"- Tiens, Guillaume ! Je te présente notre nouvelle standardiste à l'accueil.
Devant moi se tenait une magnifique créature d'environ 1m70 sans talons. Elle éblouissait la soirée par son éclat. La taille fine, l'air sévère, l'attitude vestimentaire à la hauteur de cet événement (la remise des médailles) qui, pour le moment, restait bien terne.
- Elle s'appelle Mademoiselle Mona. Elle sort d'une école de... continuait le commissaire mais je ne l'écoutais pas, absorbé par la beauté de cette bomba latina tout droit venue d'un pays imaginaire. Son teint respirait le soleil et ses cheveux noirs reflétaient son sérieux. Je l'aurais bien décoincée pour lui faire perdre son air frigide... Mademoiselle Mona...
- Mona Lisa ? demandai je rêveur.
- Je ne suis pas là pour plaisanter et les familiarités ne sont pas de coutume chez moi. Cela restera Mademoiselle Mona. Point."
Mais quel est son petit nom à la belle ? Elle ne veut pas le dire ? Je le découvrirai par moi-même, elle ne me résistera pas.
Guillaume Nathan, trente-deux ans et toutes mes dents. Fonctionnaire de police le jour, fêtard la nuit. J'aime la vie. Je profite de mon célibat pour faire tomber les filles mais ne reste jamais plus d'une nuit avec elles... Je ne voudrais pas me vanter en disant que je suis plutôt beau gosse, c'est un fait. Les yeux bleus comme des billes de loto, blond, 1m93, 87 kg, musclé... enfin tout pour plaire ! Je le répète : je ne me vante pas, je reconnais ce que je suis. C'est ma modestie qui me fait parler ainsi car je ne me défile pas devant mes atouts et joue d'eux d'ailleurs. Je travaille dans la police parce que je n'ai rien trouvé à la hauteur de mes compétences, je plaisante... A vrai dire, je n'ai aucun diplôme. Au lycée, j'étais trop occupé à m'amuser alors je n'étais pas souvent présent en cours. J'aime le sport, le sexe, les filles, sortir, la fête, le cinéma, la musique... Je n'aime pas les dégonflés, les "sans personnalité", les pleurnichards, les thons, les déprimés, les coléreux, travailler...
Ce soir-là, c'était la remise des médailles. Présent pour la forme, je ne m'amusais pas vraiment avec tous ces coincés. De temps à autre, je tapais dans les petits fours et ne lésinais pas sur les coupes de champagne. Enfin, le commissaire commençait son discours.
"... en cette année, la police a arrêté de nombreux criminels et a fait reculer le taux de délinquance. Néanmoins, cela ne reste pas assez et les taux demeurent élevés. C'est pour cela que nous continuons d'embaucher de nouvelles recrues : trente-sept dans notre maison. Mais je passe à présent à l'objet de notre soirée : la remise des médailles".
Aux alentours de deux heures, je rentrais chez moi, le ventre plein, noir. Je devais me réveiller à six heures pour travailler.
Sept heures trente tapantes, je poussais la porte du commissariat.
"Pile à l'heure Guillaume !"
La ponctualité, c'est la classe... J'enlevai ma veste et me rendis à la salle de réunion. Je passai devant le standard et y croisai Mademoiselle Mona que je saluai poliment. Je n'allais pas la brusquer en son premier jour de travail ! Elle était très sexy. Son jean taille basse laissait dépasser son string. Une femme comme je les aime ! Je m'assis dans la salle avec les collègues. Je me retrouvais sur une nouvelle affaire de drogue. Je devais faire la planque devant un garage désaffecté.
