Avez-vous déjà rencontré la Mort ? Voilà une expérience bien singulière me direz-vous, et qui n'arrive qu'une fois dans une vie, aussi longue et riche soit-elle. Détrompez-vous car moi, je la connais. Si je suis encore vivant pour l'écrire aujourd'hui, ce n'est certes pas grâce à elle. Cette pauvre hère est si seule qu'elle ne se rend pas compte qu'elle est la seule capable se survivre à elle-même. Avec moi. Mais il s'en fallut de peu.
Solitaire donc, c'est ce qu'elle est au demeurant et ce qu'elle restera, sous peine de faire encore des victimes. Elle sait tout, a tout vécu, tout senti et ressenti, connaît la beauté et la laideur, le bien et le mal, elle est l'achèvement de la vie, d'une vie.
Elle existe en un lieu qui lui est propre, dans tous les sens. Rien n'y bouge, n'y respire, aucun cœur n'y bat, aucune voix ne s'élève. Seul un violon déchire le silence aseptisé d'une mélodie maladroite. Quel meilleur instrument pour la Mort qu'une objet fait de morts lui-même ?
Si elle joue, c'est parce que comme chaque être humain, vivant ou non, elle souhaite être reconnue. Elle nous connaît, et joue de cela pour nous attirer dans sa solitude. Les quelques pauvres gens qui la côtoient sont trompés par ses manigances, et tandis qu'ils la désirent plus que leur vie, elle se délecte de ces sentiments depuis longtemps oubliés, se les approprie, et quand ils sont à l'unisson avec elle, la voilà qui jouit du désespoir provoqué. C'est tout ce qu'elle leur laisse.
Quand ils n'ont plus d'autre choix de partir, elle les garde, joujoux de chair et surtout d'esprit. Leur attachement est sa seule raison de vivre son identité. Mais ils sont devenus comme elle, décédés dans leur dimension branlante de la réalité, morbides cadavres décomposés, arrachés à la douleur par une autre douleur, fleurant bon la cannelle et toute enrubannée de soie. Qui les regarde bien voudrait les remettre à la tombe.
Si je la connais si bien, c'est qu'une année je fus son amant. Comme ces derniers être aujourd'hui perdus, j'ai été charmé. Mais si la Vie m'a appris quelque chose, c'est que son frère l'Amour ne supporte pas longtemps leur cousine la Douleur. Je voulais connaître ce frère pour aimer la sœur, quitte à passer dire bonjour à la cousine, tant que ce n'est qu'un passage. Mais je n'aurais pu épouser cette dernière, la Mort l'avait déjà fait. Mes félicitations aux mariés, et à plus jamais !
Aujourd'hui, j'aime la sœur pour qui elle est. Le frère reviendra le soir tombé, s'il le veut. Quant à la cousine, je la crois restée en de vaines et tristes mains.
PS : je pense réécrire ce texte, il n'est pas assez travaillé à mon goût... Mais votre avis est seul juge.
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Style : autre | Par ifrit | Voir tous ses textes | Visite : 751
Coup de cœur : 9 / Technique : 8
Commentaires :
pseudo : ficelle
Ifrit, pas mal ton idée sur la mort. Je connais ce genre de jeu (enfin, je pense) auquel tu fais allusion, cette fascination aussi. Quant à la forme, tu précises en PS que ton texte n'est pas assez travaillé, alors, si tu veux bien, je te donne mon avis. Je pense, oui, qu'il n'est pas totalement abouti, je pense qu'il faut que tu creuses un peu, que tu emmènes le lecteur plus loin, soit par plus de détails, soit par des représentations que tu amèneras davantage notamment "le frère, la soeur, la cousine"...sans doute. Voilà. J'espère ne pas t'avoir heurté... Je sais aussi que je trouve superbe ton idée de parler de la mort de cette façon.
pseudo : PHIL
J AI EU CE PRIVILEGE DANS MON ANCIEN JOB ET PLUS TARD AU COURS DE MA MALADIE. C EST UNE ADVERSAIRE CORIACE ET VICIEUSE.ELLE SAIT DEPLOYER DES CHARMES INATTENDUS.DIFFICILE DE LUI RESISTER QUAND ON EST DANS SA MIRE.
pseudo : ciloum
je trouve l'exercice de personnalisation de la mort difficile à écrire; alors lui attribuer des qualificatifs...et des parents au sens large...la famille de la mort? Je ne suis ps sûre qu'une telle reflexion puisse aider à comprendre quoi que ce soit...Excuse-moi Ifrit mais les philosophes, les psychanalystes ont des points de vue intéressants sur la question.Qu'est-ce que cela veut dire au fond? On lutte contre soi-même, contre nos propres instincts de mort. Ce que l'on peut raconter d'une expérience suicidaire est très personnelle,bref pourquoi pas disserter sur ce thème mais je ne vois pas bien où tu vas aboutir.Bon dimanche de vie.
pseudo : obsidienne
passionnant, l'univers de ton texte est fascinant, comme la mort, et effrayant, comme elle
pseudo : pitchoo
Ou sont les textes d'amour mon cher Ifrit? Est il donc trop peu présent, pour que tu pense à deux tels choses? Le discours est plus triste, mais n'en reste pas moins beau. Un petit message qui ne sert pas à grand chose, si ce n'est à te montrer que je lis toujours tes textes.. Bisous
pseudo : ifrit
Merci énormément pour vos commentaires. ficelle, je suis en train de le compléter. Ne t'en fais pas, tu ne m'as pas heurté et ton avis m'intéresse. cliloum, ton interprétation est bien cherchée mais ce n'est pas ça. La vie continue et c'est heureux ! Merci obsidienne, tes commentaires me touchent, mais tu es un écrivain plus passionnant que moi ! Ne t'en fais pas pitchoo, j'écris de tout mais le plus beau est toujours le plus important. Ceci dit, l'amour est effectivement trop peu présent. Tes messages servent toujours.
pseudo : cha
Joli texte, toujours en légèreté! J'aime beaucoup le raport "familliale" que tu établi entre la vie, la mort et les sentiments.
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