Le jour décline, transformant toutes les barrières qui nous tenaient éloignés par des mots, des caresses, des idées parfois secrètes, parfois dicibles et toujours joyeuses.
C'est un moment étonnant qui concentre en quelques heures le travail de toute une vie, entre toi, mon bel amour, sujet de toutes mes respirations incontrôlées, raison de ma déraison, toi que je ne connais pas, toi qui me donnes une réponse sensuelle à tous mes gestes, toi à qui j'offre ce que tu imagines seulement, la matérialité de mes sensations, de mon mécanisme sensoriel à travers un tremblement, un sourire, une parole et moi, sujet à peine conscient.
Une vie ne nous suffira pas à essayer de comprendre comment chacune de nos sensations s'enrichit du passé de l'autre, du présent de l'autre et certainement de son futur. Dans ce bel album de phrases graves qui disent l'importance de notre découverte, d'odeurs reliant nos souvenirs et de couleurs qui s'avivent avec le temps, se trouvent cachées des histoires qui ne sont pas les nôtres, des moments qui se ressemblent et qui nous fabriquent, en permanence, parce qu'ils s'ajoutent à ce que nous savons faire ensemble. Au détour d'une page, de temps en temps, nous retrouvons ce pétillement toujours nouveau, toujours enivrant de l'amour qui naît, un signet plus riche qu'un autre nous dit qu'avant, d'autres mains nous ont caressés, d'autres lèvres nous ont émus. Et puis, en filigrane apparaît la ressemblance de tous ces gestes, de tous ces moments, la similitude de tous ces mots pourtant nouveaux.
Alors, au diable les convenances, et raconte moi comment nous revivons sans cesse notre éveil, dis moi comment nous répétons nos prochains émois, montre moi comme tu sais si bien être humain, sans cette culpabilité qui nous empêche de nous illuminer totalement.
Le jour décline, la plus grande barricade vient de tomber. Ce n'est pas nous qui l'avions construite. Nous voilà bien entourés.
Et nous nous retrouvons, seuls et amoureux, définitivement.