Je me garai devant le hangar. Là, il n'était plus question de réparer le moindre véhicule. Pourtant, des camions continuaient à y entrer, remplis de cocaïne mais ressortaient vides. Où se rendaient ensuite ces camions ? Je l'ignorais mais ce n'était pas la raison de ma visite d'aujourd'hui, ce que je devais découvrir était ce que devenait la drogue. Durant deux heures et demie, je restai à attendre jusqu'à ce que deux camions n'arrivassent à trois minutes d'intervalle. Les chauffeurs descendirent et se serrèrent la main. Ils allumèrent une cigarette, j'en fis de même. Ils discutaient mais je ne comprenais pas ce qu'ils disaient. On ne me reprochera pas de n'avoir jamais appris à lire sur les lèvres ! Quand ils eurent fini leur pause, l'un remonta dans son semi-remorque et l'autre ouvrit la porte. Ils conduisirent les camions à l'intérieur et je ne vis plus rien. Je sortis de la voiture et fis le tour du hangar cherchant une entrée, ce que j'aurais dû préparer en arrivant sur les lieux. Je trouvai enfin un escalier menant au toit et l'escaladai. Là-haut, je me cachai derrière une cheminée face au toit de verre. Je pris mes jumelles et observai. Sept hommes descendirent des camions et ils déchargèrent tous les neuf des cartons. Un groupe de business men sortit du bureau que je n'avais pas remarqué. Le plus trapu déchira le scotch d'un paquet et l'ouvrit. Il était rempli de sachets renfermant leur trésor. L'homme goûta la marchandise et fit un signe de tête d'approbation. Je regardai l'heure : midi et demi, heure de pause. Pas de question de faire des heures supplémentaires non payées ! Je descendis du toit et repris ma voiture. En route pour le commissariat !
"- Quoi ? Tu n'as pas pris de photos ? hurlait le commissaire.
- J'ai oublié, cela m'est sorti de l'esprit.
- Ton cerveau semble être une passoire.
- Cela arrive une étourderie, je peux tout retranscrire par écrit ce que j'ai vu.
- Mais nous, on ne pourra pas le voir et on n'aura pas de preuves à montrer au juge. Tu dois y retourner et prendre des photos cette fois"
Bon, je répondis que cela ne se reproduirait plus. Néanmoins, ce n'était pas la fin du monde !
Chez moi, à 21h30, je me rendis compte que j'avais oublié mon téléphone portable au travail. Quelle journée d'étourderies. Arrivé sur place, je pénétrai dans les couloirs. Tout était noir sauf le standard où la lumière était allumée. Tiens, Mona Lisa ferait-elle des heures supplémentaires dès son premier jour ? Je n'y prêtai pas attention et continuai mon chemin. Je pris dans le tiroir de mon bureau ce que j'avais oublié et ressortis de la pièce. La porte du local des pièces à conviction était entre-ouverte. Je traversai le couloir pour reprendre ma voiture quand j'entendis résonner un bruit sourd. Je sortis mon arme et me précipitai dans la direction de l'écho, ce qui me mena vers la salle des pièces à conviction. Je trouvai Mademoiselle Mona allongée par terre, les yeux exorbités. Je rangeai mon révolver dans son étui et lui pris le pouls. Il battait. Je vérifiai sa respiration que je trouvai ralentie. De la bile sortit de sa bouche : elle faisait une overdose. Je la soulevai et la portai jusqu'à ma voiture. J'allumai les gyrophares et traversai la ville à toute allure. Il fallait que ce genre de situation tombe sur moi... Je m'arrêtai aux urgences et allai chercher des soignants. De loin, je les regardai faire les premiers soins dans ma voiture. Enfin, ils l'allongèrent sur un brancard et l'emmenèrent. Que devais-je faire ? Partir ? Attendre qu'elle n'aille mieux ? Tant d'interrogations trottaient dans ma tête. Mona Lisa, si rigide, si sévère... se droguait. Mais une idée me vint à l'esprit...
Le lendemain, je repris ma planque et pris cette fois des photos mais mon esprit était préoccupé par les événements de la veille au soir. A la pause, je me rendis au standard où, seule, Mona Lisa répondait au téléphone. Je la scrutai des yeux qui tombèrent sur son badge : Mademoiselle Frida Mona. Elle me lança un coup d'oeil agacé, ce qui me fit rire intérieurement. Je commençais à l'énerver, ce qui était dans mes plans. Elle raccrocha.
"- Que voulez-vous ? demanda-t-elle, furieuse en rangeant des papiers.
- Comment allez-vous ? demandai je d'une voix posée.
- Bien, bien, merci. Et vous ?
- Je vous posais la question car vous m'avez fait une de ces frayeurs hier soir.
