Un jour dans un livre magnifique où j'écrivais de temps en temps, j'ai découvert une fée, pas une fée magique qui n'apparaît qu'à la fin des histoires, non une vraie fée, avec un cerveau, des yeux, un cœur, une bouche et de magnifiques petits pieds, toujours bien chaussés. Elle dansait devant mon stylo, épousant les lettres qui la mettaient en valeur, repoussant celles qui étaient trop pointues, transformant les jamais en toujours et les impossible en pourquoi pas. Elle était charmeuse et charmante, un bonheur de fée, une véritable amie qui enluminait chaque page.

Un jour nous avons écrit un conte ensemble, il s'agissait d'une fête où tout le monde était convié, ne viendraient que les amoureux de la vie, grincheux et jaloux resteraient chez eux. Rien n'est trop beau, la musique est douce, les toilettes exquises, les mots sont enjôleurs et répondent aux envies les plus folles. Le monde est bien fait me disais-je en rêvant, quand mes doigts gourds paralysés par le philtre amoureux laissèrent choir le livre doré.
Les sourires encore allumés, le sol jonché de baisers à moitié consommés, les yeux humides, les têtes pleines de rêves, la fête s'acheva brutalement.
Revenu à moi, je tournai la page doucement pour ne pas froisser cette fée qui était entrée dans ma vie. Je me rendis compte qu'elle comptait énormément, plus que je ne pouvais lui dire, plus encore que tous les jolis contes du livre.
Un jour, c'est sûr, je lui écrirai.

Pas un conte, une histoire vraie.