Là, tout de suite, je pense à toi, et c'est un vrai bonheur. Bien sûr, c'est facile, bien sûr j'enjolive toujours tout avec cette envie gentille de vouloir que tout soit toujours beau. Mais je pense à toi. Ta présence prends corps dans ma peau, dans les frissons imperceptibles que je ne réprime plus parce qu'ils rythment tes va-et-vient dans ma tête, tu existes vraiment, là tout de suite quand je pense à toi. Je te modèle avec des images que je n'ai pas encore en mémoire, avec des mots qui te font des parures magnifiques. Ce sont ta vie, tes gestes, les mouvements de ta tête et de tes bras qui meublent tout l'espace que tu occupes de plus en plus tranquillement. Je suis déjà ta maison et dans cette maison, tout se range harmonieusement, là tes sourires, à portée de mes chagrins, ici tes attentions, tout près de mes émotions ou bien là tes paroles envolées autour de mon expression béate d'enfant qui découvre une femme, une femme nourricière sans être mère, une femme qui permet de subsister, une femme qui apporte son cœur à dévorer. Je pense à ton corps qui vit, pas celui qui ondule sous des caresses douces qui se ressemblent souvent, non, celui qui se repose loin de tous, celui qui s'ébroue, celui qui se brûle parfois ou qui se cogne dans des tables imbéciles. Je pense à ce corps animé par tes rires, traversé par des phrases définitives, abîmé par des promesses mal tenues, adouci par le sourire d'un enfant, endormi par la fatigue du jour. Je pense à cette bouche qui filtre les mots si justes qu'ils peuvent me faire pleurer, cette bouche qui crie et qui vitupère, qui s'arrondit sous la moquerie et parfois s'entrouvre pour souffler un mot d'amour. Je pense à tes yeux qui voient le bien que tu fais autour de toi, tes yeux qui reflètent le plaisir que l'on t'apporte, je pense à tes cheveux qui volent ou qui se rangent gentiment dans les dents d'un peigne ignorant ta beauté, je pense à ton sourire qui est d'abord fait de clarté avant de souligner ton énergie, je pense à ton menton que j'aimerais sentir sur mon épaule. Je pense à tes mains qui balaient tout devant toi pour m'expliquer quelque chose de simple, je pense à tes petits pas qui te rapprochent de moi, je pense à des choses très réelles que j'ignore encore. Tu es très vraie à cet instant et tu es mon miroir lointain, alors quand je pense à toi se file un sentiment comme une longue banderole qui va se nouer autour de nos deux âmes, une émotion qui nous habille en même temps, une affection qui nous enveloppe dans une torpeur chaude comme nos cœurs, un attachement qui vient doucement rapprocher nos images. Et je pense à des choses encore plus réelles, ta main dans la mienne, tes yeux dans les miens, ton oreille sur mon cœur, mon bras sur tes épaules et des farandoles de sentiments se déchainent et claironnent à nos oreilles que nous sommes déjà ailleurs.

Dans un endroit où l'on pense à l'autre, là, tout de suite.

Et moi, je pense à toi et c'est un vrai bonheur.