Qu'est-ce que le rien du tout ? C'est ce que ne peuvent voir les hommes perdus dans une course effrénée vers leurs chimères et qui voient défiler le temps comme des murailles grises où se confondent dans une même fadeur, l'amour qu'ils ne sentent plus, la douceur naturelle d'une fleur qu'ils ne ressentent plus, le goût des sourires qu'ils n'entendent plus tinter, la chaleur d'un corps qu'ils n'imaginent plus, et la violence du monde qu'ils croient accompagner. Le rien du tout, c'est l'instant où alertés par une voix, par un mot parfois, par une lettre où perle encore la tristesse qui l'a écrite, par une image nouvelle, deux êtres, forts parce qu'ils se savent faibles, attentifs parce qu'épiés, sentent tout leur corps et tout leur esprit se mettre aux aguets pour ne rien perdre de ce qui nourrit leur idéal, de ce qui ressemble à une pierre nouvelle sur la route d'un bonheur promis. Le rien du tout, c'est l'idée simple que l'on peut vivre heureux si on accepte ce qui nous arrive, malgré les efforts que cela demande, malgré les peines qui accompagnent toujours les joies, malgré l'incompréhension qui escorte l'harmonie. Le rien du tout, c'est souvent le début d'un long amour qui grandit sans cesse.

Et le tout ? Le tout, c'est tous les sourires du monde, c'est le soleil qui rentre dans le cœur, c'est l'air qui vivifie sans cesse des muscles fatigués, c'est une pensée qui croît, c'est la merveille d'un quotidien qui se déroule sans répétition, c'est la sagesse qui range doucement toutes les folies, c'est la sérénité qui ouvre encore plus grand les yeux, c'est l'horizon qui s'éclaire de cette écharpe chaleureuse faite de  soupirs amoureux. Tout, ce sont deux corps qui s'abandonnent à leurs esprits. Tout, c'est un désir qui en rencontre un autre. Tout, c'est la vie.

Un petit bout, ce peut être une femme, ou un homme, une femme ! Et ce petit bout de rien du tout qui sert à tout, je veux bien le connaître plus, pour l'aimer mieux.
En suis-je seulement capable ?