Je reviens de Gaminie
(texte one man show
en hommage aux infirmières de l'hôpital Necker
pour enfants malades de Paris)
(D'entrée de jeu et sur le premier paragraphe, parler sans discontinuer afin de monopoliser la parole et obliger le public à instaurer le silence et l'écoute)
Hé oui ! Je reviens de Gaminie. La Gaminie, vous savez ? (Etonné) Non ! OK, vous allez sans doute me demander ce que c'est que ce drôle de pays ! Ah ! Vous avez beau remuer vos méninges. Non. Décidément, rien n'y fait ! La Gaminie, ça ne vous cause pas plus que ça ! (à l'aide des mains, dessiner comme une mappemonde et tenter de cibler un point qui délimiterait la Gaminie). Voyez cette mappemonde que mes mains tracent pour vous. La Gaminie : serait-ce là, ou bien là encore ? A moins que cet étrange pays ne se trouve là, tout près de cette autre contrée aux contours si étranges. (Prendre une personne juste devant et la désigner). Mais non monsieur ! Ne me regardez pas avec des grands yeux ronds. C'est une fausse terre que je viens de faire. (Expliquer au public) Le monsieur qui est devant : il me regarde avec des yeux grands comme ça. Je vois bien qu'il essaie de deviner l'endroit précis où se trouve le pays dont je vous parle ce soir. Cette fameuse Gaminie ! Et ça a l'air de le tracasser... (S'adresser à nouveau à ce monsieur) Mais non monsieur, je ne fais pas un point précis sur la latitude et la longitude de ce fabuleux pays... Laissez-moi continuer... Et comme vous l'allez voir, cet endroit est un pays fabuleux, rempli de gens exceptionnels.
(Changer volontairement de rythme et de ton pour sembler s'éloigner du texte principal) Mais avant que je continue, et pendant que j'y pense, j'ai une question à vous poser. C'est une question qui m'a traversé l'esprit juste avant de monter sur scène ce soir. Je voulais simplement savoir si vous connaissiez la réponse à la question suivante ou si j'étais le seul à être idiot : Savez-vous ce qu'est une E.V.A. ? (Faire semblant de faire le tour du public) Colle n'est-ce pas ! (Montrer par des gestes qu'on ne serait plus tout à fait dans le sujet). Non. Je sais que ma question est idiote, mais c'est juste parce que c'est ce que j'ai entendu ça l'autre jour. (Ne pas donner tout de suite de précision puis raccrocher immédiatement au problème). Je crois que c'était mercredi ou jeudi, je ne sais plus. C'est le jour où j'ai acheté la pochette de feutres avec l'album dessin. Ouais. Maintenant ils font des trucs sympas pour les mômes. Et pas chers en plus. Donc, je visitais un enfant qui était à l'hôpital lorsqu'une infirmière est entrée et lui a demandé de faire son E.V.A. (Supposer que quelqu'un aurait mal entendu le mot). EVA, ça s'écrit E comme Erythromélalgie, V comme Morphine (!), A comme Algie : EVA. Et va savoir ce qui se cache derrière ça. (Questionner le public). Ah ! Je vois qu'on sèche ! Ca va, je suis rassuré. J'avais peur d'être le seul couillon de l'histoire. Bon, c'est pas tout ça ! Va peut-être falloir que je reprenne mon boulot. Vous êtes venus pour entendre parler de la Gaminie et pas mes histoires persos. Alors... (Supposer que quelqu'un ait voulu connaître la réponse à EVA). Pardon monsieur ? Oui ! Ah mais vous avez raison ! Je suis désolé ! Je suis très étourdi. Allez ! Ne râlez pas. Je viens de m'excuser. Vous avez parfaitement raison. J'ai oublié de vous donner la réponse. Suis-je sot. Une E.V.A. C'est en fait une Echelle. Mais pas n'importe quelle échelle. C'est une Echelle Visuelle Analogue. Voilà. Je vous ai donné la réponse ! (Supposer qu'une personne veuille en savoir un peu plus). OK monsieur. Je comprends. C'est un peu court mon explication. Bon je vous résume, parce que je ne peux pas passer non plus la soirée là-dessus. Hé, j'ai pas envie de me faire jeter ou de ramasser des tomates moi. Je suis un pro du spectacle. Pas un professeur de médecine ! Alors avec l'échelle visuelle analogue, vous avez comme une petite réglette avec des graduations pour exprimer la douleur. En général, ça va de 1 à 10, et l'enfant vous dit à quel endroit il place le curseur. C'est une méthode extrêmement fiable. Pourquoi fiable ? Parce qu'on a toujours considéré que, contrairement à un adulte qui a une référence à la douleur, un enfant ne ment jamais. Hé oui, dans la douleur se mesure avec précision chez un enfant et c'est ce qui permet aux infirmières de donner le meilleur traitement contre la douleur. Hé oui, maintenant dans les hôpitaux, on tient compte de la douleur. Ils ont mis beaucoup de temps, mais ça rentre bien dans les têtes. Bon, voilà. Je l'ai dit. On n'en parle plus. Allez, on passe à autre chose. (Faire semblant d'être paumé dans son récit). Merde. Je ne sais plus où j'en étais. C'est de votre faute monsieur. Ben oui ! Vous avez voulu savoir à tout prix ce que c'est que... (Faire semblant d'énumérer les choses dites). Ca. C'est fait. Ca je l'ai déjà dit. Est-ce que je vous ai dit la partie de texte sur la longitude et la latitude ? Oui. Bon alors je dois en être arrivé à peu près là...
