Elle est là, gracile, attentive, douce, presque fragile tant elle est fine et délicate. Son histoire en a fait une déesse, une fée, une amie, une mère et surtout une femme. Ses combats l'ont endurcie, ses déceptions ne l'ont pas rendu amère elle a juste perdu ses illusions, elle sait que la vie se déroule malgré les états d'âme de tout un chacun, alors elle n'en a plus. C'est décidé, elle profite de la vie envers et contre tout.
Elle écrit, bien, d'une écriture qui la livre entière aux lecteurs avec toujours un enseignement qui ne doit rien à la morale mais à sa façon particulière de traverser une épreuve, une joie, un plaisir, une expérience, une douleur parfois, une déception, sa vie entière toute bornée par ses choix, faits en toute conscience de ses capacités autant que de ses envies. Tout l'irréel de sa vie est inscrit dans l'envolée de ses envies, la dimension surhumaine de son désir la dispense de fantasmer à rêve perdu sur des impossibles jamais conclus.
Bon, pourquoi je vous parle d'elle, parce que cette femme n'est pas seulement une femme de littérature, une icône virtuelle qui possèderait soudain par un effet de miroir dévastateur les qualités ajoutées de l'un et l'autre interlocuteur, non, cette femme existe avec des mains bien allongées, une peau douce, et des taches de rousseur, des grains de beauté qui soulignent la clarté de son image, des muscles qui enserrent bien les corps choisis par ses yeux bleus, des lèvres qui disent bien ce qu'elle veut et ce qu'elle refuse, des oreilles qui entendent les aléas de la vie qu'elle accepte d'emprunter. Elle n'est pas qu'une image, elle pense, elle se pense, elle pense l'autre aussi. Elle pense que l'homme qu'elle tient dans ses bras a le droit d'être malade, elle pense qu'il a le droit d'être fragile, de faire des erreurs, de n'être finalement qu'un homme. Elle lui demande seulement de savoir ce qu'il veut, même si ce qu'il veut ne lui convient pas vraiment. Le temps auquel elle n'accorde aucune vertu fera le tri des défauts et des qualités, des mensonges déguisés et des assurances trompeuses.
Je vous parle d'elle parce qu'en elle j'ai rencontré une femme qui me ressemble un peu, une espèce de levier qui nous permettrait de soulever le monde, alors, même si c'est impossible, j'ai envie d'essayer de le faire. J'ai envie de plonger dans un rêve encore irréaliste soudain réalisable, une belle histoire d'amour qui ne devrait rien à personne, faite de nos efforts et de nos joies qui totaliseraient toutes nos peines et nos capacités
Elle est là, gracile, attentive et forte, très forte. Je ne vous ai pas dit qu'elle est belle, très belle.