L'astre jette sa fine lame
Dans un jardin gaiement doux,
Comme un rayon qui s'amadoue !
Comme un parfum dans une flamme !
Un bon dieu joue les dieux funestes
Et pense aux sentiments,
Bien moins salace et leste,
Dans quelques tours célestes
Il songe à ces tourments.
Jamais son âme ne s'amuse
Depuis que sur Terre une femme
Qui, claire jusque dans son âme,
Dans un éclair devint sa muse.
Il croit l'entendre dans les champs
Qui couvent la rosée:
Ces bijoux alléchants!
Emperlés ! Mais le chant
Des merles reposés
Mettent tant d'or dans leurs chansons,
Jusqu'à l'oreille de ce dieu,
Qu'il croit, ce beau chant mélodieux,
Que sa muse lui dit :"Dansons ! "
Il la voit nue dans la rivière
Sur un lit de galets
Et ses yeux sur les pierres...
Des algues en guêpière ...
Ses yeux s'en régalaient !
Des feux forts ! Des soleils sans nombre !
Brûlaient ses yeux. Tel un désastre
Ses yeux brûlaient mieux que des astres
Qu'elle a guérit de sa bonne ombre !
Il croit que ce parfum, brûlé
En volutes guêpines,
Avait inoculé
De l'or acidulé
Par quelconques épines...
...Mais le dard doux, dans sa toison,
Mettait du songe dans son sang,
Des oeufs de cauchemars naissants !
L'amour a parfois ce poison !
Il sent de la mousse en soie noire
Sur ses mèches brunies,
En fait, du promenoir
Dansant dans son manoir,
Ses mèches démunies
S'accrochent aux nuages blancs !
Se lient aux perles de rosée !
Sur ses cheveux tant arrosée
Vient ce couler ce noir troublant.
Les fruits ont le goût de sa joue !
Il aimerait goûter
Sa couleur d'acajou,
Que ces quelques doigts jouent
Sur sa peau velouté!
Il voudrait le jus de ses seins
Celui d'un fruit que l'on exsangue
Et qui, transpirant sur sa langue,
Aurait meilleur miel qu'un essaim
Alors, décidé à l'aimer, `
Il apparaît un soir,
Et sans même l'épier
Il se met a ses pieds
Et lui dit son espoir
Mais hélas a sa vue la muse
Mourut, tuée par sa frayeur
Hades l'emporte mais, railleur,
De ce Dieu: se moque et s'amuse
MORALE
Ce dieu n'aurait pas dû devant elle apparaître!
on croit pouvoir aimer: quelques âmes jolies
Mais il en faut peu pour qu'un peu de folie
Vous la fit tout à coup à jamais disparaître!
Gardons-nous d'aller on l'on ne devrait pas être
On ne peut aimer que ce qui nous est promis
Jugez vous bien car les actes commis
Tuent parfois, mais ne font jamais renaître
Si cependant un jour vous vous sentez épris
Aimez sans pareil ! Aimez jusqu'au prix
De ne rien lui montrer si la raison l'impose
On ne vient pas toujours du même monde:
Parfois un peu d'argent nous fait paraître immonde
Et l'on peut tuer* d'aimer, je suppose.
tuer*=diérèse (tu-er)
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Style : Poème | Par fantomiald | Voir tous ses textes | Visite : 682
Coup de cœur : 11 / Technique : 8
Commentaires :
pseudo : VIVAL33
La fable du dieu et de la muse, comme une fable humaine... de simples mortels... J'ai adoré en tous points ce poème. MERCI et MERCI
pseudo : fantomiald
de rien
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