J'ai un cahier mais ne m'en sers pas.

J'ai un stylo mais je n'écris pas avec.

J'ai aujourd'hui un clavier, un écran, un ordinateur

Et pourtant, le langage reste beau,

Avec de l'encre ou des pixels,

La profondeur des mots m'atteind de la même manière.

J'ai envie d'écrire.

Sans matériel, juste avec mes dix doigts,

Ma tête, mon esprit, mon âme, ma vie.

Mille fantômes me tourmentent,

Mais je suis seul à choisir celui que je hais,

Celui que j'aime, celui qui me hait,

Celle qui m'aime.

Car le monde est en moi, et moi,

Je suis en moi aussi, je m'appartiens.

Voilà pourquoi le langage tire mes fantômes

Par le coeur.

Certains disent qu'on ne se distingue que par nos actes.

Parler est un acte, écrire est un acte,

Attendre est un acte.

Choisir ou ne pas choisir, tel est le choix

Que nous avons déjà tous fait.

On n'aime pas être responsable pour soi,

Encore moins pour les autres, les parents détestent leurs enfants

Pour ça.

Je n'aime plus personne, sinon mes amis.

Mais n'être aimé de personne m'arrache des larmes,

Des larmes de douleur, douleur de ne pas savoir qui, quand,

Pourquoi on ne m'aime pas ?

Je sais la réponse pourtant, mais cela n'atténue pas ma peine :

On ne me connaît pas, on me trouve laid, indifférent,

Froid, dur, seul,

Faible, pathétique, mauvais,

Intouchable.

Je suis inconnu parce que tu ne me vois pas.

Je suis laid parce que tu ne m'as jamais vu.

Je suis indifférent parce que je ne t'ai jamais vu.

Je suis froid pour cela,

Dur pour cela,

Seul pour cela.

Je suis faible car je montre mes faiblesses,

Je suis pathétique pour cela,

Je suis mauvais pour cela.

Mais j'ai l'envie d'aimer, aimer ceux et celles qui ne voient pas en

Moi un être faible, froid et dur, même si je sais que je le suis.

On m'a dit que mourir, c'était un peu comme un glaçon

Chauffé au rouge.

J'ai du mourir beaucoup de fois, je suis un glaçon brûlant et vivant.

Tu ne vois une personne que lorsqu'elle se montre à toi,

Jamais autrement. Lorsqu'elle se chauffe au rouge pour toi,

Que le glaçon que tu vois

Meurt et disparaît sous tes yeux pour laisser l'eau de sa

Vie. Il est mort pour ta vie, pour que tu saches qu'il t'aime.

Je voudrais raconter une histoire. Un jour, un ami m'a dit de ne jamais se laisser voler l'être tant désiré, même si ça n'aurait jamais marché, même si on avait peur, même si on avait confiance en ses amis, de ne jamais hésiter pour cela.

Aujourd'hui, cette leçon a porté ses fruits. Il l'a, l'être aimé. Comme je suis heureux pour lui, comme j'envie cet amour, mais surtout, comme je regrette pour lui. Je regrette qu'il n'ai pas trouvé plus tôt, qu'il ait eu aussi mal.

Est-ce qu'il regrette pour moi ? Est-ce qu'il pense à moi des fois ? Je parle comme si j'étais cet être aimé mais je n'en suis pas jaloux, je sais que nous sommes différents lui et moi.

Les amis durent éternellement, on a toujours besoin de le savoir.