envie d'un thé. Je t'aime, Merci pour ces instants inoubliables. Ange".

 

Du thé...

 

Il avait enfilé sa veste. Du thé... il n'y avait qu'un seul magasin à proximité où il était possible de trouver du thé, c'était au Night shop du coin, au bout de la rue.

 

Terry avait couru, pressé de retrouver sa bienaimée, impatient d'être rassuré qu'elle était toujours là. Et il était entré dans le Night shop.

 

Un violent coup de ce qu'il comprit plus tard être une batte de baseball lui perfora l'estomac et il tomba à genoux.

 

- «Fait pas le mariole, reste tranquille il t'arrivera rien!» un type avec une écharpe sur la bouche lui avait causé en le menaçant de sa batte. Au comptoir, un autre malfrat encagoulé braquait une arme à feu vers le vendeur, tandis qu'un troisième tenait en respect Ange et un autre client du bout de la machette qu'il brandissait en les menaçant.

 

- «Fais leur les poches!» dit l'homme au fusil à l'intention du type qui venait de frapper Terry.

 

- «Tout le monde sort son portefeuille, son portable, ses bijoux et que ça saute» hurla-t-il en faisant voler en éclat une étagère de friandises.

 

Ange s'exécuta la première, elle déposé sur le comptoir son portable et son portemonnaie. Terry vida la poche de sa veste et fit glisser son portefeuille sur le sol en direction des voleurs.

 

- «T'attend le dégel Bigleux?» hurla l'homme à la batte en bousculant le gros petit homme à côté de Ange.

 

- «J'ai rien!» meugla-t-il en tremblant. Le type au fusil de chasse lui décocha un fulgurant coup de crosse sur le nez et le sang se mit à gicler par saccades. Le petit homme s'écroula par terre, la tête ensevelie entre ses mains jointes, comme s'il s'était soudain mis à genoux pour prier. Agacé et emporté, le meneur de la bande releva le chien de la double détente de son fusil de chasse et posa sans ménagement le canon de celui-ci sur la tête baissée du pauvre homme.

 

- «Abdel, à ta place j'y réfléchirais!» Ange avait parlé calmement, elle n'avait pas cessé d'arborer une espèce de sourire qui contrastait avec ses yeux qui semblaient tout observer à la fois.

 

- «Poufiasse tu me connais?!?», l'homme avait alors pointé son arme en direction de Ange qui n'avait pas sourcillé. - «On se connait?» l'homme brandissait à présent le canon de l'arme sous le nez de la fille en l'observant de plus près et tâchant de se rappeler d'elle.

 

Calmement, sans défaillir et sans non plus perdre de son élégance ni de son charme, Ange leva doucement la main et délicatement, comme si elle avait pratiqué un exercice de manutention de précision, elle introduisit son pouce et son index dans le canon de l'arme qui remuait près de ses narines et l'écarta d'un geste au ralenti.

 

- «Abdel Khader, 23 ans, connu pour faux, usage de faux, vol à la tire, car‑jacking... mais pas encore pour une attaque à main armée et encore moins pour un meurtre. Ton dernier séjour remonte à quand déjà, Abdel? Tu as bien pris 6 mois non?».

 

Au loin, les sirènes de police retentirent.

 

- «T'as juste le temps de dire à tes potes Jacky et Jamal de partir si t'as pas envie de te faire coffrer à nouveau Abdel» ajouta Ange qui n'avait toujours pas bronché.

 

- «On est grillés les gars, on s'arrache!» et les trois individus s'étaient enfuis. Le temps pour Ange de s'accroupir auprès de Terry toujours sonné par le coup reçu dans l'abdomen, et deux voitures de police s'arrêtaient en face pour laisser en débarquer un escadron tout entier.

 

...

 

Les secours n'avaient pas tardé, l'homme au nez fracassé avait été allongé sur une civière où l'auscultèrent deux infirmiers, deux autres s'étaient affairé autour de Terry qui semblait avoir eu plus peur que mal. Dans le fourgon juste en face, trois inspecteurs interrogeaient Ange tandis qu'un quatrième s'occupait du vendeur.

 

 

  1. La première fois - Epilogue

 

 

Ils rentraient chez Terry, se tenant par l'épaule, mais c'était davantage Ange qui soutenait Terry. -«Allez voir votre médecin traitant et allez passer une radio, vous avez probablement une côte fêlée ou cassée» avait l'infirmier en chef.

 

- «Ô Ange, tu as été si calme ... si fantastique! Tu as été formidable mon amour! Mais d'où tu les connais ces gars-là, toi, une fille aussi bien que toi?»

