Les rêves d'une âme perdue 23/01/09
Par une journée pluvieuse, un temps maussade, morne et sans éclats, où tout ressemblait à un crépuscule sombre, j'étais condamnée à m'asseoir prés du feu sans même avoir froid. L'ennui et le cafard, augmentaient en moi et m'encourageaient à plonger dans ma rêverie habituelle qui, quand elle commençait ne finissait que bien tard . Ensuite le sommeil viendrait m'y arracher pour m'imposer à son tour d'autres formes de rêves déviant vers des cauchemars. Mes rêves, ce jour là, n'étaient pas de simples rêves. C'était, plutôt, des souvenirs d'évènements vécus vers lesquels je me retourne l'esprit marqué et l'âme meurtrie par un échec que je ne suis pas près d'oublier, gardant, toujours en moi, les nombreuses et profondes cicatrices. Je me sentais lasse, abattue, déçue par la vie et découragée par l'échec. Il y a de quoi ! La lumière de ma vie s'était éteinte à l'aube de ma jeunesse, me laissant l'esprit dérangé. Le temps ne m'avait pas fait de cadeaux. En outre, j'avais négligé toute une ère de mon existence qu'il m'est difficile de revivre, maintenant qu'il est trop tard pour tout. Ignorante ou innocente que j'étais, j'avais sombré dans un abîme de déceptions qui me font abhorrer tout de ma personne. Aujourd'hui j'apprends, à mes dépens, que quand arrivera le jour où je m'éteindrai à mon tour, ce sera en ab-intestat . Puisque le sort me fait abjurer tout de la vie et mon abnégation, pour les autres, était, vaine, inutile et sans effets ,Sauf qu'autour de moi j'ai été blâmée sévèrement par ceux qui m'avaient tout pris, jusqu'à mon bonheur sans rien me rendre en échange. Même la modeste reconnaissance que j'avais tant espéré de leur part n'a pas eu lieu. Cela me fait abominer tout ce qui peut me rappeler cette époque amère, durant laquelle les plaisirs que j'avais convoités, comme tout être humain, m'étaient interdits au sein d'une société immonde où des individus aboyeurs gênaient, par leurs calomnies, le développement de tout bonheur d'êtres humains simples qui ne demandent rien d'autre qu'un peu de vie, d'amour et d'affection, à l'abri des remontrances sociales et familiales. Mon passé et mon présent sont abscons et mon avenir est incertain. Je doute avoir péché ou avoir failli en quoi que ce soit , mais pour la paix de l'âme, j'aspire à l'absolution. Mes principaux ennemis sont bien ma conscience et mon incapacité de faire la part des choses. Et le mal de vie, que je subis quotidiennement, me pousse à vouloir vivre et mourir en même temps. Toujours absorbée par ma rêverie, je m'enfonce encore plus loin, vers un passé auquel je ne peux m'abstraire , n'ayant plus de présent, je m'accroche désespérément à ce passé de façon déraisonnable et abstruse. Je m'abuse par mes rêves en empruntant la voie d'un paradis mensonger et enfantin qui ne me servirait qu'à m'engouffrer dans le labyrinthe d'un monde irréel, truqué d'où je ne ressortirai qu'accablée de maux étranges que j'aurai contracté en allant trop loin dans le royaume de l'imagination consolante, mais dangereuse. Car, le contraste avec le monde réel ne pourrait qu'être choquant. De temps à autre, un bruit me retire de ma rêverie. Il me réveille pendant un court instant pour me ramener à ce monde réel, cruel, et triste. Ce monde me contrarie et le dégoût s'accentue en moi. Ensuite je refuse et rejette la réalité. Je préférerai vivre encore dans l'extase, entourée de créatures accortes que j'aime beaucoup me créer selon mes goûts du moment, dans une ère accomplie. Je referme donc mes yeux et réouvre mon esprit que je destine à recevoir tous mes phantasmes. Ensuite je pénètre dans mon territoire secret. Un monde parallèle qui est mon sanctuaire créé pour n'accueillir que des divinités. Un sanctuaire où il ne peut exister que la joie et le bonheur. Je m'y vois renaître et régner en maître incontesté semblable à une reine qui nagerait dans une mer de délices, d'amour et d'affection. Je refuse d'affronter, une fois de plus, ce monde réel, décevant et à fortiori me soumettre aux exigences cruelles d'une vie contendante. Je refuse de revivre l'époque amère de ma jeunesse durant laquelle, après chacune de mes fautes, je m'empressai à me rectifier et à m'abonnir pour quémander un peu d'affection. Mais en cherchant à corriger mes fautes j'en commettais d'autres qui ne me seront jamais pardonnées même si elles sont dues à des évènements malheureux ou à des actes dont j'étais plutôt victime que coupable. J'avais, jadis, osé. J'avais eu le courage d'exprimer un sentiment noble que beaucoup d'humains ne connaissaient pas ou ne connaîtraient jamais. J'avais osé aimer et cet amour fut aussitôt la cause principale de ma souffrance. Ignorant la méchanceté des hommes, je ne pouvais pas prévoir qu'en aimant, je