Mon rêve en noir accuse un ton de véhémence
Quand le jour et la nuit conjuguant leurs efforts,
Abandonnent la terre en état de démence
Et peuplent l'horizon de milliers d'oiseaux morts.

Mon rêve en gris chevauche la cavale
Qui galope sans but et sème la terreur
Au milieu du troupeau qui s'affole et détale,
Dans le décor haché d'un cinéma d'horreur.

Mon rêve rouge a peur que la lune en folie
Jette au fond du ravin son mystère éternel,
Laissant aux amoureux nul espoir d'embellie
Sur le chemin boueux d'un lugubre tunnel.

Mon rêve à cheveux blonds s'étire avec mollesse
Près d'une ombre complice au parfum citronné,
Dans le printemp fougueux d'un éclat de jeunesse
Sous le vent qui console un coeur abandonné.