Le célibat a ça de bien qu'on peut flirter avec qui on veut sans se sentir coupable. J'ai pu en goûter les joies avec notre petit jeu dans le métro.
Rencontre impromptue devant un wagon bondé que nous avons d'un commun accord, dans l'intime secret, choisi de ne pas emprunter pour nous retrouver tous deux sur le quai pour dix minutes de plus.
Je regardais tes longs cheveux décolorés pendre jusqu'au bas de tes hanches fines. Sobre, classe, vêtue de noire avec une touche rouge, l'écharpe laineuse qui s'éparpille sur tes épaules. Tu raccroches, au moment où tu te tournes, on m'appelle aussi. Aïe ! Un correspondant anglais ! Mon piètre accent anglais sera-t-il à la hauteur ? Je réponds, souriant de cette situation cocasse et séduit par l'expression de ton visage alors que tu me scrutes de tes grand yeux marrons. Ton rouge à lèvres est un bouton rouge sur une rose blanche, et ton sourire en me regardant articuler un « I'll call you on Sunday » me fait l'effet d'un coup de tonnerre.
Un petit coup d'œil vers toi pour m'assurer que je te plais toujours. Tu me réponds, amusée au moins tant que moi. Nos sourires se mêlent. La foule est derrière nous, ignorante de l'épopée romantique qui se joue sous leurs yeux, ils nous laissent champ libre. Un autre wagon arrive, tu t'éloignes pour monter dans le premier, je te suis, furtivement. Tu savais très bien que je monterais dans le même que toi. Tes yeux ne mentent pas, ils sont tellement beaux. Deux truffes au chocolat qui flottent sur une flaque de vanille laiteuse, où se baigne une fraise mûre.
Je suis en face de toi, cinquante tragiques centimètres nous séparent, mais ne nous laissons pas abattre ! Ton regard se fait plus insistant tandis qu'un couple vient s'interposer dans notre dialogue oculaire, tu passes la tête sur le côté. Je sais que tu me regardes, alors je souris. Je souris au milieu de tous ces gens maussades et seuls, même si je suis aussi seul qu'eux, je suis seul avec toi. À mon tour. Je me retourne et soutiens la vision de ton désir lancinant dans ces yeux humides. La pâleur de ta peau m'éblouit, mais pas tant que ce regard, ce sourire, et ce petit signe que tu fais sur ton cou. Nous avons lu le même désir l'un dans l'autre. Je ne sais même pas quel âge tu as, la trentaine je suppose. Et tu dois t'imaginer que j'en ai autant, triste désarroi pour quelqu'un qui n'a même pas encore la vingtaine ! Mais qu'importe ! Le désir n'a pas d'âge !
Il reste deux stations avant le changement. Je devine que tu y descends également. Vite, préparons-nous à nous quitter avant que l'on se trouve. Ce pourrait être fougueux, passionné, sensuel, que sais-je encore, ce pourrait être nous. Mes doigts viendraient caresser ce point de ton cou qui tu sembles affectionner particulièrement, tandis que je me plongerais dans tes yeux, pour jouir de ce miroir d'un désir que je semble t'inspirer jusqu'au plus profond de ton être. Tu ne dirais rien, je ne dirais rien, juste nous regarder. Mes lèvres sont sèches. Je vois que les tiennes aussi.
Les portes s'ouvrent, je nous ouvre le chemin de la sortie à coups d'excuses et de coups de coude. Tu me suis, tu me suis, tu ne me suis plus. Nous prenons la même ligne, mais chacun dans un autre sens.
Je t'adresse un adieu silencieux affublé d'un dernier sourire, que tu me rends, le plus beau de tous, avec un baiser.
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Nouvelle | Par ifrit | Voir tous ses textes | Visite : 860
Coup de cœur : 9 / Technique : 7
Commentaires :
pseudo : Jojo
Une tres belle, que tu nous conte la mon cher Ifrit, a plus tard sur TRS
pseudo : Lulu
Joli petit moment...
pseudo : Olorion
Jojo a dit qu'il avait aimé alors je viens faire un tour. Je sais pas quoi te dire sinon que c'est super beau. C'est comme dans un livre qu'on dévore pour savoir la suite! J'espère que tu la rencontreras à nouveau je veux la suite.
pseudo : pitchoo
C'est en effet une belle histoire, tout à fait le genre que j'aime lire : ) Ecris un bouquin, je sais plus quoi lire dans le RER =)
pseudo : pitchoo
C'est en effet une belle histoire, tout à fait le genre que j'aime lire : ) Ecris un bouquin, je sais plus quoi lire dans le RER =)
pseudo : MilitaryJonh
Mon cher Ifrit, ce récit m'a boulversé, car parisien n'a jamais ressentie ça ou l'a vécus ! ! !
Nombre de visites : 69880