Un ami m’a dit  un jour : « Va sur internet, tu te feras plein d’amis. » Il n’avait pas tort... Je fis la connaissance de Mailer Daemon qui, je dois le reconnaître, m’a contactée en premier. Il s’agissait sans doute d’un Américain, car son message était incompréhensible ; il me l’a même renvoyé plusieurs fois. Quel mal élevé ce Mailer ! Puis il a disparu.

J’ai raconté ma mésaventure à mon ami, Louis, qui s’est esclaffé et a ajouté : « Mais non, mais non, il fallait aller sur « Face bouc ! »» « Face bouc » ? « Face de bouc », voulait-il sans doute dire. Quel nom étrange ! Entre nous, ce « Face de bouc » n’avait-il pas plutôt une face de rat ? Enfin, qu’importe ! Ce garçon-là n’était sûrement pas américain vu son nom. Après tout, je ne risquais rien à le contacter ; on verrait bien… Je tapai donc « Face de bouc » et je lui envoyai mon message.
Devinez qui vint frapper à ma porte ? Mailer Daemon ! ce bon vieux Mailer ! Il s’est aussitôt présenté. Était-ce une façon pour lui de me rappeler à son bon souvenir ? Quelle idée ! Pourquoi s’amusait-il ainsi à m’espionner ? Était-il possessif ? Déjà ? Dans ce cas, notre amitié débutait mal…
Louis, tout en se moquant de moi, me fit remarquer que le mot « Face de bouc » avait été mal orthographié, qu’il fallait plutôt entendre et surtout écrire « Facebook ».
Un autre Américain, pensai-je, probablement un ami de Mailer. Peut-être que « Facebook » et « Mailer » n’étaient en fait qu’une seule et même personne ?
Je fulminais et maudissais en moi-même ce Mailer qui avait décidé de gérer ma vie sur Internet. Non mais… de quoi je me mêle ?

Déçue par cette expérience, je pris le parti de me retirer de ce monde virtuel. Et un jour, un certain Msn me contacta pour me demander de l’accepter comme ami. Msn ? Autre curieux internaute… Qui pouvait donc se cacher derrière ce pseudonyme ?
J’eus brusquement un déclic : Mailer ! encore lui ! Rusé comme un renard, il avait trouvé le moyen de me joindre sans éveiller de soupçon. Mais vous savez, je l’ai vite démasqué. Eh oui ! Msn voulait dire « Monsieur sainte-nitouche ». Ah ! on se croyait malin, on voulait me duper… Eh bien non ! En une simple action, j’ai dit adieu à monsieur sainte-nitouche, ce démon à la face de bouc prénommé Mailer.
J’ai cliqué sur « ignorer » !