Il y a, au ciel, un bleu plus qu'argenté
Un azur plus que d'or
Nuances pastels d'une palette éphémère où se mélangent,
Sans lois,
Plus d'éclat que de clair,
De vert que de fuchsia
Où les coups de pinceau d'une intime aquarelle
Dessinent des océans, des vagues multicolores
Le ressac caressant le sable des nuages
Le sillage des comètes à la surface du monde
Le lac imperturbable et ses cristaux de glace
Le reflet de mon âme laissée au fil de l'onde
Le reflet d'une planète
Dans une goutte d'eau.
Des heures, j'aurai passé
A observer les cieux, à lire entre les lignes,
Rêver les yeux ouverts du bonheur d'être libre
Des heures, des jours, des mois, des années, même !
- Plus d'années qu'il n'en faut pour se lasser de vivre -,
A chérir chaque averse, chaque coucher de soleil
A profiter pleinement de chaque instant radieux
De chaque moment d'ivresse
Passant d'extase en ravissement,
De merveilles en merveilles
Jusqu'au point culminant où l'horizon s'embrase
Vêtu de bleu, de gris, d'ambre et de vermillon
Pour s'éteindre lentement et mieux feindre le sommeil.
Le vent, complice,
Ne se lassait jamais de chanter en mon nom
Les arbres reprenaient en cadence
Et les brins d'herbe dansaient
Les étoiles devenaient mon humble résidence
Et l'univers entier célébrait notre communion.
J'étais heureux alors, ou du moins le croyais-je,
Comme je croyais ne pouvoir aspirer à plus de raffinement,
Avoir tout vu, tout connu, tout appris
Persuadé qu'aucune fleur, ici-bas,
- Qu'elle soit lys, qu'elle soit rose, fille de la terre ou de la lune -
N'aurait pu égaler l'infinité céleste, l'immensité nocturne,
Les fragrances printanières,
L'été, son insouciance,
La blancheur de l'hiver,
L'automne et son extravagance.
C'était un monde si beau que je conservais en mon cœur
Un monde si riche, si pur,
Que je l'y avais enfermé, à double tour.
Craignant qu'on ne le vole, j'avais jeté la clé, forgé de lourdes chaînes,
Ajouté aux serments des promesses éternelles
Vaines, mais sincères
Naïves, mais solennelles
C'était un monde si beau,
Pourtant
Ce n'était rien.
La mer, le ciel, les feuilles aux quatre vents,
Les couleurs, les parfums et les fleurs que l'on cueille,
Les perles, les braises, le verre et le diamant...
Qu'aurait-il pu rester, qui ne soit désormais
Ni fade, ni terne, ni triste ?
Vide et sans charme, sans vie, sans élégance ?
Quand un regard, à lui seul
- Un regard fugitif et surpris au hasard -
Peut toucher l'âme plus qu'un reflet, plus qu'une communion
Briller à en briser le cœur de celui qui le croise
Transpercer l'être, reléguer au paraître ses plus hautes ambitions
Donner aux rêves une dimension nouvelle et enlever au sens toute signification.
C'était un monde si beau, si riche, si pur
- Du moins, je le croyais -
Car elle est bien plus belle encore et je suis mort dans son regard,
Pour renaître à présent,
Privé de mots,
A me débattre sans trouver le ton juste,
La moindre métaphore
Incapable de la moindre rime, impuissant,
A bout de force...
Et je ne sais...
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Style : Poème | Par L. | Voir tous ses textes | Visite : 712
Coup de cœur : 11 / Technique : 8
Commentaires :
pseudo : Brestine
Et moi, je crois que tu sais nous émouvoir profondément. Tes mots sont d'une couleur douce et soyeuse, comme j'aime. J'ai hâte de lire d'autres textes...
pseudo : ciloum
à trop courir après les rimes on en oublie parfois le fond (de la chaussette) et ce n'est pas ce que tu as fait; j'iame l'idée de donner aux rêves une dimension nouvelle, très très important le rêve
pseudo : ficelle
...et je ne sais, moi-même, pas quoi dire après un texte d'une telle beauté et d'un tel élan...Tu m'as fait vibrer, tes mots passionnés si justement ont touché mon coeur si froid. Alors, MERCI ! MERCI, MERCI ! merci de lui avoir redonné une vibration le temps de cette lecture..
pseudo : L.
A nouveau, je ne peux ici que me perdre en remerciements ! On est sensible ou on ne l'est pas ! Comme je l'ai écris ailleurs, j'écris pour "créer une résonnance", "tisser un lien", transmettre des émotions. Si j'y arrive ne serait-ce qu'un peu, alors, je ne peux qu'être le plus heureux des hommes ! Je crois que je vais donc m'encadrer tous vos commentaires pour les avoir sous les yeux à chaque crise d'abattement ! @Ficelle : je ne peux pas croire que ton coeur soit froid, s'il se laisse toucher par ce que j'écris. Tout au plus doit-il s'être entouré d'un gangue de glace pour se protéger, mais s'il était véritablement froid, toi aussi, comme tant d'autres, tu m'aurais jeté des cailloux ! ; ) @TOUTES : MERCI, de la même façon. Ecrire un texte, c'est une chose. Le lire en est une autre. c'est aussi le réécrire "pour soi/par soi", se l'approprier (sans toujours le savoir ou s'en rendre compte)... Merci, donc, de l' (les !) avoir si bien réécrit(s) !
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