C'était un jour radieux, un été étouffant. Sous le soleil de la garrigue, celui qui vous pique la peau et la tatoue d'un souvenir à jamais inoubliable...
Elle était venue là parce que c'était la période des vacances, et qu'elle avait besoin d'un nouveau décor pour maquiller son tableau. Oh, pas un tableau de maître, comme ceux que les plus habiles faussaires maquillent afin de les transporter plus facilement. Non. Juste un tableau. Presque un tableau noir. Barbouillé, de tout et de rien. De couleurs éclatantes, salies par des coups de pinceaux sombres, et des pots de peinture jetés là, contre la toile de son destin... Elle le contemplait déjà depuis longtemps, ce chef-d'œuvre. Fallait-il l'aimer ? Faire semblant de l'aimer, comme il est de bon ton de le faire dans les galeries d'art où il faut apparaître pour exister ?
Elle ne savait plus. Elle ne voulait plus se poser la question, alors c'était réglé : on se pose, et l'on pose les pinceaux... Plus de dessins, plus de couleurs, parce que plus envie de prendre des risques.
Mais la vie ne vous demande pas votre avis. Elle prend, elle donne, au gré de ses envies. Elle fait et défait votre tableau, glissant sur la toile, ou composant au couteau...
Ce jour là, elle avait envie d'être généreuse, la vie.
Et lorsqu'est arrivé l'artiste, la toile a retrouvé la luminosité qu'elle avait perdu depuis bien longtemps. Le décor était à nouveau magique, l'ambiance envoûtante, la créativité infinie et l'espoir indescriptible d'intensité... Comme une évidence.
Lui, c'est un de ces artistes dont les idées et les couleurs se mélangent en permanence ; il est riche, mais ne le sait pas. Parce que les couleurs éclatantes de sa toile ont presque disparu derrière les coups de couteau, et les coups de pinceaux gris...
Elle, elle était venue maquiller sa toile, pour finalement abandonner l'ouvrage ; lui essayait jour après jours de raviver les couleurs du sien, mais l'aquarelle était transparente et disparaissait derrière les couleurs sombres...
Ils ne se sont rien dit, ou pas avec des mots. Ils se sont parlé avec leur toile et leurs couleurs, et ils se sont reconnus. Il avait les couleurs gaies, envoûtantes, chatoyante et pleines de promesses qu'elle n'attendait plus. Elle lui apportait les pigments de couleurs qui lui manquaient pour que l'aquarelle recouvre sa toile...
Depuis ce jour, ils n'ont plus assez de toiles tant les couleurs vives s'étalent... Les murs de leur existence en sont couverts ; plus de couteau, plus de pinceau. Juste les caresses sur la toile, du bout des doigts, du bout du cœur, du bout de l'âme...
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Commentaires :
pseudo : bijoucontemporain
love action painting, un feu d'artifice allumé par Blanche Plume, merci
pseudo : Isalou
Un très joli texte rempli de beaucoup de sensibilité. Merci, Blanche Plume
pseudo : VIVAL33
Sur l'amour, la complémentarité... écrit tout en finesse, par petites touches: très beau!
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