Quand elle est entrée en moi, quand elle a percé mon cœur comme une vile baudruche envolée des mains malhabiles d'un enfant étourdi, quand elle a déchiqueté ma pensée amoureuse, fraîchement installée dans cet abri illégal, j'ai cru défaillir d'une douleur intolérable qui s'écrivait avec la honte de mon impuissance et l'encre noire du désespoir intelligent qui s'estompe toujours, surtout si on ne le veut pas. Quand elle a traversé en brûlant mon esprit vulnérable, cette écharde taillée par la varlope d'une morale rouillée et enfoncée par des maillets privés de liberté a aussi coupé la dernière fibre du cordon reliant ma soumission à ce monde écoeuré.
Alors, pour ne pas mourir, j'ai décidé de vivre avec cette écharde, de la polir, de l'affûter, d'en faire mon aiguillon perpétuel, de coudre avec elle mes désirs éparpillés, de strier de sa pointe la mémoire de mon amour, de dessiner avec elle mes prochains projets.
Ce sera la poutre maîtresse de ma nouvelle construction, ce sera la pièce première de toutes mes créations, ce sera la reine de mon mikado intime et je n'arrêterai pas de jouer, je n'arrêterai pas d'essayer de la retirer sans rien faire bouger autour de moi, et quand elle me verra vainqueur, il se pourrait bien qu'elle bourgeonne et fleurisse de la joie intacte de notre histoire.
Je ferai de cette écharde mon arbre de vie.
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Style : autre | Par obsidienne | Voir tous ses textes | Visite : 751
Coup de cœur : 11 / Technique : 8
Commentaires :
pseudo : ficelle
Très beau. Superbe métaphore.
pseudo : monalisa
OBSIDIENNE RESPECT. BELLE IMAGE TRANSFIGURANT NOS COEURS NOS ESPRITS.
pseudo : volatile
obsidienne, je retiens dans ce texte "nouvelle construction". Et je l'oppose tout de suite à "destruction", qui n'apparait pas dans ce texte car tu es déjà dans une phase ascendante, une phase positive.
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