 

- «Je t'expliquerai plus tard mon cœur, tu ferais mieux de ne pas trop remuer, tu as la 10 côté brisée à la base» avait-elle dit d'un ton affirmatif qui ne laissait place à aucune équivoque. - «Et n'avions-nous pas autre chose à faire que discuter au sujet de ces abrutis?» elle s'était arrêtée, lui avait fait face et lui avait souri comme d'habitude.

 

- «Tu viens de me dire que j'ai une côte cassée et tu voudrais que je te fasses encore l'amour?» il avait souri malgré la douleur sourde dans son ventre.

 

- «Laisse-toi faire, qui t'as parlé de te fatiguer. Je vais te rappeler, sinon t'apprendre, quelques passage du Kâma-Sûtra dont tu me diras des nouvelles» et les deux tourtereaux étaient remontés chez Terry.


Chapitre DEUX

 

Deux mois plus tard

 

- «J'aimerais que tu viennes définitivement habiter chez moi» lança Terry à Ange. Ils étaient étendus sur le lit où un ouragan semblait avoir passé ses humeurs.

 

- Dans quatre jours mon cœur», elle lui avait pris la main et l'avait serrée dans la sienne.

 

- «Quatre jours? Pourquoi quatre jours? J'ai l'impression que tout est planifié avec toi, que rien n'est laissé au hasard, je ne te comprends pas tout le temps très bien!»

 

- «Dans quatre jour, cela fera 101 jours que nous sortons ensemble, la période d'essai était de 100 jours!» sembla-t-elle plaisanter.

 

- «Et mademoiselle est satisfaite de sa période d'essai?»

 

- «HEU-REU-SE ! et comblée. Comme toi, je désire vivre 24 heures sur 24 avec toi, comme toi, je veux être tout le temps avec toi. Ca sera pour dans quatre jours».

 

Elle enjamba son partenaire et une fois de plus ils firent l'amour.

 

 

  1. COMEBACK - 4

 

Depuis combien de temps était-il là? Terry n'en avait aucune idée. Était-ce un jour, deux, trois? Ou plus?

 

L'habituel bruit d'une serrure. Une porte qui s'ouvre bruyamment, des pas qui viennent.

 

- «Monsieur Grant? Monsieur Grant, êtes-vous remis de vos émotions?»

 

 

- «AAAAANGE-EU !»

 

- «AAAAANGE-EU !», Terry recommença sa litanie.

 

- «C'est fini, tout est fini bon Dieu ! À vous entendre vous n'êtes pas près à collaborer».

 

Les pas repartirent, la porte fut refermée.

 

L'univers entier chavira de nouveau. Une autre injection endormit Terry.


  1. "Les Amours nouveaux des générations eidétiques" - saison 1

 

 

La caméra zooma en arrière, juste avant le générique de fin on pouvait voir sur l'écran géant incurvé l'image d'un sourire radieux qui disparaissait en fondu enchaîné pour laisser place à une espèce de petite trappe coulissante dont un coin était moucheté d'un éclat de rouille, ensuite à la phrase: "à suivre ..."

 

On ralluma les spots et toute la salle - 250 privilégiés tenus au secret - se leva applaudit chaleureusement. Certaines âmes plus sensibles, des femmes pour la majorité, s'essuyèrent discrètement les yeux tandis que d'autre simulaient une fausse toux pour cacher leur émotion.

 

- «Et nous en avons près de 17.000 heures!» hurla Sofia Topulos dans le micro qu'elle brandissait comme on brandit un slogan.

 

L'enthousiasme de la foule redoubla et ce fut un PDG satisfait qui lui adressa un clin d'œil complice qui en disait long. Dans ses yeux, à l'instar des antihéros cupides des vieux dessins animés, on aurait cru voir l'image de dollars, d'euros qui tourbillonnaient sur eux-mêmes comme une roulette de jackpot.

 

  1. COMEBACK - 5

 

Le préposé au centre de surveillance avait dû écarter le haut-parleur du téléphone tant la voix dans l'écouteur était perçante et s'exprimait très fort. - «Arrangez-vous, placez-le devant le fait accompli, ne lui dites pas toutes la vérité ni rien de réellement concret qui pourrait le braquer, mais débrouillez-vous, il nous le faut lucide et sur pied pour la fin de la semaine, samedi ça sera le premier épisode!» et sans autre forme de politesse, Sofia Topulos avait raccroché.

 

Les ordres et instructions furent aussi vite transmis, le labo contacté et les plus grands "négociateurs" de la boîte furent aussitôt rappelés.

 

Même si aucun précédent n'existait en la matière, ces hommes-là trouveraient certes les bons mots et les bons termes pour rétablir le contact avec ce Terry Grant.

 

  1. La surprise - Troisième incident

 

Ange et Terry vivaient ensemble depuis plusieurs mois et une harmonie radieuse régnait dans leur couple tant ils étaient amoureux et complémentaires.

