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Flâneries par FONDEUR

Flâneries

Ma Chère Amie,

En cette fin de journée, vous vous reposiez, alanguie, à demie allongée, bien calée dans votre fauteuil, les pieds, nus, sur votre bureau. La fenêtre, haute, percée dans le mur face à vous laissait passer un ruban de soleil. Quelques grains de poussières tournoyaient lentement pris dans les filets de la lumière. Ils semblaient transporter jusqu'à vos cheveux, fidèles petites fées, de légères lucioles qui viendraient éclairer vos cheveux comme autant de fils d'or.

J'étais entré doucement, après avoir légèrement frappé à votre porte. Vous m'aviez entendu mais n'aviez pas bougé. En parlant doucement de tout ces riens qui nous occupent à tout moment, je me suis approché de vous, à quelques dizaines de centimètres à peine je me suis arrêté. Vous lisiez distraitement votre courrier, l'écran de votre ordinateur ajoutant une ombre bleutée à votre regard velours.

L'épaule contre une armoire, je vous regardai,  illuminée, tout en prenant de vos nouvelles. Je n'écoutais pas vos réponses, mon regard cherchant à décrocher du vôtre puis doucement descendant pour s'arrêter à ces lèvres défendues. J'y voyais briller une minuscule goutte de transpiration. Le goût du sel déjà connu de votre peau doucement chauffée de soleil me revint au bout de la langue, que je sortais, bien malgré moi, pour lécher d'un petit coup ma lèvre supérieure. Mon regard ne pu résister à descendre et descendre encore, frôlant l'interdit, titillant les ombres de votre robe légère, jusqu'à vos pieds si mignonnement ornés de rouge. Vous êtes si jolie.

La tête penchée, légèrement en avant, le bras droit mi fléchi au dessus de mon épaule reposant sur le meuble, les jambes à peine croisées, je tournais la tête vers vous, arrêtant ainsi de vous regarder si indiscrètement.

Nous étions comme dans une bulle, tout allant lentement comme si l'air soudain épaissi ralentissait même le temps. Votre voix me parvenait murmure, vos yeux coquins m'appelaient à d'autres flâneries.

La cloche se mit à sonner, six coups qui vous rappelèrent que l'heure était venue de mettre fin à cette tranquille journée. Le cocon fragile n'y résistât pas et le temps repris son rythme, ne laissant au fond de mes yeux que la tristesse du moment passé. J'hésitais à regarder les vôtres, ne sachant y lire que mes désirs, j'eu peur de ne pas y trouver réconfort.

J'eu une idée, que je gardais à l'instant pour moi.

Retirons ces murs qui arrêtent notre regard et découvrons ce splendide jardin tropical qui nous entoure. Ecoutons le bruit de l'eau qui goutte au bord de la fontaine et rafraîchi l'air tiédi de cette fin de journée, le bruissement du souffle marin dans les larges feuilles d'un Mahogany et le vrombissement affolé d'un insecte pris dans cette toile d'araignée que le jardinier n'a toujours pas ôtée.

Ouvrons en grand cette fenêtre pour laisser pénétrer le soleil à plein, les odeurs enivrantes des arbres fleuris et des fruits murs qui n'attendent qu'un battement d'ailes pour s'offrir à notre gourmandise.

D'un geste transformons ce bureau bureautique en parasol, votre siège en hamac géant et votre étagère en palmier touffu. Faisons disparaître cette armoire, sur laquelle je m'appuie, en arbre tropical.

Mettez un grand chapeau pour protéger vos douces épaules des ardeurs du soleil et des lunettes noires comme en ont les mouches, laissez tomber votre main droite le long du hamac pour attraper votre cocktail de fruits fraîchement pressés, la buée se déposera, glissant doucement, sur vos doigts. Dans votre main gauche saisissez un roman romantique et laissez le tomber légèrement sur vos cuisses, entrouvert. A terre, éparpillées sans ordre, quelques enveloppes ouvertes laisseront apparaître des écritures qu'une encre bleutée aura tracées pour vous.

Je change mon pantalon pour un bermuda, ma chemise mise contre un polo, mes chaussures et ssettes contre des sandales plus adaptées. Je cache mon regard indiscret derrière de mystérieuses lunettes de soleil. Dans ma main gauche, cachée derrière mon dos, un bouquet attend votre sourire.

La moquette a disparu, sur le sol le vert gazon appelle nos pieds pour une douce promenade vers la plage parsemée de pourpiers.

Vous retirez vos lunettes, prête à toutes les audaces, votre regard attrape le mien et le guide au fond de votre cœur pour y lire les secrètes amours auxquelles vous rêvez. J'avance vers vous pour  goutter sur votre front cette petite perle que la chaleur y a déposée. D'un baiser rapide je l'enlèverai en imaginant déposer mes lèvres sur votre jolie bouche.

Au loin, la corne de brume d'un navire déchire l'air de sa plainte. Un bateau entre dans la rade, on aperçoit sa voile blanche par dessus les frondaisons.

La promenade attendra bien une journée, votre bien aimé est de retour.

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Style : Nouvelle | Par FONDEUR | Voir tous ses textes | Visite : 688

Coup de cœur : 10 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : ficelle

Très beau, et magique. Du bonheur à l'état pur. Merci d'écrire.

pseudo : Isalou

Moi aussi, je trouve ce texte très beau; le style est raffiné, distingué; cela me plaît beaucoup.