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Douleur par Mancini Armelle

Douleur

Une larme perlait à son oeil droit. Ses cils semblaient vouloir la retenir. Sa tête alla se nicher dans mon cou; une certaine chaleur émanait d'elle, mais une goutte fraîche, tout à coup, vint faire contraste. Je me mordais les lèvres, fermais très fort les paupières quand je sentis ses soubresauts contre mon coeur. Mon coeur qui sortait de ses entrailles. Je serrais mon amour, contre mon sein, entre mes bras frêles, retenant ce corps d'homme contenant une tristesse comparable à celle d'un enfant. J'avais peur. Si peur. Ne me sachant pas assez forte pour le soutenir, le soupeser sur mes épaules. Aucun mot ne franchissait la barrière de sa bouce. Chaque minute de ce lourd silence faiait grandir la rage et la panique en moi. Mais je ne disais toujours rien, car je savais avoir presque tout tenté. Douce, calme, j'ai su le faire. Quand il angoissait, j'ai su accourrir. Mais serait-ce suffisant ? Suffisant à son bonheur ? Suffisant à rendre heureux cet homme ? J'en doutais, sans tergiverser, je lui cédais la force, la si petite, que je possédais. Il ne trouvait pas quoi dire et cela m'oppressait. Parce que je ressentais tout aux premières loges, que je m'égarais en lui. C'était de plus en plus dur de me contenir. Mais je disais que j'allais. Pour lui. Il avait besoin de moi; ceci était ma motivation, ma source de surpassement. La larme avait coulée car une suivante se bousculait. "Je suis désolé." et ce fût trop. Je fixais désespérement le plafond, le priant de je ne sais quoi. L'abandon s'immiscait en moi, et c'est à mes yeux que les pleurs s'installaient, et c'est à mon coeur que le sang m'écrasait. Mes mains se crispèrent au col de son vêtement, de toute leur maigre puissance. Et je jurais; ma colère débordait, je le suppliais de parler, d'avouer, refusant d'admettre les pires idées qui se présentaient à mon esprit. Je me noyais dans mes larmes, n'ayant plus l'ardeur de prononcer un mot. On pleurait tous deux comme des perdus, errant dans un noir flou, une abîme claire et bien vivante. C'était déchirant, le voir se livrer comme moi j'aurais pu le faire, me faisait découvrir une facette méconnue de ce que je me plaisais à nommer mon âme-soeur. Un puit sans fond, une vie sans fin, une tuerie, un monstre. J'étais tiraillée, déboussolée, le voir souffrir, se débattre, me poignardait. Mais il parla. Mais ce ne fût pas la révélation que j'espèrais. Je sentais cet arrière goût de dérisoire, de regret. Celui de ne pas avoir su plus tôt et de voir que ce monologue, ces quelques phrases hachées, causait tant de souffrance. Tout retomba. Ma respiration redevint abordable, humaine. Ses yeux verts et brillants me fixaient, comme dans l'attente d'une réaction, qui ne venait pas, j'étais trop sonnée d'avoir vécue cette tortue comme si c'était moi.

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Style : Poème | Par Mancini Armelle | Voir tous ses textes | Visite : 485

Coup de cœur : 10 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : omar

enooooorme cdc

pseudo : obsidienne

quand l'écriture épouse un moment, son enfant est beau et déchirant. Merci