Elle était belle cette aube. La rosée finissait d’absorber le bleu nuit de nos rêves et trente verts différents remplissaient le jardin, en jouant à l’endroit, à l’envers, avec la chaleur du soleil qui allait les épanouir. De chaque côté de la fenêtre, des liens magiques reliaient nos cœurs à la nature, un peu comme un cadeau qu’elle nous faisait.
Ce jour-là, il se passait quelque chose de grand. L’universel entrait en toi. En échange tu m’as fais promettre d’aimer toujours, d’être toujours celui qui vit, celui qui rit, celui qui permet de vivre, d’aimer pour nuancer la souffrance, d’écrire pour ciseler l’amour, d’offrir à d’autres ce qui t’avait transfigurée.
Ce jour-là, j’ai su que tu ne mourrais jamais totalement, parce que tu avais réussi à vaincre ta jalousie. Pas seulement ce sentiment indigne de notre histoire, mais aussi l’obstacle qui permet d’être heureux, pour l’autre autant que par l’autre. Nous nous sommes pris dans les bras pour rembourser de nos larmes pudiques et presque souriantes le prix injuste de cette victoire. Dans la chaleur de cette étreinte s’évaporaient mille ans d’incompréhension et de combat contre les démons de la possession.

Nous nous appartenions sans nous posséder.

Trois mois après ton départ, je sais que je tiendrai ma promesse : je t’aimerai toujours, ma belle douleur.