Je détournai la tête et affichai un sourire narquois. Elle s'arrêta dans son geste et me regarda.
- Pourquoi donc ?
Je croisai mes bras sur le comptoir, nonchalant.
- Pour rien... Disons que je vous ai juste trouvée évanouie, je-ne-sais-pourquoi, dans le local des pièces à convictions. C'est drôle, on aurait dit une overdose. (Elle pâlit.) Sans moi, qui sait ce que vous auriez pu devenir ? Peut-être auriez-vous pu mourir !
- C'est gentil mais c'était juste un accident. Merci de m'avoir conduite à l'hôpital.
- Je ne crois pas que c'était un accident. Disons que je pourrais discuter avec le chef de ce petit événement de premier jour de travail, à part si vous...
- A part si ?
- Bon, arrêtons ce petit jeu, Mona Lisa. Je voulais te faire comprendre que tu es cernée.
J'attrapai son sac-à-mains et elle me donna un crochet du droit. Je lui coinçai les bras et la menottai.
- Cela ne se passera pas comme ça, Mona Lisa.
J'ouvris le sac et y pris le trousseau de clefs professionnel, la carte bancaire, l'argent liquide et le chéquier. Je notai son numéro de téléphone et son adresse que je trouvai sur sa carte d'identité.
- Désormais, te voilà coincée et tu devras toujours me demander pour ouvrir une porte quelconque."
Je la démenottai.
Ce soir-là, j'avais rendez-vous avec des copains de lycée. Nous sommes allés en boîte de nuit mais une envie m'occupait l'esprit. Mes amis le remarquèrent :"Ne fais pas la tête ! Tu as des ennuis au travail ?". Des ennuis ? Non, au contraire, je commençais à m'y éclater... Ceux-ci m'ont présenté une jeune femme plutôt attirante qui ne demandait qu'à passer à l'action. Elle avait bu un coup de trop, moi aussi. Malgré cela, je refusais ses avances et la repoussai car une seule femme m'obsédait : Mona Lisa. Plus qu'une attirance physique, j'avais envie de la détruire...
Je quittai la discothèque le premier et sans femme, contrairement à mes habitudes : j'étais pressé. Je pris la voiture mais ne rentrai pas chez moi. Je m'arrêtai à une cabine téléphonique et composai un numéro. Quel bonheur d'entendre la voix endormie de Mona Lisa me répondre un faible "Allo ?". Je ne répondis pas, elle insista et je murmurai "J'ai ton numéro, ne l'oublie pas".
Pourquoi avais-je décidé de lui faire si mal ? Je ne savais pas trop mais cela m'amusait, j'assouvissais mon plan machiavélique, chaque jour. Au travail, elle devait me demander chaque fois qu'elle allait quelque part d'ouvrir la porte. Je la tutoyais et elle me vouvoyait, elle, qui paraissait si respectable car je la dominais, je faisais d'elle ce que je voulais. Je continuais à l'appeler en rentrant de soirées. Bref, je lui menais la vie dure mais j'étais le seul à savoir qu'elle était toxicomane. Je la tenais grâce à cela. Un jour, elle arriva à son poste avec un oeil au beurre noir. Quelqu'un l'avait frappé... Qui d'autre que moi avait pu oser ? Je décidais de me venger le soir...
Je continuais mon enquête sur le business man. Il était député, d'origine portoricaine et s'appelait Roger. Je passais des heures à le suivre. Je découvris ainsi quel mafieux était notre député. Il rachetait la cocaïne pour la revendre à d'autres politiciens.
A vingt-deux heures trente, je me rendis au 4 allée des sapins et sonnai au nom de "Mona". J'avais annulé ma soirée au cinéma. Ma bande de copains ne me comprenait plus : ils disaient que je devenais fou, que je n'étais plus le même... Mona Lisa répondit, la voix détendue. Je déguisai la mienne et demandai si la moto garée sous le porche était la sienne car, étant soi-disant un voisin, me gênait-elle pour reculer ma voiture. Elle me répondit que non. C'était étrange, elle se trouvait à sa place de parking à côté de sa décapotable mais je ne me souvenais pas qu'elle conduisait un deux-roues. Soudain, j'entendis une voix d'homme et la belle ajouta :
"- Excusez-moi, cette moto est bien de chez moi.
