Souvenez-vous.
Nous avions déjeuné dans ce petit restaurant en haut de la colline. Au milieu du jardin, juste sous les arbres en fleurs, vous aviez choisi une table un peu isolée. Les larges feuilles découpées jouaient avec le soleil, faisant miroiter tantôt le joli pied tourné d'un verre, tantôt une boucle de votre bracelet moiré.
Le repas fut délicieux comme le furent vos sourires dans lesquels je perdis en chemin mon propos, me sentant tout à coup la tête vidée de toute autre pensées que celles qui me font si souvent penser à vous.
J'ai emporté, caché dans ma serviette, cette petite cuillère qui garde trace d'un baiser échangé n'ayant d'autres témoins que le petit colibri posé sur votre épaule.
Comme souvent, la fin du repas arriva sans que je m'y sois préparé, j'avais juste eu le temps de vous effleurer le nez, et de voir dans vos yeux de taquines invites, aussitôt disparues, que je pense encore les avoir inventées pour mieux les y trouver.
Sur le chemin du retour, vous marchiez à mes côtés prenant quelques risques à grimper sur le talus herbeux. Votre jeunesse vous permet tant de choses. Insouciante des pièges que vous tend la nature espiègle, vous avez trébuché. A mon bras vous avez pris appui évitant ainsi une chute douloureuse. Je n'ai pas saisi l'occasion qu'un lutin malicieux m'avait pourtant soufflée, de vous prendre dans mes bras pour vous serrer une dernière fois avant votre départ.
J'ai juste imaginé le faire, sentir votre douce peau de miel sur mes bras, passez mes mains le long de votre dos pour sentir sous mes doigts le grain de votre peau. Vous voir vous redresser sur vos talons, vous approcher et ressentir, une fois encore, sur ma poitrine, cette troublante douceur que vous cachez si bien sous vos voiles colorés. Laisser une main descendre à vos reins mais l'en retirer aussitôt pour qu'il ne vous en reste que l'impression agréable d'un geste fortuit. Puis former avec mes doigts une coupe pour y accueillir votre joli visage où le soleil à déposé ces grains, fermer les yeux pour ne pas lire vos interdits, et déposer sur vos lèvres mutines un tendre baiser qui ne mettrait pas fin à notre amitié.
Nous finissions ainsi cette promenade promise l'autre soir, côte à côte. L'incident, évité, n'avait pas déclenché chez vous les mêmes pensées. Heureuse d'avoir évité une cheville tordue, vous étiez contente d'être si chanceuse d'avoir pu compter sur le secours d'un bras amical, et d'avoir ainsi préserver vos projets de vacances. Nos pensées s'éloignaient l'un de l'autre, moi rêvassant de ces moments impossibles et vous, pétillante, envoûtante, imaginant déjà avec quels délices vous pourriez prolonger les chaudes journées d'été par de tendres promenades avec votre bien aimé.
J'aime vous sentir ainsi heureuse auprès de moi. Je garde en souvenir quelques éclats de rire, vos yeux tournés vers moi, comme si, vous même, étiez heureuse d'être là.
Le chemin s'ouvre sur une ruelle ombragée dont les pavés ont conservés l'humidité déposée par la pluie d'orage qui troubla votre sommeil la nuit passée. Au coin nous avons croisé quelques badauds attablés à une terrasse de café échangeant probablement les dernières rumeurs sans se soucier des passants. Intriguée par la vue d'une silhouette connue, vous vous êtes cachée dans l'angle d'un mur, curieuse de découvrir son interlocuteur. Un rond barbu fut votre seule découverte, vous avez caché votre déconvenue derrière un rire cristallin.
C'est vers la fin de notre promenade, alors que vous tentiez encore le diable à marcher en équilibre sur le bord du trottoir mal ajusté, les bras tendu pour garder l'équilibre, la tête penchée vers moi pour que je ne rate rien de vos espiègleries que vous m'avez mis en garde contre ces fâcheux qui pourraient, de nos rencontres régulières, tirer des conclusions hâtives. Vos propos ne brisèrent pas le charme, comme cela eût été le cas il y a quelques mois, j'ai appris depuis votre vraie amitié à mon égard, et ne conclu plus de ce genre de discours une volonté pour vous de ne plus me voir. J'en fut même fort flatté, trouvant là, si je devait en douter encore, raison à penser que notre relation était faite pour durer, puisque vous vous inquiétiez des risques encourus par les Quand dira-t-on.
Je m'en ouvrais à vous, insistant ensuite, pour expliquer mes doutes, que rien n'était jamais acquit.
Plus tard, après vous avoir quitté, je me suis demandé si parfois vous doutiez.
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Style : Nouvelle | Par FONDEUR | Voir tous ses textes | Visite : 773
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Commentaires :
pseudo : Isalou
J'aime beaucoup ce texte pour tout ce qui en émane de respectueux. Et il est vraiment très bien rédigé ...
pseudo : FONDEUR
Merci isalou ;-)
pseudo : monalisa
FONDEUR CETTE PROMENADE EST AGRÉABLE ET CHARMANTE.LE RESPECT EST DE MISE MAGNIFIQUE. MERCI
pseudo : ficelle
romantique ! oui, j'aime !
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