Il y avait dans ce nuage, un endroit encore plus doux que tous les autres, un espace où ils avaient amassé tous leurs trésors, un endroit chaleureux qu'ils recouvraient d'une fine couche de nuage bien dense pour avoir plus chaud encore. Là, leurs rires rebondissaient sur leurs cœurs et leurs bras se refermaient sur leurs pensées. Offerts, libres et heureux, ils attendaient le moindre mouvement de l'autre pour glisser sous lui quelques mots bien léchés et le mettre toujours dans une position plus confortable. La chaleur qui leur servait d'habit était élastique et leur faisait une peau somptueuse. Le répertoire introuvable des gestes amoureux s'ouvrait devant eux et ils tournaient les pages avec une candeur inavouée. Leur nudité ne les empêchait pas de se caresser, de penser d'abord à l'autre et d'exister à la mesure exacte de ses souhaits, de ses envies.
Repenser ensemble cet amour qui les unit, un amour écrit avec des mots si opposés, visiter ensemble l'espace où les différences prennent corps, entrevoir en un fragment de seconde la jonction de leurs histoires et être joyeux de la résonnance de leurs plaisirs. Regarder dans deux directions et voir une même lumière réverbérer leur intelligence. Renoncer à la définition de l'amour et la vivre.
Une femme et un homme plongés dans leur éther ont oublié leurs souffrances passées et ont créé un peu d'amour qui s'est mélangé au doux coton de leurs idées, pour mûrir, en même temps qu'eux.
Dans cet endroit plus doux que tous les autres, la nuit n'arrivait pas à les endormir.