L'homme dit qu'il descendait. J'attendis en bas. Qui était cet homme ? La porte de l'immeuble s'ouvrit et ce dernier apparut.
- Je ne vois pas où est le problème, vous pouvez sortir votre véhicule.
- Vous connaissez Frida depuis longtemps ?
- Pardon ?
- Excusez ma curiosité mais on ne voit jamais qui que ce soit chez elle.
Mona Lisa apparut à son balcon, souriante, belle comme la première fois où je l'avais vue. Elle avait quitté son air fragile pour retrouver sa sévérité et son assurance. Elle baissa les yeux et me vit.
- Bonsoir, ironisai-je. Comment allez-vous ?
- Bonsoir, balbutia-t-elle.
- Je vois que vous avez de la compagnie, c'est bien. Comme je disais à ce jeune homme, Monsieur...
- Raphaël, compléta celui-ci.
- Comme je le lui disais, on ne voit pas souvent grand monde chez vous. Au fait, avez-vous eu des dégâts des eaux ? J'ai eu une fuite et votre voisin de pallier en a pâti.
- Non, je n'ai eu aucun souci.
- Vous avez raison, Raphaël, je peux reculer ma voiture sans trop de mal.
Mona Lisa rentra chez elle et je repris la conversation avec ce jeune homme :
- Je vais monter m'excuser auprès de la demoiselle, c'est plus correct de ma part.
Nous montâmes ensemble les escaliers. Mona Lisa attendait sur le pas de sa porte. Elle pâlit à ma vue.
- Excusez-moi encore pour cette interruption dans votre petite soirée.
- Ce n'est rien. Ne vous en faites pas, je vous souhaite une bonne soirée.
- Vous ne m'invitez pas à boire un verre ?
- Ne deviez-vous pas sortir ?" se méfia alors Raphaël.
Celui-là m'ennuyait vraiment. Je savais ce qui intéressait la petite alors ma main laissa entrevoir dans ma poche un sachet de cocaïne que j'avais saisi dans le hangar où Roger rachetait sa marchandise. Elle s'évanouit. Raphaël la rattrapa avant qu'elle ne tombe entièrement et j'en profitai pour quitter les lieux. J'étais en colère. Il l'avait prise comme s'ils se connaissaient depuis longtemps, comme s'ils étaient amants... Qui était-il ? Je me réfugiai au bureau et décidai d'attendre que la fameuse standardiste ne vienne travailler. Je m'endormis.
Je me réveillai en sursaut : on m'avait giflé. Non : elle m'avait giflé. Mona Lisa se tenait devant mon bureau en larmes. Je savourais cette main posée sur moi si brièvement fut-ce. Elle devait culpabiliser de son geste et s'imaginait m'avoir fait mal alors que cela me faisait plaisir.
"- Vous m'appeliez et maintenant, vous vous déplacez chez moi ! Je m'en vais donner ma démission de ce pas. Je ne peux pas vivre dans ces conditions. Je ne peux pas continuer à me faire bizuter ainsi.
- Deux secondes, écoute-moi.
- Non.
- C'est un ordre de ton supérieur ! Veux-tu que je te dénonce pour t'être servie dans les pièces à convictions ? Cela te coûterait cher. Où as-tu connu Raphaël et comment ?
- Je n'ai pas à répondre.
- C'est si important pour que tu réagisses comme cela ? Tout le monde donc peut poser la main sur toi, mais pas moi, c'est cela ?"
