J’aime prendre le métro. J’ai les idées plus claires quand je me trouve sous terre. C’est une stupidité qui s’est fait des racines dans ma tête. Ma montre indique qu’il est neuf heures du soir. L’heure où le cauchemar reprend de plus belle. La rue et les hommes infidèles m’attendent. Peut-être aussi lui. Enfin. Oublions. Je descends du métro et monte ces escaliers terriblement familières. Dans le sac qui est coincé sous mon bras droit, se trouve mon deuxième ‘je’. Ma robe de nuit. Je préfère me changer dans les toilettes publiques que chez moi. Par pure… connerie je dirais. Arrivée en haut, je me dirige vers les toilettes publiques avec toujours la même honte et même horreur. M’enferme dans une des cabines, enlève mes vieilles Converses trouées. Mon jean. Mon haut. Mon soutien-gorge. Comme d’habitude, je vire les yeux en regardant mes pieds et soupire. J’oublie à chaque fois d’enlever les chaussettes. Une fois séparé de ma tenue habituelle, je m’emballe dans la robe noire. Grandis de quinze centimètres grâce aux talons. Mes vêtements je les cache dans mon sac. La peine que je me donnais jadis à les plier, s’est envolée. Je quitte la cabine et m’approche des lavabos. Me maquille exagérément et détache mes cheveux. J’me souviens comme, les premières nuits je pleurais à ce précis moment. Désormais, les larmes coulent à l’intérieur. J’inspire profondément et quitte cet endroit misérable. Avant de me rendre à mon lieu de travail, je me rends d’abord au kiosque de la gare où je laisse toujours mon sac. La vendeuse est une adorable madame qui me rend cette énorme faveur. Je lui accorde un sourire avant de m’en aller et dis gentiment ‘à toute à l’heure’. Dieu sait combien je remercie cette femme de pas me poser de questions et de se contenter de cacher le sac sur une des basses étagères. Durant ce court trajet jusqu’à ma rue, je ne pense à rien. Enfin. Avant. Car depuis que cet homme à la courte barbe et aux yeux bruns, m’a adressé la parole, mon quotidien c’est cassé la gueule. Je me sens sottement protégée quand j’aperçois sa voiture de loin. Bien sûr que j’ai déjà pensée qu’il est un fou. Mais cela n’empêche pas que je me sente bien et soulagée quand c’est lui qui se déplace en ma direction. Il n’est pas comme tous ces vieux dégueulasses. Déjà qu’il me sourit chaleureusement quand il me voit. Un sourire se dessine sur mes lèvres quand j’y repense. Mais je l’efface la seconde qui suit. Je regrette de ne pas avoir emmené une veste. Allons, je n’ai pas le temps de m’occuper de ma personne maintenant. J’hoche la tête pour jeter un regard sur la route. Pas de Twingo noire. Plus tard peut être. –Éh poupée. Une voix masculine me desserre de mes pensées. –C’est combien la pipe ? me demande l’individu qui doit frôler la quarantaine, à voix plus basse. – Ça dépend. Trente balles sans éjaculation, trente-cinq avec. Il fit mine de réfléchir et je connaissais la prochaine question. –T’avales ? Comme si mon cerveau aurait déjà enregistré la réponse, elle sortit d’elle-même. –Non. L’homme vira les talons et se barra. Parfois, je dois avouer que je me sens soulagée quand ils changent d’idées. Même s’il s’agit de l’argent avec lequel je paie le loyer et mes études. Si maman saurait à quoi je m’expose pour gagner de la tune. Et je ne cesse d’avoir un gout amère au fond de ma conscience quand je repense à la somme que lui demande pour une simple soirée chez lui. Mon égoïsme a à nouveau su être plus fort que n’importe quel autre sentiment. Tous les moments que j’ai passé en sa présence n’avait, en fin de comptes, pas de prix. Toujours pas de Twingo noire et mon cœur se serre. Je m’en étais sûre que tôt ou tard il allait abandonner la bataille. Quelle conne. Quelle idiote. Quelle conne. Mon nez me brûle et mes yeux deviennent humides. C’est alors qu’une silhouette familière s’accoste à moi et je m’oblige à changer de mine. –Comme d’habitude ? lui demande-je. –Oui. Cette voix devient de plus en plus répugnante à mes oreilles. –T’as ta bagnole chéri ? Je souligne le ‘chéri’ avec un regard coquin et il me répond par un acquiescement. A partir du moment où je le suis et pénètre sa voiture, ma tête s’éteint. Mon corps parle. Une larme coule au long de ma joue. Et je repense à quel point c’est paisible d’être dans les bras de Manu.
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Style : Nouvelle | Par hanna | Voir tous ses textes | Visite : 248
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Commentaires :
pseudo : X5babou
j'ai vraiment beaucoup aimé ton texte autant dans le fond que dans la forme.
pseudo : lutece
Dur, simplement dur! CDC
pseudo : milania caetano
ton texte m'a fait pleurer, il si dur...je ne sais que dire...CDC
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