serais vite remarquée, jugée, et condamnée à l'isolement total, pour avoir enfreint les règles sociales de mon milieu hypocrite. Ainsi isolée, et sans défense, je fus contrainte de céder à la pression d'un monde vil et lâche qui s'entêtait à faire perdurer des traditions tristes et contraires à la nature même de l'homme. Pendant que j'étais encore enfant, je ne comprenais rien des agissements adultes de ces créatures infectes, méchantes et sans cœur, qui tentaient plutôt de m'exploiter que de m'élever dans l'ambiance affective indispensable à l'enfant que j'étais. Incapable de lutter, déçue et contrariée, j'étais donc obligée de m'y soumettre. Ce n'était que très tard, quand je grandissais et commençais à saisir le sens de ma vie, que j'avais compris :que ce que j'avais perdu par la faute de ces grabataires, , ne pourra jamais plus m'être rendu. Cette prise de conscience des réalités de ma vie était choquante. J'avais aimé et coupable de l'avoir fait j'avais payé chèrement pour mon crime. Un châtiment terrible que mon inconscience de l'époque m'avait aidé à supporter et par là à supporter le poids d'un lourd fardeau qui devrait m'abattre moralement(l'injustice de l'homme). J'ai traversé toute une ère de misères et de souffrances sans me plaindre, jusqu'au jour où j'allais perdre le droit d'approcher tous ceux que j'aime. Depuis cette interdiction, ma vie devenait atroce. Mais je souffrais en silence. Renfermée sur moi-même je me maudissais à chaque jour que dieu fait. J'ai cherché pendant longtemps le moyen d'atténuer mes souffrances, mais celles-ci augmentaient au fur et à mesure que je cherchais le remède. Toujours souffrante, et pour échapper à ma souffrance je continue à rêver. Je m'y obstine. Je rêve de vivre le restant de mes jours en paix et en harmonie avec moi-même. Je rêve de pouvoir aimer et continuer d'aimer ceux qui m'entourent et qui me sont chers. J'ai rêvé avoir fait une rencontre et j'étais surprise d'avoir trouvé une personne que je n'ai pas eu la chance d'approcher. Cette personne ne semblait pas percevoir mes sentiments à son égare. Elle ne se rendait pas compte de toute l'affection dont elle pouvait bénéficier si elle le désirait. Dès notre rencontre la gêne s'installe. Le cœur battait très fort et nous voulûmes nous exprimer, dire tout haut nos pensées, déclarer nos sentiments réciproques, pures et sincères mais difficiles à concrétiser dans notre milieu pourri et fertile à toutes les méchancetés des hommes qui agissent en mégères, et passent le plus grand de leur temps à colporter toutes sortes de ragots qui ne peuvent provenir que des esprits détraqués qui sont malheureusement soutenus et applaudis par des ignares. Cette rencontre me chagrine et me procure un certain plaisir inavoué. Mon chagrin provient du désir de prolonger une relation tant espérée mais hélas irréalisable. Quant à mon plaisir, je le ressentais pendant ce court instant que nous venions de vivre ensemble à nous remémorer chacun de son coté les souvenirs d'antan. Ce passé qui nous rapprocherait plus si toutes les conditions étaient réunies et si nous nous étions retrouvés loin de ces milieux malfamés qui se nourrissent de toutes les insalubrités conservatrices, l'esprit de l'homme, dont le cœur est déjà fertile à toutes les méchancetés, sans qu'il y ait de place au peu d'amour que nous ressentions l'un envers l'autre en silence. En d'autres lieux et d'autres moments, nous pourrions nous connaître plus profondément et nous aurions certainement notre droit à nous aimer sans crainte ni contraintes. Ainsi, semblable à deux enfants qui se découvrent, nous nous rappelons nos souvenirs et nos propos provoquaient parfois de la gêne, parfois du plaisir. Malgré notre âge avancé nous essayons de faire connaissance à notre manière tout en évitant, chacun de son coté, de troubler et de rompre le charme du moment précieux que nous voudrions faire durer plus longtemps que nous le pouvons. Nos confidences réciproques en privé ressemblaient agréablement, à une poésie sentimentale en duo et pleine d'acrostiches, que seuls les cœurs en émoi pouvaient lire et comprendre. Cette rencontre, unique, m'avait fait revivre tout un passé triste qui m'était revenu de loin comme un air de musique que la brise transporte au loin puis rapproche et ramène dans le silence d'une nuit d'été. Devant cet ami presque inconnu, mon présent m'échappe et ma mémoire me dicte tout. J'avais subitement éprouvé le besoin de me remémorer certains événements du passé. Des événements qui ont encore de l'importance pour moi. J'ai supplié ma mémoire de ne pas trop s'éloigner , mais elle ne m'obéit plus. Elle sombre dans un magma de souvenirs délirants et déchirants qui me poussent à me débarrasser de tout pour parvenir à retrouver