Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

vertus de l'engagement par obsidienne

vertus de l'engagement


On lui a souvent dit qu'il serait bon qu'enfin il apprenne à faire comme les autres, qu'enfin il s'engage, dans la vie, à l'école, dans l'armée, en amour, sans que cela dérange le moins du monde les prescripteurs de reléguer à des situations morbides et pleine de la déchéance de l'humain des aventures aussi lumineuses que la découverte des amoureux. On lui a souvent dit que la société ne pouvait pas avoir tort, quand même un si grand nombre de moutons à la laine si bien tondue, que les schémas patiemment organisés par l'histoire, celle des guerres et des inventions, et les traditions, celles des cadeaux et des messes étaient si confortables et si sûrs qu'il faudrait être fou assurément pour s'en démarquer. On lui a souvent fait payer de ne pas laisser quelques cheveux au joug où d'autres perdaient leur tête, parfois gentiment, en le jugeant seulement mais amicalement, parfois méchamment en lui interdisant des jeux réservés.
Et pourtant, il s'était engagé, et depuis longtemps il essayait de tenir une promesse qu'il s'était faite au creux de son cœur, fort des forces qu'il avait encore quand des tourbillons révolutionnaires et un peu idéalistes avait emporté la poussière que ses pairs avait laissée chez lui après avoir balayé chez eux. Il s'était juré de rendre le monde meilleur. Il avait reconstruit tranquillement ses repères, en interrogeant chaque geste à l'aune de cette foi qui lui permettait de renverser des dogmes, de distiller des idées que tout le monde attendait sans les entendre et dont tout le monde avait besoin sans jamais les trouver.
Il comprenait en même temps que les engagements qu'on lui faisait miroiter n'étaient qu'une façon confortable de partager ses névroses sans chercher à les guérir, laissant à la charge de la collectivité le soin de les organiser en mal être, en petits plaisirs ou pire en pouvoir d'achat. Au milieu du gué, s'interrogeant sur sa réussite, il lui arrivait d'envier ceux qui ne se posaient pas de questions, vivant tranquillement avec les béquilles de leurs certitudes et puis, se retournant sur son histoire, il se rendait brusquement compte qu'il n'avait accompli que la moitié du chemin.
Cherchant un peu d'aide, il voyait les vagues de bonheur qu'agitaient patiemment les femmes qui l'aimaient, reflets de son histoire et plus il avançait vers les mirages qui l'avaient guidé dans ce désert, plus ces femmes devenaient vivantes, de chair et d'esprit. Il les entendait distinctement s'interroger sur sa folie. Il savait aussi qu'elles l'attendaient.
Il était sûr maintenant de pouvoir aller au bout de son rêve, elles.

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : autre | Par obsidienne | Voir tous ses textes | Visite : 757

Coup de cœur : 9 / Technique : 7

Commentaires :

pseudo : ficelle

Obsidienne, oui !

pseudo : Cécile Césaire-Lanoix

Beau texte.

pseudo : Blanche Plume

Ne suivre que son coeur... et son instinct...