Le commun des mortels sait qu'il n'y a pas d'endroit plus rassurant que sa propre maison
Se sentir comme à la maison et être libre d'agir comme bon nous semble
Protégé du monde extérieur, à l'abri dans sa maison, comme nos sentiments peuvent l'être dans l'écrin de notre corps
Donc bien sûr quand la sonnerie du téléphone retentit, ou plutôt vrombit
Cela donne une compulsive envie de couper le courant
En plus, imaginez-vous, une amie vous appelle, à l'heure du dîner
Elle est complètement paniquée, peinant à s'exprimer
Et perdant haleine à force de débiter d'incohérentes paroles
« Maléna, doucement, calme-toi, ce n'est pas la peine de t'inquiéter... »
Son mari n'est pas rentré, elle l'attend depuis plus de trois heures
Mais en vain, il est injoignable
Tout en me stressant, Maléna m'a déjà convaincue à moitié
Vite que je l'accompagne pour signaler sa disparition
Wahou, le stress a déjà gagné du terrain
Tac-tac-tac, mon cœur bat trop rapidement
Cela martèle dangereusement à mes tempes
Alarmée et inquiète, Maléna est persuadée que son mari est accidenté
Elle n'arrête pas de dire qu'il lui est arrivé quelque chose
Que faire face à de telles convictions
On est à la gendarmerie, ils viennent d'appeler tous les services d'urgence
Et partout la même réponse, personne de ce nom n'y a été enregistré
Bonne nouvelle, mais rien qui puisse vraiment la rassurer
Malgré tout elle propose de refaire le chemin qu'il a emprunté
Un autre coup de téléphone, dénouement, le mari est rentré à la maison !
Je vous passe le savon dont a eu droit Maléna
A fortiori il y a de quoi s'énerver !
Vraiment, peut-on avoir de telles idées, et voir l'accident et la mort comme toute fatalité
Vidée, l'esprit redevenu léger et volatile, mes pensées et moi voguons au gré du vent
Doucement et sereinement je rentre à la maison