Tire une carte. Pose une question. Quelle est cette carte ? Quand le hasard et la curiosité se rejoignent, le plateau change. Selon ta question, selon ton habileté avec les mots, les gestes, le langage en somme, le jeu peut s'arrêter ou continuer. Alors se posent les vraies questions. Au fur et à mesure de ton évolution dans le jeu, les réponses, se profilent, sensibles ou raisonnables, discrètes ou évidentes, peureuses ou terrifiantes. La première question arrive, pratique : comment ?
Comment savoir ? Puis comment continuer à savoir ? Joue.
Mauvaise pioche. Pose une autre questions. L'adversaire est de taille, c'est son jeu. Savoir et faire savoir. Cacher et révéler. C'est toujours mieux que l'oubli. La seconde question est là : pourquoi ?
Pourquoi fouiller jusque dans les moindres replis de cette chair et cet esprit ? Pourquoi ta curiosité t'a-t-elle amenée en ces lieux troublés qui hument cette détresse si pressante, si affolante et l'attisent au point de la briser au seuil même de sa finitude ? Pourquoi entrevois-tu les réponses de cette manière ? Pourquoi ce frisson qui parcourt ton échine de haut en bas, puis de bas en haut, cette affreuse excitation ? Encore. Joue.
Avance de trois battements de cœur. Vite, avant qu'il ne s'arrête, avant que tu ne perdes totalement le contrôle de tes sens. Fébrile, c'est ton nom désormais. Angoisse et Doute sont tes amis. La Peur est ta déesse et le Regret ton dieu. Ensemble, tous ensemble, ils posent la troisième question : le veux-tu ? Doute et Angoisse ne tarissent pas sur ce sujet, tandis que Peur et Regret te regardent de là-haut, tout là-haut. Est-ce si important pour toi au point de risquer leur contentement ? Ou bien est-ce inconscient ? Ce sentiment t'appartient, il t'est naturel, inné, racial ! Cette tare tant appréciée quand elle ne nous concerne pas te taraude, elle te bat comme on bat le blé, te rompt comme on rompt le pain, c'est une faim qui te dévore les entrailles comme mille vers grouillant.
La réponse t'est donnée. Alors sous la verte pelouse s'ouvre le gouffre béant, les arbres s'enflamment, les oiseaux tombent du ciel frappés par la foudre, le Soleil a disparu, la Lune se dévoile. Dans sa lumière, tu contemples le visage serein qui t'a donné la réponse, ses yeux te renvoient ton reflet. Il porte la marque de ton dégoût, ta honte, ta culpabilité. Ton ventre enfle et explose, les vers jaillissent et recouvrent ton corps. Ils pénètrent dans ta bouche pour retenir tes questions, s'introduisent dans tes oreilles pour arrêter les réponses, retournent tes yeux pour ne plus avoir à supporter ta propre image monstrueuse.
La curiosité est une épée à double tranchant, préférez-la posée sur une table que brandie au-dessus de votre tête. Damoclès vous aidera.
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Style : Réflexion | Par ifrit | Voir tous ses textes | Visite : 509
Coup de cœur : 9 / Technique : 8
Commentaires :
pseudo : obsidienne
je reconnais le jeu de la vie, qui ne s'arrête pas tant que tous les compléments circonstanciels n'ont pas trouvé leur question et leurs réponses...
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