Il a choisi d'emmener certaines femmes vers un avenir meilleur, celles qui le construisent au gré des dialogues parfois assourdis par les blessures trop fraîches ou les incompréhensions venues du fond des livres. En leur offrant l'image d'un être humain assez rare pour être remarqué, assez humble pour ne pas s'imposer comme un modèle, tout juste un exemple réussi de l'amour érigé en valeur certaine et pleine de vie, il apporte un peu de soleil dans leur vie, quelque chose qui ressemble à de l'air pur.
Parfois les questions qu'il pose sont des abîmes de réflexion insoutenables, d'autres fois ses mots s'imbriquent dans des projets incertains mais souvent éclairés par la déchirure des nuages noirs qu'un vent de folie fait soudain fuir.
Le voyage est souvent mouvementé, le départ différé, le trajet improvisé, mais l'embarcation est solide et ne chavire jamais. Certaines voulant voir de plus près quelle est cette espèce nouvelle d'homme ne reconnaissent pas en lui leurs rêves et redessinent le temps de la traversée les traits idéaux qu'il aurait dû montrer, d'autres acceptent de faire une halte, ailleurs, dans des endroits improbables où les possibles poussent sur des arbres par lui entretenus, mais toutes sont contentes de voir qu'il existe un autre moyen de transport amoureux.
Arrivées à bon port, elles sont mieux armées pour vivre un bonheur qui s'offre à elles et qu'elles n'ont qu'à cueillir. Mais elles ne lui doivent rien, elles possédaient ces armes, il les a juste polies et parfois un peu réparées. Alors, trop heureuses de découvrir enfin la vie dont elles rêvaient depuis longtemps, elles font de lui un souvenir heureux, parfois chargé de nostalgie, quelquefois teinté de l'ombre oublieuse, mais toujours fleuri des sourires qu'ils s'échangeaient. Un souvenir où s'accroche toujours un lambeau de son cœur.
Lui repart, fier de sa conduite, impatient de découvrir une nouvelle passagère qui lui apprendra encore autre chose, qui lui demandera d'aller plus loin sans doute, toujours dans l'inconnu, la plus belle destination.
Et il continue de ramer, persuadé que sa vie est belle