(Se remettre volontairement à reprendre le ton du spectacle comme si c'était difficile) Donc je vous disais certainement que cet endroit est un pays faubleux rempli de gens extraordinaires. (Monter subitement en puissance dans les intonations comme si une passion avait été déclenchée) Tiens, imagine. Oh oui, c'est ça : Imagine. Tu es dans une grande avenue. Tu marches sur cette route goudronnée à double sens. Là, tu croises un espèce de train bizarre qui fait un bruit étonnant. En fait on dirait que ça ressemble à des poubelles attachées comme des wagons les uns derrière les autres... C'est drôle ! Non ? Mais heureusement, y'a pas que ça. Pourtant, c'était presque rassurrant. Des wagons poubelles. Ben oui ! Et alors ! Comme partout quoi ! (Sembler s'émerveiller de tout ce qui en fait n'est qu'ordinaire) De chaque côté de ces rues... Ben oui, je vous ais pas dit, mais il y a plusieurs rues quand même. Y'en a même une de ces rues dont les deux sens sont séparés par une haie de grands arbres. Des vrais arbres, en bois. Avec des feuilles dessus. Et ces arbres-là ne sont pas pollués, parce qu'il n'y a quasiment pas de voitures...
(Se ressaisir comme si on voulait expliquer quelque chose de difficile, en fronçant un peu les sourcils). Non. Voyez-vous, ce qui est en fait très étrange... Comment vous l'expliquer ? C'est que tout un petit monde grouille dans ces espèces d'HLM. Ah ! Oui, c'est vrai. Je vous ai pas dit : dans ce pays de la Gaminie, c'est rempli de bâtisses grandes. Très grandes. Comme des HLM. Avec des hall d'entrée et des ascenseurs pour les étages. Mais c'est propre. Oui, très propre. (Etonné). Ouais. Y'a même des portes qui s'ouvrent toutes seules quand tu t'approches. Comme au supermarché. Et puis, y'a plein de monde qui circule. Un peu comme dans les écoles de dans le temps. Y'en a qui sont habillés avec des uniformes en bleu, d'autres en vert, d'autres en blanc, d'autres en civil. Mais tous corrects sur eux. (Blagueur). Bon, c'est vrai. Le répétez pas, parce que ce serait pas sympa. Mais on voit bien que y'en a qu'ont pas trop de sous pour se nipper. C'est souvent des jeunes d'ailleurs. En général, elles vous disent qu'elles sont ici en stage. Mais là, je vous jure que l'habit ne fait pas le moine. Ah ! Non. Non. Surtout pas. Elles sont... Ouais, c'est souvent des femmes. Des jeunes femmes. Elles sont toujours d'une gentillesse extraordinaire. Si extraordinaire, je te jure, qu'on voudrait bien tomber amoureux. Et puis de toutes façons, c'est toujours plus facile de dire que de faire, alors c'est mieux si je ferme ma gueule.
Relancer le ton et le mouvement. Donc, moi j'étais là, ici et là bas. Oui, j'ai quand même un peu voyagé dans tous ces HLM. Alors des fois, j'avais rien à faire d'autre que d'observer ce qui s'y passait. (Stopper net) Non ! Je ne suis pas curieux du tout. Mais écoutez-moi bien. Plus loin, je vous dirai pourquoi et vous comprendrez qu'il peut arriver dans ces cas-là qu'on s'emmerde un peu et qu'on ait envie de se changer les idées. Bref ! Ah ! Au fait. Je vous en ai parlé de ce clown qui circulait dans les couloirs ? (Imaginer que quelqu'un dise non dans le public) Mais si ! Non. Vous êtes sûr de vous monsieur. Tu déconnes ! (Avoir soudain un grand doute) Attends ! Je t'ai quand même bien parlé de cette dame en blouse bleue qui m'a dit « Je vous reconnais, je vous ai vu à la télé ». Non ? Mais si, quand j'ai commencé mon texte tout à l'heure. Je te jure que... J'ai un doute maintenant. Attends, j'ai quand même pas rêvé. Je me souviens encore de son sourire. De toutes façons, elles ont toutes le sourire. J'ai même demandé à l'une d'elle comment elle faisait pour avoir toujours le sourire à longueur de journée malgré la souffrance qu'elle côtoie. Ouais, elle, je me souviens de son visage. Tout en rondeur et en gentillesse...
