Jaimes Bond. C'est mon nom.

Vous vous dites sûrement que des parents facétieux avaient souhaité, dès la naissance, inscrire leur progéniture dans un destin tout tracé ? et bien vous vous trompez tout aussi sûrement.

Je dois mon nom à mes talents de ... bondisseur. Je bondis depuis toujours. Je fais des bonds à droite, à gauche, je rebondis, je bondieuserie, bon sang de bonsoir et bonté divine tout autant.

Je mesure près d'1m80, pèse près de 85 kilos. Tout en muscles je suis, l'aviez vous deviné, un kangourou roux.

Alors Jaimes Bond, prononcez "djèm' baounde", c'est un nom que je trouve bien adapté finalement. C'est mon soigneur, ou plutôt ma soigneure qui m'a baptisé comme cela le jour où, après avoir pointé mon museau hors de la poche de maman, je sorti pour la première fois. En tombant j'ai fait un bond qui a surpris tout le monde, donnant un coup de tête involontaire au vétérinaire venu assister  à notre première apparition, depuis ce jour il m'en veut et me chatouille à chaque soin.

C'est pas mal Jaimes Bond, aussi bien et même bien mieux que le nom qu'a reçu mon pote, Skippy. Skippy le kangourou. Rien de plus facile, aucune recherche, du tout prêt, tout fait, un nom en boîte. Ah ah ah, d'autant plus qu'il s'agit du nom d'un personnage d'une ancienne série télévisée qui date d'au moins, oui, c'est ça c'est vraiment très ancien.

Dans son malheur, si je puis dire, mon pote a eu de la chance. Son soigneur, pas très fufute au demeurant, cherchait sans succès un prénom, jusqu'au jour où il se rendit, enfin, compte qu'il chantonnait sans cesse « skippy, skippy, na na na na na na na » en s'occupant de lui. Et hop, il le baptisa Skippy. Il aurait pu choisir « na na na na ... » c'est là que je me dis qu'il a eu de la chance Skippy. « na na na.... » c'est  pas franchement  un prénom ça. Surtout pour un kangou tout roux qui se prend pour un boxeur à ses heures.

Dans la série, les animaux ont de la chance, nous avons, pas bien loin de notre enclos, la mare aux caïmans. Ils sont tous là immobiles comme des souches à mouches, prêts à mordre quiconque s'aventure à proximité. Un jour, une soigneure, Odile de son prénom,  goûta à la dent dure d'une de ces bestioles qui s'étiole. Et croc croc fut baptisé, en représailles, CrocOdile. Crocodile, pour un caïman, l'insulte suprême. Depuis, ils se tiennent tous tranquille dans la mare, à happer les mouches ils passent leur temps, c'est moins goûteux qu'une fesse d'Odile, mais c'est moins dangereux aussi pour leur égo.

En voilà fini aujourd'hui pour les présentations. Vous l'avez donc compris, dans un zoo je suis, le kangourou roux Jaimes Bond qui tient là un journal pour tout vous narreR ce qui se passe en ces lieux.

Tout d'abord mettons les choses au net, que tout soit clair entre nous : les animaux, enfin moi en tout cas, comprennent les humains.

Ah, ça y est, ça recommence. La même chose à chaque fois ; vous souriez, voter œil s'éclaire narquois. Vous vous dites, encore un conte pour enfant, les animaux qui comprennent les humains. Encore des fadaises, tiens vous êtes du Sud ?, des bobards des histoires à dormir girafe.

Que je vous rassure de suite, que je vous mette à l'aise.

Et d'une, OUI, nous comprenons plus ou moins votre langage, comme nous nous comprenons plus ou moins entre nous. Et de DEUX, ça fait 7 minutes que vous lisez des lignes écrites par un Kangourou et là, ça, ça ne vous étonne pas ?

Bon, je sais quand on en prend conscience, ça fait un choc. Mais vous vous y ferez rapidement.