Que ma flamme a dissout des étoiles glissantes ! 1
Alme Venus, qui sous mes toiles salissantes,
Mon âme va rosir que s'éclaire aux décors :
Ton crépis de désir au dessus de mon corps !
Je doute à mon chevet du feuillet que j'écris, 5
A peine me revêt mes quelques manuscrits :
La toile est sans chaleur ! Le fil m'y laisse prit !
Je doute et la douleur m'empoisonne l'esprit ;
Je voudrais voir fleurir, aux chemin, mes fleurons
Mais quand ma main veut rire : aussitôt nous pleurons ! 10
Un nid de vers diffame au creux noir de mon cœur
Des gris vers que j'affame et qui creusent en chœur !
Puisqu'un grain de l'aigrin va germer pour m'abattre
Je ne suis qu'un chagrin qu'une lyre doit battre
Quand je veux de la joie une balance inique 15
Du gai vers qui rougeoie en fait un vers cynique
Et plus rien ne s'amuse en mes lignes brouillées
Qu'une railleuse muse a mes pages souillées,
L'inspirante est partie et vers des doigts maudits,
Vers le cœur avertit aux vers plus applaudis ; 20
Moi, l'incroyable feu sacré de la gaité,
Qui me rend boutefeu ne m'a jamais guetté !
Vous aurez ce revers qui ne parle qu'a l'âme
De marier le vers jusqu'à l'épithalame
Vers et lac, belle forme, et vieux bal onirique 25
Bref, ou l'art ne forme au lecteur qu'un jet lyrique
Un jet droit, jet sans plis, quand le rire slalome :
Ce vieux rire salit mais ce propre de l'homme !
Je vous dirais un non , un peu raide peut être,
Et sans citer de nom ,il vous faudra l'admettre ; 30
Sans cette aide facile et qui voudrait qu'on vole
Déjà geste imbécile un mot que l'on convole
Ces quelques fameux traits à quelques esprits justes
Pour écrire en retrait ! Se cacher sous des bustes !
Je crois : le vers qui joue est plus libre qu'un lac 35
Ce qui le fait bijou c'est le son, ce grand « clac ! »
Qui frappe le tympan, avec humour ou pas,
Pourvu qu'il soit pimpant ! Pourvu qu'il attroupa !
Entre les balconnets de dentelle et de rime
Qu'un rire jalonnait ne serait point un crime ; 40
Des vers, facétieux, pas sérieux, grivois
Contrent les précieux d'une plus juste voix !
C'est un feu dentelé dans la glace du monde :
Ce beau rire esseulé dans une mer immonde ;
Je navigue a travers ce grand océan froid 45
Mais allant vers ces vers c'est avec moins d'effroi ;
Quand des rimes qui sont un feu ou un jardin
Me donnent des frissons ou des coups de gourdin,
Quand maître du désir autant que de mes maux
J'oscille avec sourire au grés de tout mes mots : 50
C'est que je pose encore un bijou sur ma rime
Un frisson sur mon corps...que le rire est sans crime !
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Style : Poème | Par fantomiald | Voir tous ses textes | Visite : 849
Coup de cœur : 8 / Technique : 9
Commentaires :
pseudo : monalisa
FANTOMIALD FÉLICITATION. TON POÈME EST EXQUIS D'UN FRANÇAIS SI BIEN ÉCRIT AVEC DES MOTS MAGIQUES QUI NOUS APPRENNENT LE DÉLICE DE LA BELLE LANGUE FRANÇAISE. MERCI DE CETTE OEUVRE SI MAGNIFIQUE.
pseudo : Phil
Quel rythme et aisance avec l'usage du mot.
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