Le silence de mort qui régnait dans cette forêt me donnait froid dans le dos. J'avais l'impression qu'elle n'avait pas de fin et que j'allais à jamais rester dans ce sinistre endroit à trembler dans l'eau glacée des marécages. Je courais, je courais sans jamais m'arrêter. Soudain j'entendis un craquement derrière moi, je me retournai mais ne vis personne. De nouveau ce craquement sur le côté. Je posais ma main sur un arbre à côté de moi prêt à sortir mon arme. Je vis sortir de l'ombre une armée de créatures aux crocs acérés d'où un filet de bave coulait. Leurs yeux étaient de flammes et leurs cornes étaient tranchantes comme des couteaux.  Je sortit mon épée et la plaçait devant moi comme mon maître d'armes me l'avait appris. Les créatures sortirent de magnifiques épées. Je n'avais jamais vu de si belles armes, des épées si brillantes, si tranchantes, ornées des pierres précieuses. Ils se mirent en garde. J'avais horriblement peur mais je ne renonçais pas. Un chevalier ne devait jamais avoir peur. Alors je m'élançais en criant: « Que Dieu soit avec moi et dirige mes armes ». Le sang coula à flot. Je me battais pour ma bien-aimée, la belle Eglantine. Je transperçait des corps et dirigeais mon épée comme un seigneur. Dans un moment de faiblesse, alors que je levais mon épée pour frapper, je sentis mon cœur se déchirer. Jamais, je n'avais ressenti pareille douleur. Je vis du sang devant mes yeux, je le sentis couler de mon ventre. On m'avait touché, mes yeux commençaient à se fermer et je vis la face de ma bien-aimée. Je me sentis plein de honte d'avoir échoué contre ces monstres. Je sentis mon épée dans ma main et je repris courage. Je me relevai doucement, silencieusement. Les créatures avaient faits demi-tour me croyant mort. Je m'approchais doucement de l'un d'eux et lui enfonçait d'un coup sec mon épée à travers le corps. Il tomba raid mort. Les autres se retournèrent, les yeux pleins de haine. Le combat reprit et je sentis Dieu guider mes gestes. Les créatures tombaient une à une. Le sang coulait et se mélangeait à l'eau glacée des marécages. Bientôt il n'en resta plus qu'un, celui qui depuis le début restait accoudé à un tronc d'arbre et regardait ses compagnons mourir sans agir. Il était plus gros, plus grand et plus armé que les autres créatures. Il devait être leur chef. Je me lançais prêt à lui enfoncer mon arme dans le corps. Au dernier moment il attrapa mon épée et la jeta à une dizaine de mètres plus loin. Je le vis qui me regardait avec un rictus qui dévoilait ses dents plus tranchantes que mon épée. Il se jeta sur moi mais je l'évitais de justesse. Il sortit une immense hache qu'il souleva et frappa contre terre pour me monter par la faille dans la terre que je ne survivrais pas à ce combat. Nous nous battîmes au milieu des cadavres. J'avais mis au point une tactique, j'esquivais tous ses coups en espérant qu'il se fatigue. Il semblait inépuisable, cela devait faire plusieurs heures que nous nous battions. Il souleva sa hache et frappa, j'esquivais le coup et passait derrière lui. Je profitais d'être intouchable pour lui transpercer le corps d'un coup d'épée, le plus puissant que je n'avais jamais fait. Cet immense corps tomba, faisant trembler la terre. Je continuais mon chemin, exténué.

Les jours passèrent, je ne m'arrêtais que très peu pour boire et manger, je ne dormais pas. Enfin quand j'aperçus la forteresse de dame Eglantine et je sautais de joie. Je descendis de mon cheval et fit descendre le pont-levis. Dame Eglantine m'accueillit et je lui racontais mes aventures en apportant pour preuve la tête du géant. Nous nous mariâmes et nous vécûmes heureux.