Je bâclais mon travail et étais sur le fil du rasoir tant j'étais préoccupé par cette fille. Je ne pensais plus à rien, je ne m'amusais plus, je ne vivais qu'à travers elle... Je tentais de relever la tête et garder mon emploi. Pour cela, je décidai d'arrêter Roger en flagrant délit. Je demandai à des hommes de me suivre dans l'affaire. Nous nous cachâmes dans le hangar. Les semi-remorques arrivèrent et comme à l'accoutumée, Roger goûta la marchandise. "Police !" Nous procédâmes à l'arrestation du groupe présent mais ce ne fut pas du goût du commissaire. En effet, j'avais commis une nouvelle boulette. Roger et ses acolites ont été remis en liberté, en sachant désormais qu'ils étaient fichés. Arrêter un député sans savoir ce qu'il faisait ensuite de la drogue n'a mené qu'à faire de la publicité au politicien et à couler la police dans les médias, une fois de plus. Mon initiative était donc mal venue. Je décidai alors un soir de noyer mon désarroi et bus tout l'argent qu'il me restait sur moi, c'est-à-dire pas grand chose. Je décidai donc de retirer de l'argent et ai découvert ainsi que j'étais devenu interdit bancaire.
Le lendemain matin, je me rendis à la banque pour en savoir plus mais ma conseillère me répondit que l'accès à mon fichier était verrouillé et qu'elle devait voir avec son supérieur qui ne serait pas présent avant trois jours, mardi donc. J'étais en colère : je n'avais plus de quoi manger pour le week-end, plus d'argent ! J'étais certain de la culpabilité de Roger...
J'ai passé le week-end avec mes parents mais je pensais à faire payer le mafieux. Ceux-ci me prêtèrent de l'argent que j'utilisai alors à financer un détective privé chargé de suivre Roger et surtout, de me trouver des preuves de ses piratages informatiques. Le professionnel se montra très compréhensif. Je n'avais toujours pas d'argent, le patron de ma banque avait notifié que j'étais à découvert. Ce qui était faux. Trois semaines plus tard, le détective m'amena la preuve sur un plateau en argent : Roger était l'ami d'enfance du président de ma banque, ce qui rendait plus facile les piratages. Je me rendis donc avec un mandat d'arrêt aux domiciles de ces deux lascars. Menottés, puis embarqués, ils furent amenés à témoigner devant le commissaire mais, une fois de plus, j'avais fait une grave erreur : la notification était un leurre. Roger et le président furent donc relâchés mais ce dernier assura qu'il reverrait mon dossier. Ils s'attardèrent devant le bureau de Mona Lisa, la chambrant.
"- Ce n'est pas trop compliqué de répondre au téléphone ?
- Et de pirater ? répliqua-t-elle.
- Cela suffit, on n'importune pas les gens gagnant leur vie honnêtement, la défendis-je.
Le commissaire me convoqua dans son bureau. Il me reprocha mes liens rapprochés avec Mona Lisa et de lui conter mon labeur. Il ajouta qu'il n'y avait pas de place pour ce genre de relations au travail. Il avait raison sur un point : comment savait-elle pour l'infiltration de mes données informatiques ? Je décidai donc de lui parler.
- Comment as-tu appris pour le piratage ?
Mona Lisa ne répondit pas.
- Cela t'embête que je pose cette question ? Je pourrais engager un détective pour suivre ce jeune Raphaël, qu'en penses-tu ? C'est ainsi que j'ai retrouvé la trace du patron de la banque.
- J'ai feuilleté les dossiers, discrètement.
- A l'avenir, ne montre pus ton attachement pour moi en public car je suis sur la sellette."
Elle sortit du commissariat et je la suivis. Roger était toujours là. Ils discutèrent tous les deux. Je ne revis plus jamais Mona Lisa. Elle avait laissé en plan son bureau et ne répondait plus au téléphone. Ayant repris possession de mon argent, je pus de nouveau vivre indépendamment mais pourquoi donc puisqu'elle n'était plus là. Je plongeai alors dans une dépression, ne travaillais plus, ne mangeais plus et finis par me faire licencier. Qu'était-elle devenue ? Je me rendis à son appartement et découvris que les jardinières à son balcon avaient disparu et que son nom n'était plus à l'interphone.
*****
"- Elle sort d'une école de secrétariat. Excellente élève, elle a toujours surpassé tout le monde dans tous les domaines. Vous devez avoir un Q.I. important, n'est-ce pas ?
- Je n'ai jamais calculé mais je suis juste perfectionniste et ambitieuse.
