Une image et elle entre dans la pièce, elle s'installe dans mon canapé, elle m'appelle et me parle. Une image et elle m'interroge, s'impose à moi comme un repère, une image et mon monde bascule vers du beau, vers du profond, vers de l'étourdissant.

J'ai mis peu de temps à comprendre que cette image n'était pas une photo, mais que c'était elle, ses gestes, ses yeux, son cœur, ses instants, le temps volé à un autre plaisir, son espace et tout ce que nous avions construit jusqu'à ce moment-là et qui doucement l'amenait à donner d'elle aussi ce qu'elle n'aime pas, quelque chose qui la fige mais qui est elle, quelque chose qui est déjà mort mais qui la tient en vie autrement, quelque chose qui l'installe, elle, l'instable.

Un peu de couleur, un peu d'ombre, elle m'offre tous le gris de la vie qui l'accompagne et puis, et puis cet éclair dans les yeux qui ridiculise le flash de son appareil, cette lumière dans le visage, cet amour qui sort de mon écran et qui m'envahit, comme si c'était le mien, qui m'inonde, qui me submerge qui m'interdit de regarder cette photo comme une image.

Je ne suis pas amoureux de cette image, je ne suis pas amoureux de cet écran, je ne suis pas amoureux de mon sentiment, je suis amoureux d'une femme remarquable, je suis amoureux d'un peu de vie qui passe à travers une image grâce à l'amour qu'elle transporte.