Un jour, j’ai reçu un courrier, d’une femme. Bon, et alors ?

Alors rien, sauf que je n’arrive pas bien à décrire ce qui m’est arrivé à ce moment-là. Un moment de magie, ah oui cela ressemblait à de la magie. Je n’attendais pas cette lettre, ou plutôt je n’arrêtais pas de l’attendre tellement elle était pleine de tout ce que j’attends depuis tout le temps mais je pensais bien qu’elle n’arriverait jamais, jamais, au grand jamais.

Il y avait dans ce courrier une telle reconnaissance, une telle présence et une retenue si digne que les mots ne servaient plus qu’à déguiser un prétexte déjà noble. Cette belle femme me remerciait. Je suis toujours surpris quand on me remercie, j’ai l’impression de ne faire que des choses normales, courantes que tout un chacun devrait faire, je ne suis pas capable d’exploits, aussi le moindre remerciement brille-t-il comme un cadeau.

Au milieu de tous ces mots qui rendaient compte d’une familiarité d’approche de nos mondes, au bout de quelques phrases qui disaient que l’on pouvait se voir sans se revoir, ou se toucher sans s’approcher, s’entendre sans se détendre et évaluer ensemble la réalité d’une distance peut-être salutaire, elle me fit un deuxième cadeau : Sincères Amitiés. Bien sûr ces deux petits mots peuvent être le signe gentil d’un respect mesuré, mais pas quand ils sont repassés, avec application les uns sur les autres, comme si au-delà du mot, c’était de la matière qu’on ajoutait à ce pli. Et cette matière, c’était de la sincérité et de l’amitié et la lettre en était pleine.

Voilà la magie : un courrier anodin qui devient une caresse mentale et qui sculpte sur un visage un peu fermé un sourire nouveau.

Et l’enveloppe était rouge, comme un cœur qui bat.

Merci madame