LES TROTTOIRS DE SIBÉRIE

Dans les trottoirs de Sibérie,

Il y a toujours ce fond de mélancolie,

Qui vient se mêler à la vie,

Comme un bonheur qui est parti.

C'est un peu comme dans nos cités,

Mantes-La-Folie et autre Vaux-En-Félins,

Tous ces zonards, aux regards suspects,

Je sens partout l'odeur du venin.

Il y a encore trop de serpents,

Et surtout beaucoup de dissidents,

Les prisons sont pleines à craquer,

Impossible de rebattre leur caquet.

Le vent glacial siffle à gorge déployée,

Seul le silence lui répond,

Avec son visage ménoposé,

Haro sur les flonflons.

Au loin, on entend un cri de colère,

Suivi d'un coup de révolver,

La liberté a un prix,

Celui du sang des martyrs.

La peur a mis son costume sombre,

À pas feutrés, filent des ombres,

Vers leurs habitations,

Pas de temps pour la méditation.

Le soir, dans le désoeuvrement,

Je regarde filer les étoiles,

Ultime signe de mon bannissement,

C'est la rame dans les pédales.

Et puis, il y a ce cri de joie,

Je sens que je touche du bois,

Une naissance dans une famille

Il y a de quoi avoir un peu d'espoir.