"Non"... trois petites lettres qui résonnent sans cesse dans ma tête hantent mon esprit. "Non"! "Non, je ne t'aime plus". "Non je ne veux plus essayer"... Le monde  ne va pas s'effondrer, personne n'a prêté attention à cet instant , cette expiration, ce souffle glacé qui portait cette courte réponse. Personne sauf moi...Mon monde à moi  s'est effondré. Emportant  avec lui mes espoirs, mon avenir, mes envies. Celle que j'aime ne m'aime plus. Quoi de plus banal sur cette terre draînant chaque jour son lot de desespérés, de rejetés, d'évincés de l'amour. De ces pauvres imbéciles qui comme moi, ont joué avec le feu, avec le coeur , avec les sentiments de leur compagne.

Comment peut-on à ce point ne rien montrer, ne rien donner à celle que l'on aime. Comment peut-on croire, que celle qui vous aime, se contentera de miettes de bonheur , distillée avec avarice... Faut-il être suffisant pour se complaire dans cette paresse amoureuse, en se convaincant que l'autre se pliera avec grace à toutes ses turpitudes. Se contenter de faire miroiter, c'est faire bien peu de cas de l'être que l'on est sensé aimer.

Mais j'aime Cécile. Devenir fou d'amour, n'est ce donc pas qu'une simple expression? Je le suis devenu...J'erre, j'épie, j'espère entrevoir sa silhouette au détour d'une rue, quand elle promène son chien. Je pourrais lui écrire des "je t'aime à n'en plus finir", barbouiller les murs de son prénom en l'entourant d'un coeur, comme un adolescent. Je fuis la foule, je fuis les gens. Je n'ai jamais autant cherché d'aide qu'à cet instant... Je voudrais que l'on m'écoute, je voudrais dire à tous l'amour que j'ai pour elle, tout ce que j'ai toujours contenu, égoïstement. Je voudrais que des centaines de personnes sachent combien je l'aime et qu'elles aillent le crier à leur tour sous ses fenêtres: "Pascal t'aime plus que tout! Reviens lui, il a compris!"

J'aimerais que l'on m'arrache cette langue que je ne mérite pas. Tant d'autres font d'elle un si bel outil à dispenser les compliments, les mots doux. La mienne n'a su que cracher ses méchancetés, s'emmêler lorsqu'il fallait se justifier, se rétracter lorsqu'il aurait fallu parler. J'étais un mur, enfermant mes sentiments, un mur de silence, un mur d'où ne percaient que peu d'ouvertures. Cécile l'est devenue à son tour, s'enfermant à double tour, pour ne plus m'écouter, ne plus me voir, ne plus craquer...

Je me maudis.Je me maudis d'avoir tout fait pour perdre mon amour, MA cécile. Elle est aujourd'hui dans les bras d'un autre, surement cajolée, cherchant le réconfort comme un oiseau blessé. Moi je me meurs. A petit feu. Je ne méritais pas l'enfer... Je ne méritais pas ces vomissements , ces tempes qui battent à m'en faire mal au crâne, je ne méritais pas qu'elle ne m'écoute plus.. Un autre l'enlace de ces bras, cherche ses lèvres, promène son nez dans les moindres recoins de son intimité. Tout cela pendant que je changeais, que je me rendais enfin compte de l'existence lamentable que je lui offrais. Des heures de doute, de souffrance que je lui affligeais.  Je n'avais rien donné. Je voulais tout donner. La voir à nouveau sourire, croire en moi , en nous , aux enfants, à notre enfant. Je voulais la voir radieuse, elle est très belle, la voir épanouie,enfin heureuse... Avec moi.  Je crie à qui veut l'entendre qu'elle est tout pour moi. Elle est mon avenir, ma raison d'être autant que l'est ma fille. Je crie que j'ai compris, que j'ai envie de donner, beaucoup, énormément. Envie de me mettre à nu , de me lover contre elle, de la sentir à nouveau , de l'étreindre à la broyer, de la caliner tendrement. Envie de l'aimer.

J'attends trois nouvelles lettres , trois petites voyelles qui mises bout à bout formeraient le plus délicieux des mots, celui qui ferait rebattre mon coeur, me redonnerait l'appetit, ferait de moi le roi du monde: "Oui". "Oui pascal, je crois en ta sincerité". "Oui pascal, je veux bien réessayer"...Un mot si simple et porteur de tant d'espoir à la fois, bien plus beau qu'un " je t'aime" parfois si galvaudé  Je vivrai à nouveau, rempli d'ardeur, débordant d'enthousiasme, prêt à tout pour la combler. Dites lui...Je l'aime

"Non pascal, je ne t'écoute plus"...