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Extrait (pièce de théatre) L'esprit vous va bien , vous qui n'en avez point par valeix

Extrait (pièce de théatre) L'esprit vous va bien , vous qui n'en avez point

 

Le juge du langage : Monsieur, que nommez-vous par déraison lyrique ?

 

L'absolutiste :  Par déraison lyrique, je nomme une forme de désespoir récurrent qui se traduit parfois,.... souvent,... par un langage exagéré, outrancier, onirique, emphasé, voir empirique !!!

 

L'absolutiste (reprenant son souffle) : Cette question, a proprement provoqué ici même, cette forme d'empressement dont vous souhaitez connaître la raison.

 

Le juge du langage : Mais, quelle mouche peut-elle vous piquez ainsi pour provoquer cette expression dont vous semblez ici reconnaître une certaine exagération ?

 

L'absolutiste : Monsieur, la quête de l'absolue rigueur revêt chez moi un sens quasi héroïque qui devrait certainement préoccuper d'autres que moi !!!

 

Le juge du langage :  Mais.. !!!, que nommez-vous par la quête de l'absolu ?

Nous avons ici du mal à vous suivre !!!

 

L'absolutiste :  La quête de l'absolu, Monsieur (bien appuyé - se sentant incompris), c'est une sorte de réflexe pavlovien , une seconde nature qui s'éveille dès que le Rubicond est franchi !!!

 

Elle humanise en quelque sorte chaque être, le grandissant de l'intérieur, en éveillant sa faconde.

Elle devrait tarauder chacun de vous, pourvu que vous ayez une quelconque conscience !!!

 

Le juge du langage :  Vous imaginez-vous en Saint-Just, ou en juge des consciences ?

Savez-vous, qu'il existe des juridictions spécifiques pour juger du bien fondé de toute forme de débordement ?

 

L'absolutiste : Monsieur (appuyé), je ne saurai, m'octroyer tel ou tel titre !!!

Il faut savoir les porter, les diluer et puis surtout les rendre utiles. Peu le font, pourquoi voulez-vous que je commence aujourd'hui une carrière de dictateur révolutionnaire ?

 

L'absolutiste : Je ne suis qu'un citoyen pourvu de l'usage de la parole et qui occasionnellement s'offre le plaisir si singulier de nos jours, de coucher sur du papier ses pensées obscures ou enjouées.

 

L'absolutiste (réfléchissant) :  J'avoue humblement, faire quelques fautes d'orthographe, mais je ne puis disposer de ma main aussi aisément que ma pensée est leste et agile !!!

Mais, Monsieur le juge, n'écrivez-vous point vous même ??

 

Le juge du langage :  Monsieur (froidement et emprunt de fatuité),  vous n'êtes point sans savoir que cette forme d'écrit a été bannie ; interdite voulais-je dire !!

Toutefois, il m'arrive d'écrire la mort dans le texte...(émoi et cafouillage) !!!  Pardon, la mort dans l'âme au cours de certaines procédures juridiques (sommé de s'expliquer sur le propre émoi qu'il s'inflige)

 

Mais, revenons Monsieur (ton revigoré), à la cause de cette déraison lyrique, et à proprement parlé, à ce que vous nommez le franchissement du Rubicond.

Veuillez apporter à la cour, une explication à cet enchaînement d'actions qui vous a conduit à rédiger cette supplique sur papier !!!

 

L'absolutiste : Monsieur le juge, mon age me permet d'avoir ce type de réflexe. Il fût un temps, pas si lointain, ou l'écriture sur papier, interdite depuis, était sinon permise, du moins naturelle !!

Ca.., vous me l'accorderez ??

 

Le juge du langage :  Venons-en aux faits, Monsieur !!!

 

L'absolutiste : Monsieur, les faits, revêtent bien des formes, mais ne s'expliquent qu'au travers de la mesure de la petite histoire de chacun, dans l'enchevêtrement de la mémoire collective de tous !!

 

Le juge du langage : Les faits, s'il vous plait Monsieur, rien que les faits !!!

 

 (après réflexion) : Greffier, ne notez point ces élucubrations qui n'apportent rien aux faits !!!

 

L'absolutiste :  Monsieur le juge,... le greffier, n'était-il point, il y a quelques siècles, le chantre de cette forme d'expression pour laquelle je suis ici devant vous ??

Je note d'ailleurs, non sans une certaine ironie éprise d'un certain plaisir, que ce terme n'est plus en adéquation avec les conditions actuelles du métier !!!

 

Le juge du langage : Greffier,... ne notez point cette intervention.

Monsieur, je me verrai bientôt obligé de me sentir outragé !!!

Veuillez cesser ces propos et répondez à la question que nous vous avons posé !!!

 

L'absolutiste : Ce qui m'a conduit ici, c'est le même sentiment que vous avez connu ici même, il y a quelques instants et qui ne serait l'apanage que de certains professeurs ou illustres personnages de l'état.

 

Le juge du langage : Monsieur, je suis aise d'entendre enfin vos explications, afin que la cour puisse connaître les motivations qui vous ont poussé à commettre un tel crime.

Mais rappelez-vous, Monsieur, que vous ne pouvez me mêler à vos outrecuidances dans la qualification de vos méfaits d'expression écrites.

 

L'absolutiste :  Soit, Monsieur le Juge, vous êtes certainement le censeur des faits que j'ai la courtoisie de reconnaître, mais la reconnaissance de ceux-ci impose tout aussi sereinement une contre-partie de mise en état de la situation qui sous-tend la forme comparative !!!

Souffrez donc, que sans vergogne aucune, je fasse si humblement mon explication de texte, en ayant quelque fois, cette capacité à me mesurer à votre ego.

 

Mesdames -  messieurs, je suis ici devant vous de ma propre volonté afin de contraindre l'état français à révéler son iniquité.

Rêvant de quelconque plaidoirie, autrefois, j'ai espéré rageusement cette rencontre.

 

Je ne suis pas accusateur public, je n'ai pas de rêve de sang, je suis tout simplement en sursis de justice.

Las de tant de torpeur, j'ai décidé d'accuser par écrit l'ensemble des représentations politiques et institutionnelles de passivité, et pour le moins de corruption politique passive et d'inaction organisée par un consensus mou.

La mollesse étant ici représentée par ces corps de technocrates dissolus par tant d'années de pouvoirs sans contrainte.

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Commentaires :

pseudo : monalisa

BIENVENUE VALEIX. BRAVO ET CHAPEAU BAS POUR TA MERVEILLEUSE PIÈCE DE THÉÂTRE REMPLIT DE RICHESSE LITTÉRAIRE. MAGNIFIQUE PLAIDOYER DE L'ÉNIGMATIQUE ABSOLU ET DES BIEN-PENSANTS. MERCI ET BONNE CONTINUATION.