(Faire semblant de changer brutalement de sujet). Ah ! Y'a un truc dont je tiens absolument à vous parler : c'est l'appareil à café. C'est celui qui est à côté de la porte blindée. (Affirmatif) Blindée, oui monsieur. Blindée. Comme un coffre fort. Blindage, blindée. Enfin, j'exagère un petit peu. Non en réalité, je mens. Elle est pas blindée. Mais nous, on l'appelait comme ça. Tu peux pas passer, parce qu'il y a un code secret pour ouvrir. Tu veux voir quelqu'un : hé bien tu peux pas. C'est blindé. En réalité, c'est dans ta tête que tu dois être blindé, parce que si t'as pas les nerfs solides... Ouais, si t'as pas les nerfs solides, t'as envie de passer par le sas d'entrée des chariots. Parce que là, tu peux entrer comme tu veux. (Calme et respectueux) Mais tu le fais pas. Non, tu le fais pas. Tu es trop respectueux de ce qu'il y a derrière. Oui. Vraiment, tu respectes. (Reprendre) Donc, je vous parlais du café. D'ailleurs je ne sais même plus pourquoi je vous parlais du café. Il était bon. Mais faut aimer le café. Parce que des fois, tu patientes longtemps dans la petite pièce. Des fois même, très longtemps. Alors le café faut que tu l'aimes. Même quand il n'y en a plus. Surtout que pour tourner en rond, c'est pas facile dans une salle de dix ou douze mètres carrés. Mais bon.
(Se remettre à changer de ton sur un air plu gai) Mais t'inquiètes pas bonhomme ! Je vais pas te pourrir ta soirée avec des conneries comme ça. Tiens, je vais te parler d'autre chose pour changer. Tu connais Paris ? (Affirmatif) Pas bien ? Hé bien moi non plus. Mais un jour, d'urgence, j'ai été contraint d'aller sur-le-champ dans un lieu parisien bien connu. Des personnes qui me connaissent bien m'avaient dit ensuite : « Mais tu es allé en train bien sûr ?». Non, avais-je répondu. « Mais c'est impossible d'aller dans Paris quand on ne connaît pas ! » m'avaient-ils assuré. Mais j'enchaînais immédiatement en répondant que : (Etre extrêmement affirmatif et sûr de soi) « Je ne me suis pas posé la question de savoir si j'allais trouver. Je suis allé et j'ai trouvé ». Je te dis pas, j'ai quand même fait deux fois le tour du rond point de la place d'Italie. C'est pas de ma faute, c'est ma femme qu'a crié quand j'ai voulu prendre l'avenue des Gobleins à côté de la Mairie du 13e. Pas de bol ce jour-là boulevard de Port-Royal, y'a Messmer qu'a cassé sa pipe, alors en passant près du Val de Grâce, c'était bourré de flics. On a pas dû leur porter chance aux anciens Premiers ministres, parce que quelque jours plus tard, v'la qu'y a Raymond qui casse sa pipe aussi. Bon. Non coment. (Se frotter les mains de bonheur) Mais y'a un truc absolument fabuleux qui m'a vraiment choqué quand j'ai fait l'aller et retour. Attends, je t'explique. Quand j'allais à Paris, comme ça, pour le fun j'étais quelqu'un de très gonflé, je faisais comme les autres : je déboulais dans Paris et le périph', comme ça, parce que c'était marrant. (Etonnement) Mais maintenant, oh, divine surprise, ils sont tous à soixante-dix quand c'est marqué. C'est dingue comment un flic fait peur. Dingue. (Insister très lourdement) Y'a tellement de choses dans la vie qui devraient effrayer. Y'a tellement de choses que j'ai vues et entendues récemment et qui m'ont fait peur... Mais j'avais tellement besoin de mon permis... que j'ai fait comme eux... J'ai eu tord ?
(Changer à nouveau de rythme) Ouais. Bon. On ne va pas parler que de bagnoles non plus. Y'a des choses plus importantes dans la vie. Y'a la santé tiens par exemple. Il peut arriver que tu tombes malade. C'est généralement pas grave. Tu te pètes une jambe, on met des clous, des agrafes, du scotch ou n'importe quoi pour que ça tienne et tu sais que tu en as pour trois mois. (Se raidir et exprimer le désarroi). Par contre, il arrive aussi parfois que tout ne soit pas aussi simple que ça. Tu sais quand ça commence mais tu sais pas quand ça va finir. Et là, je te jure, ça devient....................................................??????????????????????????????????????????????
VOUS AVEZ AIME LE DEBUT ?
VOUS SOUHAITERIEZ CONNAITRE LA FIN DE CETTE PIECE ?
JE VOUS PROPOSE DE VOUS L'ENVOYER PAR MAIL...
Il vous manque unepartie de texte car la fin se trouve un peu plus loin
Dans ce cas, faites votre demande sur le mail suivant :
et je me ferais un plaisir de vous envoyer la fin tout aussi gratuitement
merci de votre compréhension car c'est seulement comme ça
que je peux avoir un meilleur suivi des pièces qui sont montées !
Gustave, le 27 octobre 2007
Jean-Luc Pecqueur (Gustave)
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : autre | Par Gustave | Voir tous ses textes | Visite : 763
Coup de cœur : 18 / Technique : 11
Commentaires :
Nombre de visites : 5788