Ce commissaire, cherchait-il réellement à vanter mes mérites ou me caressait-il dans le sens du poil ? C'est répugnant de voir cela de la part d'un homme marié. Tiens, son annulaire ne portait subitement plus son alliance... Apparemment, c''était vraiment pour me mettre dans son lit. De plus, ce jeune qui me regardait ébahi semblait en vouloir de même.
- Mona Lisa ? demanda Guillaume."
Oh ! Il essayait de faire de l'esprit, c'est raté. Je lui rétorquai une phrase cinglante lui montrant qu'on ne se paye pas ma tête. Je ris peu dans la vie. Je suis quelqu'un de droit, juste, sévère et impartial. Je n'aime pas qu'on me marche sur les pieds. Tout le monde croit que les gens beaux sont forcément "cool", je suis la preuve que c'est faux. Je devais commencer le travail le lendemain.
En rentrant de la soirée où j'avais rencontré quelques uns de mes nouveaux collègues, je pris le téléphone. Je ne me sentais pas très bien. J'avais des sueurs froides. Il était tard, mais mon oncle était de nature insomniaque alors je n'hésitai pas :
"- Allô Roger ? demandai je la voix chevrotante.
- Bonjour Rachel, comment vas-tu ma grande ?
- Dis-moi, as-tu quelques grammes pour moi ? Je n'ai plus rien et Frédo ne veut plus entendre parler de moi car...
- C'est pareil de mon côté. Je suis désolé mais maintenant que tu vas travailler dans la police, cela ne va plus être possible. Tu pourras toujours t'approvisionner chez eux, rit-il. Bon, excuse-moi mais le bébé pleure. Si tu ne peux pas te passer de ta dope pour ce soir, tu peux faire le trottoir mais ce n'est plus la peine de m'appeler, je ne te connais plus."
Quel goujat ! Auparavant, mon oncle m'avait toujours fourni ma drogue mais il avait peur pour sa peau. Alors ce serait la guerre...
Le lendemain matin, c'était mon premier jour de travail. Je pris en mains la situation et me mis vite dans le bain. Seulement, le manque ne me quittait pas. J'étais habillée hivernalement malgré le chauffage et cela étonnait. Ma décision était prise : puisque je n'arrivais plus à m'approvisionner depuis quatre jours, j'allais piocher dans les locaux même de la police dès le soir.
Je me réveillai dans une chambre d'hôpital, engourdie. Un médecin entra dans la pièce et me tint un discours selon lequel il était d'avis que je devrais entamer une cure de désintoxication comme chaque personne qu'il sauvât d'une overdose. J'argumentai que c'était la première fois que je prenais de la drogue et que c'était la dernière, étant données les suites qui venaient de se produire. Mais peu importe, il m'en fallait plus pour baisser les bras. Il fut convaincu et je n'eus pas le temps de rentrer chez moi avant le travail.
Les collègues n'étaient pas au courant de ce qu'il s'était passé. Comment avais-je été arrivée aux urgences ? Durant la pause, Guillaume me fit une visite assez musclée... Je compris alors que c'était lui qui m'avait trouvée dans le local des pièces à convictions. Il me démenotta après avoir fouillé mes effets personnels. Il devait penser savoir tout de moi ainsi... A terre, je compris que la suite serait rude alors je me mis à pleurer comme une enfant. Le commissaire était parti. J'en profitai donc pour quitter les lieux pour la journée sans que personne ne s'en aperçoive. La confrontation avec Guillaume m'avait effrayée : qu'allais-je devenir ? J'espérais que le lendemain on ne me reproche pas un malheureux fait divers qu'on aurait pu éviter si j'avais gardé ma place. Néanmoins, je pouvais prétexter être aux toilettes quand le téléphone sonnait si quelqu'un se plaignait par la suite. Chez moi, je me forçai à cuisiner car j'avais perdu du poids. Quand mes pâtes furent prêtes, je les jetai. Je n'avais pas faim. Toute la soirée, je regardai la télévision, blottie sous une couverture. Je n'allais pas me coucher malgré la fatigue mais qui ne m'endormait pas. Le téléphone sonna. Qui cela pouvait-être à une heure du matin ? Je décrochai.
"J'ai ton numéro, ne l'oublie pas."
C'était Guillaume... Désormais, il ne me lâcherait plus.
