Elle est là, à portée de mots, autour de moi. Je l'entends. Ce n'est pas une ambiance, ce n'est pas une impression, je vois l'éclat de ses yeux dans les couleurs changeantes du ciel, je sens ses lèvres humides sous ma langue rêveuse, je supporte sa gravité dans mon cœur tétanisé. Il faut du temps pour trouver cette belle laque rouge vraie couleur de l'amour faite de mille caresses et de baisers épanouis ; il faut du temps pour vernir une histoire et la rendre belle aux yeux de tous, il faut du temps pour accepter d'aimer une femme que l'on connaît à peine.
Petit à petit, s'installent quelques pensées construites avec des outils fourbis pour les autres, viennent s'inscrire au cœur du quotidien des réflexes dérisoires, déboulent des sentiments bagarreurs et plein d'énergie. Doucement les petits arrangements avec la réalité, les petits mensonges, les petits choix empreints d'une liberté de pacotille deviennent des marchepieds confortables, des ponts de liane, des jetées dans l'inconnu. L'espace s'agrandit, les frontières du monde reculent, l'horizon s'arrondit.
Parfois les passerelles s'effondrent sous le poids sans prise d'une neige traditionnelle qui glace les marcheurs romantiques et refroidit leur ardeur, entraînant ce qu'ils avaient amassé frénétiquement dans les tourbillons de leurs envies.
Mais il y a des passerelles bien ancrées, arrimées sur du roc et détruites par la répétition de l'impossible, leurs vestiges s'accrochent majestueusement comme des blessures qui vont cicatriser. Elles emprisonnent dans leurs haubans des monceaux d'énergie, des besoins de communiquer, des mots perdus mais retenus, et elles attendent la bonne saison pour tout réparer, passerelles vivantes, passerelles éternelles...
Alors, les sourires naguère dansant remplacent les rayons du soleil, les prunelles brillantes colorent le ciel, les gestes amoureux sont les bruissements des arbres et la tiédeur de l'air ressemble à la peau souple qui enveloppait tous les rêves. L'espoir même devient l'intelligence vivace, les réflexes changent d'objectifs, la sérénité revient, propice au séchage d'une autre couche. Le vernis retrouve de la profondeur.
Oui, elle est là, à portée de mots, je l'attends
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Style : autre | Par obsidienne | Voir tous ses textes | Visite : 718
Coup de cœur : 12 / Technique : 10
Commentaires :
pseudo : ficelle
Elle est belle ta faiblesse.
pseudo : Cécile Césaire-Lanoix
Très beau texte plein de douceur.
pseudo : monalisa
TA FAIBLESSE EST SI BIEN CONTÉE QU'ON RESTE SILENCIEUX DEVANT CETTE MERVEILLE.
pseudo : Isalou
Texte remarquable. Superbe !
pseudo : volatile
j'aime beaucoup ces passerelles bien ancrées ainsi que la profondeur du vernis. Du grand art.
pseudo : gigi
superbe texte
pseudo : clochette
Trés doux, très fin
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