 

Ce soir-là, Terry avait discrètement posé une enveloppe oblongue sur l'assiette de sa compagne tandis que celle-ci, qui cuisinait, lui tournait le dos.

 

- «Qu'est-ce que c'est?» dit-elle en déposant sur la table le plat fumant.

- «Ouvre, tu verras bien ...», Terry était excité à l'idée de lui faire la surprise, depuis le temps qu'il y travaillait dans l'ombre.

 

De l'ongle acéré de son auriculaire, elle découpa le papier scellé et elle en sortit les billets.

 

- «Des billets d'avion?!?»

- «Deux semaines au soleil à Sharm El Sheikh, rien que nous deux, loin du boulot, loin des tracas» avait-il récité, se souvenant des slogans publicitaires de l'agence où il était allé.

- «Génial ...» dit la femme sans grande conviction et qui ne semblait pas du tout emballée.

- «Mais, ...» elle sembla, pour la toute première fois, chercher ses mots.

- «Mais quoi?» enchaîna Terry qui avait absolument tout prévu en vérifiant les dates dans l'agenda professionnel de sa compagne.

- «Mais ça va être difficile» finit-elle par lâcher maladroitement. - «L'avion et moi ... nous ne faisons pas bon ménage», elle avait marqué une pause, le temps de peaufiner une excuse qui tienne la route.

- «Bienvenue au Club mon amour, c'est pareil pour moi et donc, je suis passé chez le pharmacien et il m'a conseillé ces pilules - c'est sans contrindication - effet d'antistress et somnolence garantis. Quatre heures de vol à pieuter sur mon épaule et tu n'auras même pas le temps de te rendre compte!» Terry, cette fois, avait pris les devants et avait pensé à tout.

- «Tu voudrais que je me drogue pour pouvoir prendre tranquillement l'avion!?!» avait-elle exagéré.

- «T'as de ces mots, mon amour, n'exagère rien, allons, ce sont des calmants en vente libre que tout le monde, même les jeunes ados, peut prendre sans danger»

- «Ca n'aura aucun effet sur moi, je te le garantis» et d'un bond elle s'était levée comme pour fuir la conversation.

- «Tu ne veux pas partir, c'est ça? Ne cherche pas d'excuse» dit l'homme avec décrépitude.

- «Ô si, ce n'est pas le fait que je ne veux pas, c'est plutôt le fait que je ne peux pas. Jamais je ne pourrai monter dans l'avion!» cette fois le ton de sa voix s'était radouci et semblait plus assuré.

«Mais si tu pourras, je te tiendrai la main, tu pourras même la serrer très fort si vraiment tu paniques trop».

- «Fais gaffe, je risquerais de te briser les doigts» répondit-elle, sarcastique, paradoxalement, elle fit sourire l'homme.

- «De toutes manière, tune peux plus reculer mon amour, si tu regardes bien les billets, c'est cette nuit que nous décollons, à 3h50!».

- «Et mes bagages?»

- « ... sont prêts. J'ai tout manigancé, tu ne peux plus faire marche arrière!»

 

20h10, répéta la voix interne dans la tête de la jeune femme. Il nous reste sept heures pour trouver une solution.

 

Comme tous les soirs, ils firent l'amour. Avec passion. Avec perfection.

 

À la seule différence, cette fois, que Ange parût légèrement ailleurs, comme absente. Si sa participation à l'acte - comme à l'accoutumée - avait été sans reproche, exceptionnellement, elle avait fermé les yeux et avait paru absorbée par autre chose. Terry l'avait remarqué, mais il s'était abstenu de lui en parler.

 

Il mit cela sur le compte du stress et de l'angoisse, il n'eut pas réellement tort d'ailleurs.

 

Vers minuit, Ange se leva.

 

D'ordinaire, Terry n'aurait rien remarqué, il avait le sommeil profond, mais cette fois-là, comme guidé par un sixième sens, d'emblée il avait ressenti le manque créé par l'absence de la jeune femme.

 

Elle avait allumé la télévision et semblait regarder les informations qui passaient en boucle.

 

- «Tu aurais encore pu en profiter deux heures, pourquoi te lèves-ti si tôt?» lui demanda-t-il d'une voix douce et apaisante en lui caressant ses cheveux blonds mi-longs.

 

- «Je ne pouvais plus dormir mon cœur, pardonne-moi si je t'ai réveillé»

Terry prit place dans le canapé auprès d'elle, il lui releva les jambes et entreprit de le prodiguer un m

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Nouvelle | Par tehel | Voir tous ses textes | Visite : 323

Coup de cœur : 13 / Technique : 7

Commentaires :

pseudo : bibiche.g

j'attends toujours la suite n'hesite pas...stp