Il y a des rencontres qui ne s'éteignent jamais, celles que l'on fait au gré de sa vie, dans la sincérité et la tolérance, celles que l'on nourrit de son histoire et que l'on grignote avec gourmandise, celles qui modèlent notre paysage amoureux. Chacune nous fait ressembler à une araignée courant au piège que lui tendent ses proies, chacune est un fil qui nous relie à la vie, chacune installe son trésor que l'on partage toujours équitablement. Et ces rencontres qui réchauffent comme des braises mal éteintes ne font jamais souffrir.
Elles tournent, installées dans un carrousel doré.
Parfois cependant la douleur perce, comme de l'eau froide crépitant sur un feu doux en menaçant de l'éteindre définitivement, comme un voile noir qu'un soleil soudain pâle ne parviendrait plus à percer. Elle n'est pourtant qu'une inconsistante peinture de la vie qui exige d'avancer sans cesse vers son idéal, de ne pas rompre ces liens ténus vers une image parfois fugitive du bonheur et de toujours offrir ce que l'on a de meilleur.
Et chacun vient et revient prendre sa place dans ce manège, chacun vient s'attacher à l'autre et à cet autre encore, tissant la toile somptueuse d'un ciel plein de couleur.
De temps en temps, le manège tourne moins vite, mais toutes les lumières sont toujours allumées et la bonne odeur de barbe à papa et de pralines caramélisées vient raconter à tous que c'est jour de fête. Tout le monde veut attraper le soyeux pompon et repartir pour un tour.
Dans ce manège merveilleux, qui casse parfois, déversant dans une forêt de croix une amie chère, il y a toujours quelques dauphins, quelques chevaux ou quelques champignons géants qui attendent passagères et passagers. Alors, fiers de leur bonheur, il n'est pas rare de voir quelques élégants grands hommes saisir l'une ou l'autre inconnue pour lui donner une vision panoramique de leur vie.
On ne sort plus de ce manège, il y a définitivement un fil qui vous y relie, un souvenir, un sourire.

On y revient toujours, c'est si bon, une vie pleine de rencontres.