La vie au travail était une torture. Je devais subir le regard moqueur des collègues qui voyaient Guillaume jouer de moi. Ils ne savaient pas qu'il m'appelait toutes les nuits. D'ailleurs, je ne passais plus les nuits chez moi. J'errais dans les rues, cherchant à me procurer de la drogue jusqu'au jour où je rencontrai Frédo sur ma route, mon ex-copain. A bout de force, je le suppliai :
"- J'ai besoin de me piquer, je suis en manque.
- En manque ? De quoi ? De coke ? De sexe ? Non, je sais..."
Il me frappa mais je ne pus répliquer. Alors, un groupe de jeunes gens qui passait vint à mon secours. Je fis donc la rencontre de Raphaël. Ce dernier me raccompagna chez moi et passa la nuit à veiller jusqu'au matin. Je le remerciai en l'invitant à manger le soir.
Je préparais un poulet rôti quand on sonna à l'interphone : c'était Raphaël. Je m'étais mise sur mon 31 pour l'occasion. Durant le repas, il me parla de lui, son métier d'informaticien, sa mère qui agonisait d'un cancer généralisé. Ce soir-là, j'oubliais tous mes soucis, buvant ses paroles mais la sonnerie de l'interphone retentit de nouveau...
Je voyais Raphaël régulièrement mais ne lui parlais pas de mes ennuis professionnels et addictifs. A vrai dire, je parlais peu mais j'étais bien avec lui. J'en avais pourtant besoin. Je n'avais plus personne dans ma vie que lui et Guillaume qui m'écrasait. J'étais désormais sevrée de la drogue mais le manque était psychique. Avec Raphaël, je ne me sentais pas tout à fait à ma place à vrai dire, pas dans mon monde car j'ai été élevée par mon oncle qui m'a fait découvrir l'univers de la mafia. Un soir, je lui demandai une faveur :
"- Pourrais-tu pirater les fichiers bancaires de Monsieur Guillaume Nathan ?
- Pourquoi ?
- Je ne peux pas te l'expliquer. Je voudrais gagner du galon dans la police, mentis-je, sans que cela ne se sache. J'aimerais prendre tout le monde au dépourvu en apportant des informations sur ce malfrat. Je suis tombée sur son dossier et je voudrais l'approfondir. A vrai dire, j'aurais besoin qu'il soit interdit bancaire."
Foutaises mais peu importe, il apprendrait un jour ou l'autre le pourquoi. Ce jour-là, ce serait la fin de mon calvaire. Quelques jours plus tard, ce fut chose faite, Raphaël avait verrouillé les comptes de Guillaume. Cependant, les journaux parlèrent de l'affaire, ce qui rendit l'informaticien furieux :
"- Tu m'as fait pirater les comptes d'un inspecteur ! Pourquoi ? Et si on découvre que c'est moi ? De quelle peine vais-je écoper ?
- Je ne peux pas te l'expliquer, pour l'instant du moins.
- Tu ne peux rien me dire... C'est facile ça ! Ce n'est pas toi qui risques la prison.
- Mais moi aussi puisque tout est de mon initiative.
- Tu me dois des éclaircissements !
- Je m'appelle Rachel en réalité. J'ai changé de nom pour qu'on ne connaisse pas mes liens de parenté avec le député Roger Fernandez qui m'a élevée. Celui-ci m'a fait connaître la drogue. L'inspecteur Guillaume Nathan a découvert que je consommais, ce qui me rend à sa merci. Depuis, il en profite en me harcelant, me dénigrant... Il me fait mener une vie dure ! Tu l'as déjà rencontré, il s'est fait passer pour mon voisin.
- C'était lui...
- A présent, mon oncle va me rechercher car il croit que c'est moi qui l'ai dénoncé.
- Je vais t'aider alors."
... Ce qu'il fit. J'ai trouvé la paix avec de nouveaux papiers. Je vis au pays d'Andorre et travaille comme standardiste à l'entrée d'un hôtel. J'ai retrouvé mon tempérament froid mais que pour le côté professionnel ! Je sors avec mes amis de temps à autres et là, on peut dire que je suis quelqu'un de cool...
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