Il m’a fallu trois mois pour pouvoir écrire sans pleurer ce titre définitif. Je ne pourrai plus jamais écrire le contraire. Quand je parlais de toi, ma belle lumière, je savais qu’un jour j’aurais à diluer mon encre avec des larmes et tout alors s’arrêtait, se brouillait. Mon cheminement mental peinait à trouver une issue où la vie servirait d’arcade, protégeant la moitié des humains qui continuaient d’exister, se souvenant de l’autre.

Mais voilà, ce que l’on magnifie sans cesse dans toutes les histoires d’amour, dans chaque ressentiment et toutes les relations humaines, ce que l’on perçoit au plus profond de son bonheur comme de son malheur et ce que l’on ignore lorsque l’urgence commande un sourire ou un cri parfois, cette force que j’essaie depuis si longtemps de dompter, d’observer et de croire, naïvement, ancrée en moi, cet élan, cette vague qui roule les humains contre les autres en les noyant parfois, cette énergie m’a porté et permis de traverser les mêmes heures de la journée, les mêmes jours de la semaine, les mêmes gestes devenus si différents depuis que tu n’es plus là pour en accomplir la moitié, au moins symbolique.

Et ce temps qui passe, décalquant les couleurs des arbres dont tu ne me parles plus, trouant la nuit pour me réveiller à côté de toi, errant sur les chemins trop larges brusquement, m’enrichit de tous les cadeaux que tu m’as faits. Je redécouvre la douceur dont tu m’as abreuvé, mes yeux reconnaissent une lumière particulière et mon âme continue de dialoguer avec toi. Ce n’est pas de la folie, je sais que ta chair se délite et je ne crois pas à un paradis confortable. Mais je sais plus sûrement encore comment tes rires, ton énergie, la force de tes bras et la puissance de tes pleurs ont modelé mon être.

Tu es en moi, tu continues à vivre, merci