C'est la peur du temps qui passe qui nous fait tant parler du temps qu'il fait. Une goutte de pluie vaut mieux parfois qu'une mare de larmes étendues sur ton oreiller. Tu pleures parce que les secondes se déchainent et les minutes te torturent, tu ne peux plus résister aux heures assassines qui t'étranglent lancinement. Tu voudrais que tous les bons moments durent pour toujours et que s'éternisent les instants fabuleux. Alors tu te prends à rêver des jours entiers à ce qu'aurait pu être la suite si tout n'avait pas dû se terminer si brutalement. Tu crois que tout aurait pu être merveilleux à jamais et que tout cela est trop injuste. C'est vrai après tout, pourquoi tu n'aurais pas le droit d'être heureuse plus longtemps ?
Pourtant au fond de toi, une petite voix te murmure que les instants magiques sont toujours ceux qui sont éphémères, que la beauté des choses n'est réelle que lorsque l'on sait qu'elle va faillir. Qu'y a-t-il de plus précieux qu'une rose que l'on s'attend à voir faner d'un moment à l'autre ? Tu oublies trop rapidement que si tu étais toujours aussi heureuse, ça deviendrait une habitude et que comme toute routine, ton bonheur finirait par t'ennuyer par sa monotonie.
Tu crois que tu aimes fort, que rien ne peut être plus intense et tu es triste ... mais les relations les plus inoubliables sont celles qui flambent sous l'effet de la passion et n'ont pas le temps de s'éteindre au fond de ton cœur.
Ta vie est trop courte pour que tu t'éternises quelque part entre ton passé et tes envies... les gens, les choses, les paysages, tout change et tout s'agite. Toi, qu'es-tu au milieu de tout ça ? Tu penses que rien ne vaut plus la peine, et que puisque tout est détruit aussi vite, il est vain de vouloir tout reconstruire de nouveau. Mais l'esthétique du monde tient à ça, c'est comme un château de sable que l'on construit sur une plage, qui est léché par la mer, s'évanouit et que l'on reconstruit chaque fois plus grandiose et admirable. Parfois la mer emporte très loin des grains de sables qui tenaient une place de choix dans le château... mais ces grains seront toujours dans la mer, et puis la plage est encore pleine de milliers de grains de sables aux qualités encore mystérieuses. Et si la mer un jour t'emportes alors ne pleures pas parce qu'ailleurs, il y aura toujours de merveilleux grains de sables, et puis la mer va et vient au gré de la lune... qui sait ?
Tu pleures trop et tu te noies, tu ne voies plus que les secondes qui courent sur ton cadran, tu ne discernent plus tout ce monde qui chahute autour de toi, qui te tend les bras, qui sourit et qui t'envie. Toi, toi qui profites de ta jeunesse, qui bouges, qui tournes, qui chavires, qui fuis et qui reviens, toi qui poursuis tes rêves, qui aimes et donnes. Toi qui t'effondres, qui pleures et qui soupires, qui se lamentes et qui cries, qui injures et qui détestes. Toi, blessée, mal au cœur, mal de vivre, maux d'adieu.
Tu revoies en boucle ces images, ces sourires faux, ces promesses, ces embrassades, ces câlins et puis ces larmes, ces crises de pleurs... jamais tu ne pourras oublier. Oublier, c'est ta grande frayeur, ta grande promesse, non tu n'oublieras pas, tu n'oublieras rien, tout a été trop parfait pour oublier. Mais déjà tu oublies, tu oublies que tu n'as que vingt ans, que ta vie commence juste et que se remémorer c'est bien, mais certainement que tu le rediras des dizaines de fois, que tu n'oublieras pas. Alors tu garderas en mémoire des centaines de souvenirs confus qui formeront une histoire imprécise dans le cours vaporeux de ton existence.
Dehors il pleut, tout est perdu à jamais, tu sais que la vie reprend son cours mais tu te dis que rien ne sera jamais comme avant. Tu as raison, rien ne ressemblera plus au passé, parce que ta vie c'est toi qui l'écris et tu as acquis de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux pour l'écrire un peu différemment... Tu observes, tu écoutes, tu constates, tu évalues, tu contemples, tu dévisages, tu guettes. Tu crois que tu es en dehors de tout ça... pourtant tu te méprends, car le monde qui continue de tourner autour de toi est bien aussi ton monde à toi, alors ne reste pas statique, saute dans le train et poursuit ton voyage.
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Style : Réflexion | Par speichlou | Voir tous ses textes | Visite : 973
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Commentaires :
pseudo : Lulu
Un beau discours qui semble avoir été écrit pour moi. Merci ! Bienvenue sur le site.
pseudo : Denis.Z
Très belle réflexion. J'aime! Merci.
pseudo : Valérie
bravo tu es vraiment une fille formidable!!!
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