intacts certains visages du passé que je voudrai impérieusement, faire revire. Au fond ce n'est pas si difficile de les faire revenir et de les faire défiler par époques et par événements. Mais on ne demande jamais à un passé si important de le revivre par dates précises sans payer le prix d'une douleur intense. Aux cotés de mon ami je m'embarque donc dans toute une série de souvenirs que ma mémoire perturbée m'impose avec insistance et ténacité. L'histoire est confuse , elle est mêlée à des visages. Des visages effrayants, des visages souriants, des visages noyés dans le bonheur, des visages tristes, de tous ses visages, seul celui d'un jeune homme, qui chagrinerait le cœur de tout être sensible, retient mon attention. Ma mémoire suivant tous ces visages, s'échappe et s'éloigne rapidement au loin pour ne revenir que chargée de fortes émotions qui abattent les cœurs. Après cela je me vois aussi, comme mon ami, en train de grandir quittant l'adolescence sans la vivre, et difficilement je continue à mûrir, jusqu'au jour où j'avais tout compris et c'était ma première déception. Jadis la joie régnait dans tous les cœurs sauf dans le mien. Triste, je tente toujours d'échapper aux griffes de ce monde réel, pour me blottir tout au fond d'une réserve très riche en souvenirs. Ma mémoire, fouinant encore plus loin, me transporte prés de cet être charmant et sensible. Un jeune homme encombré de toutes les contraintes d'une vie austère. Un homme exceptionnel capable de supporter en silence le lourd fardeau de l'injustice de l'homme, pénible et difficile à vivre dans son monde infernal. Un homme patient que l'on comprenait. Il ne se confiait pas ,mais on le devinait. Il végétait longtemps au sein d'une société où les gens sans cœur n'aimait pas l'amour parce qu'il les dérange. Si il se contentait de s'y soumettre pour vivre comme les autres c'était de bonne guerre. Il avait raison de ne pas se laisser moisir, souffrant, dans son coin, pendant que ses semblables erraient à leur aise. Il lui arrivait très souvent de douter de ses capacités et de penser qu 'il transgressait les rites, et se disait quand on enfreint les règles, on doit certainement payer un tribut. Un homme qui se révolte et qui refuse toute injustice en agissant seul comme il le fait, ne fait, sans doute, pas partie du scénario officiel. Car tous les hommes de son entourage s'y soumettent et semblaient ne pas agir sans la bénédiction de la communauté. Mais ce qu'ils font en privé reste secret. Notre héros en lutant pour sa liberté , allant et venant par obligation familiale lève honnêtement ce secret collectif. A l'époque , ses agissements semblent scandalisant, mais quelques années plus tard personne n'oserait parler, et tout le monde se taira. Car ce jour là tout le monde aura ses péchés à cacher. Personne en ce monde n'est saint. Toujours rêveuse, je me concocte un scénario que j'aurai dû vivre si ma vie se déroulait de façon normale. Je me vois, cette fois, aux cotés de ce jeune homme ange qui concilie aisément mes jours, et mes nuits qui sème la concorde autour de lui ! Un homme de rêve qui peut être un époux idéale ou un concubin fidèle avec qui on peut concrétiser tout ce qu'on peut souhaiter. Un homme auprès de qui on ne peut s'empêcher d'être concupiscent. Un prince qui inspire à toutes les envies de bonheur, à toutes les confessions. Un dieu qui redonne de la vie. Un saint avec lequel on conflue irrésistiblement vers la joie des cœurs et la bonté de l'âme. Cet homme je l'avais un jour écouté, sans le juger, je l'avais aperçu sans l'avoir vu, je lui avais parlé sans me confesser, je l'avais aimé sans le savoir. Mais lui, le saura-t-il un jour ? je me le demande !
ASSIA
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Style : Nouvelle | Par ASSIA | Voir tous ses textes | Visite : 678
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Commentaires :
pseudo : Marcan
Ce texte, que je trouve magnifique, transmet et fait admirablement ressentir toute la douleur qui t'habite et je souhaite que tu puisses rencontrer l'âme soeur capable de panser tes blessures. Courage demain n'est pas encore arrivait!!
pseudo : ASSIA
merci Marcan , pour ton commentaire qui se termine sur une note d'espoir que j'apprécie.merci encore
pseudo : Fabrice
que dire,cela donne envie de mieux te connaître, a mieux connaître la souvrance qui habite toutes ces femmes aux coeurs brisser, à l'âme meurtrie par une vie qu'elles n'ont pas vélue mais qu'on leurs a imposé. Merci pour se formidable texte, qui je l'espere se métamorphosera un jour en un grand AMOUR.
pseudo : ASSIA
merci à vous deux pour vos commentaires qui me touchent vraiment et qui donnent vraiment vie à mon texte. merci encore
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