J’ai encore envie de sentir ta tendresse me submerger, je veux encore me lover au creux de ton sourire généreux, je veux pouvoir te dire à nouveau que je t’aime pour exprimer cette force éclairante qui rend la vie chatoyante. J’adorerais chiper dans tes doigts un bout de brioche encore tiède, prendre une mèche de tes cheveux dans ma bouche et nicher mon nez derrière ton oreille. Je veux sentir ta peau frémir et réveiller toute ma poésie, je veux occuper auprès de toi toute la place que tu m’offres et te donner la chance d’être une femme dans ce monde un peu obscur. Je veux réfléchir avec toi à notre avenir et penser cette humanité qui nous sauvera, je veux m’ensevelir dans ton amour…

Mais pas tout de suite, j’ai besoin d’aller au fond de ma peine, de visiter cette cathédrale de silence. Il faut que je comprenne ce que je n’ai pas fait pour te permettre de survivre. Je t’entends me répondre de ta voix sépulcrale que la maladie a tout simplement été plus forte, mais tu m’as tellement montré ton énergie au combat que cette explication ne me suffit pas. Il faut que j’aille mesurer ton absence, arpenter ces chemins sentimentaux où tu frôlais subrepticement ton double,  occuper cet espace où vivait déjà ton fantôme. Il faut que j’aille affronter les questions que tu m’as posées et les réponses que tu as esquissées.

Alors, et alors seulement, je retrouverai ce soleil qui a illuminé ma vie, je retrouverai cette douceur à l’odeur différente et le goût de croquer cette interrogation insoluble qui emprisonne les amoureux.

Ce ne sera pas toi, mais je vivrai un autre beau moment de ma vie, un de plus. Chic !