La case de Doudou a deux pièces ; une pour dormir, avec des matelas par terre et des grandes moustiquaires autour ; l'autre c'est le salon, il y a deux chaises longues de jardin, une petite table, un buffet en bois. Les murs sont jaunes avec des taches, et trois photos en noir et blanc sont accrochées dans des cadres en bois : ce sont son oncle, sa grand-mère et son grand- père.
La table a une nappe blanche imprimées de fleurs roses délavées, et sur le buffet se côtoient la maquette d'un vieux bateau à voiles et une petite radio, toujours allumée.
Pour sortir il faut pousser le tissu bleu dans l'ouverture de la porte ; ça donne sur la cour, d'autres cases donnent sur la cour dont celle d'un oncle marabout qui reçoit une à une ses clientes ; elles attendent dehors, sur quelques chaises alignées contre le mur. Au milieu de tout ça pousse un vieux manguier, ses feuilles sont couvertes de poussière rouge, rouge comme partout la terre ici.
Un chauffeur de taxi m'a conduite par erreur chez Doudou, mais Doudou m'attendait et depuis j'habite ici.
Des femmes poussent le tissu bleu et entrent pour lui porter du poulet avec du riz et une sauce.
Aujourd'hui il y a trois amis chez Doudou ; nous mangeons  tous et ils discutent du match de foot. Parfois aussi personne ne dit rien, et sur ce fond sonore qui sort de la radio, il y a le silence : on est là, ensemble. On passe le temps.