C'est la rumeur du jour, c'est aussi le bruit qui coure en ce moment : c'est l'an neuf, comme ils disent.
Pour cet événement, des gens, tous bien, se sont réunis.
Satisfaction, « nous sommes entre nous. On est bien ! »
En moi, un sentiment neuf commence à poindre.
Tiens, c'est donc le moment de faire du neuf
Foin des mascarades habituelles, et des simagrées
au diable les rituels ronds et sans saveur,
au panier mon sentiment d'impuissance,
ce soir j'ose...
je fais peau neuve.
L' hôte bien pensant lance un sujet de conversation
sujet standard,
sujet facile.
« c'est grâce à 68 qu'on en est là »
Il est tard
rythme alcoolisé de la soirée.
Neuf
Je m'empare du sujet, heureuse de pouvoir asseoir mon opinion.
je m'affirme et m'expose.
Les idées fusent, les mots s'envolent, la gestuelle prend le pas, plus haut, encore et toujours plus, chacun son vocabulaire. Le ton s'emballe...
Mais,
dans ce brouhaha d'idées
nous écoutons nous ? Echangeons-nous ? Communiquons-nous ?
Au fond de moi, je m'amuse de cette joute,
je me réjouis du ton passionné,
je joue de subtilité,
je cherche l'étincelle du moment,
je me grise de cette quête
j'aime cette confrontation d'intelligence.
C'est neuf. Adieu enfin les soirées aux regards plats, et verres vides.
Soudain, un mot tombe
cinglant, je le reçois en pleine figure. Il a la force d'un adjectif
« fille mère » couronné de « homophobe »
Étiquetée.
Cataloguée.
Estomaquée...
Et, salie.
Mon sourire me quitte, mon amusement s'évanouit,
le dépit prend place.
Affublée de ces 2 joyaux mais appauvrie, je me lève.
Repue de ces mots, habillée de leur verdict,
Je m'en vais,
enfermée,
définitivement dans un silence,
celui qui est tyranniquement correct.
On ne m'y reprendra pas, à vouloir faire du neuf.
Attention à ce que vous ne dîtes pas, c'est pire que ce que vous dîtes !
Continuez à dîner et échanger des paroles sans substance, elles rassurent...et évitent l'étiqueteuse !
2 janvier 2009
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Style : Poème | Par ficelle | Voir tous ses textes | Visite : 629
Coup de cœur : 10 / Technique : 8
Commentaires :
pseudo : scribio
Ficelle, ton texte est terés agréableà lire, on aenvie de connaître la suite, belle réflexion, les mots peuvent faire mal, mais le silence aussi.
pseudo : Brestine
Mettre des étiquettes sur des gens. Voilà un regard bien réducteur sur l'être humain, si complexe. On n'a pas toujours les mots pour le dire. On se fait sage dans un silence, mais il est de rigueur. Je crois qu'il est parfois difficile de discuter, d'échanger véritablement quand on se heurte au poids absurde du préjugé. Mais peut-être faut-il tout de même rester dans le dialogue, ne pas avoir peur d'affirmer son intelligence, croire que l'on peut faire grandir dans le partage...
pseudo : Cécile Césaire-Lanoix
Quelle magnifique satyre de la société! Bravo ficelle pour ton talent!
pseudo : PHIL
BELLE DESCRIPTION D UNE CONVERSATION DE "JE SAIS TOUT, MIEUX QUE VOUS".CES REGARDS ENTENDUS EN DESOUS.J AI CONNU PAREIL EXPERIENCE AUJOURD HUI JE M EN FOUT. MEME DE L INDIFFERENCE DE "CES AUTRE".Chouette texte Ficelle. Amitiés
pseudo : gigi
ce texte me plait beaucoup, je ne vis pas une vie agréable, car toujours cette peur du quand-dira-ton me rejoint et j'ai toujours beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens, lorsque je suis au dehors.
pseudo : obsidienne
chic, te revoilà, toujours percutante, 2009 c'est neuf d'abord, tu as bien raison.
pseudo : Najah hamid
Très très beau texte…c est un merveilleux PORTRAIT. Un tableau rare D UNE CONVERSATION neuve d après mai 1968 et c est grâce aux choses conquise en 68 que cette conversation neuve s est tenue …très profond tableau des étiquettes.les dires. Les non –dires. Le sous-entendu... Attention à ce que vous ne dîtes pas, C’est pire que ce que vous dîtes ! On n ai pas en 68 en est à l an neuf…allons…du sérieux. Il faut désirer à faire du neuf. C est l instant ou jamais de chercher l'étincelle du moment, aimer cette confrontation d'intelligence. C'est neuf. Dommage…, un mot tombe cinglant, mais, tu le reçois en pleine figure. Il a la force d'un adjectif... Fille mère … Étiquetée. Cataloguée. Estomaquée...Et, salie… ton sourire te quitte, ton amusement s'évanouit, tu te lèves. Tu t enfermes, définitivement dans un silence, celui qui est, pour toi, tyranniquement correct. Le ton s'emballe...Mais, dans ce brouhaha d'idées nous écoutons nous ? Echangeons-nous ? Communiquons-nous ? J ai beaucoup aimé…c est un très beau et fort court-métrage… ce n est pas un tableau... C est Un film… c est une histoire…de quarante et un an…ton poème dialogues énormément de choses. Merci ficelle. Déesse des rimes…
pseudo : ficelle
Merci à tous. Il est très dur de ne pas juger les autres, car il est extrêmement rassurant de pouvoir les étiqueter, au moins on sait (on croit savoir) de qui on parle. Il est donc aisé ensuite de pouvoir ranger tout cela, les idées, les personnes étiquetées, dans des boîtes, des tiroirs etc...Hé bien non ! Car après ça, une fois que c'est dit et fait, on fait quoi ? Et puis, c'est réducteur ! Ce serait bien simple si chacun de nous pouvait se résumer à un seul mot ou adjectif, il n'y aurait plus de discussions ni de débats. Mais, l'Homme est riche et passionnant. Et il a défini toute une palette de mots justement à cause (?) de cela. Merci de votre lecture.
pseudo : ciloum
bien d'accord mais aucune raison d'avoir spécialement peur de l'étiqueteuse car elle ne gène pour grandir en connaissance des autres que ceux qui l'utilisent.
pseudo : volatile
Discussions passionnées, arrosées, endiabliées, alcoolisées, désinhibées et finalement, à un moment donné, faussés. Reste à savoir où est la limite. Pour ce qui est du jugement, son drame est s'il est sans appel. Nous jugeons tous et sommes tous jugés. C'est une des formes de l'intelligence humaine, de réfléchir, de se faire une idée, une opinion. Mais tu m'as expliqué la leçon il n'y a pas silongtemps: un jugement peut être peaufiné par la discussion, l'argumentation, l'explication, la révélation. Il fait place alors à un enrichissement personnel, celui de mieux connaître l'autre ou les autres. Et j'ai aimé ta façon de raconter cette soirée ce soir là.
pseudo : Sébastien Francheteau
Tout ça n'est pas sérieux dans le fond. L'homme a tellement de mal à communiquer qu'il a besoin de repères, seul l'alcool peut délivrer des semblants de spontanéité... Il faut vivre ces soirées comme dans un cirque, c'est préférable, que les étiquettes ne collent plus... Merci pour avoir dit ce que beaucoup de gens y compris moi pensent... à bientôt Ficelle!
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