Un homme marche le long de la voie ferrée, le dos voûté, les yeux délavés par trop de larmes versées. Il essaye en vain de retrouver cet aiguillage qu’ ‘il a emprunté jadis, il y a bien longtemps. La nuit tranquille est baignée par la lune. Et il avance comme un automate. Il voudrait tant mettre de la lumière dans son néant. Il lève la tête, un croissant de lune se mouche dans les nuages mais il n’en a cure. Il continue d’avancer le long des ballasts. Et il marche sans s’arrêter , le silence escorte son malheur. De temps à autre, il verse une larme, c’est ce qu’il lui reste de plus noble dans cette vie, ses larmes amères au goût salé. Et il se sent seul, si seul, il est vrai que les vrais secrets ne se partagent pas, ils sont à lui, ils sont lui. Déjà, à l’horizon, le soleil griffe les ténèbres. Mais il continue, il faut qu’il retrouve cet aiguillage, c’est une question essentielle, la seule question qu’il se pose encore, c’est de là que viennent tous ses malheurs. La nuit plie bagage et, au loin, le soleil couvre les arbres d’une fine pellicule d’or. Peut-être atteindra-t-il le but qu’il s’est fixé. Et il avance, tandis qu’un nuage ébouriffé s’effrange dans les airs et, au loin, il l’aperçoit enfin, cet aiguillage qu’il a emprunté il y a si longtemps. Mais, les ronces et les herbes folles ont tout envahi. Quand il arrive enfin à destination, il sait, il sait enfin que quand on s’est trompé, qu’on a pris le mauvais chemin, rien ne sert de regretter, on ne peut revenir en arrière…il ne lui reste que ses rêves pour tenter de se réinventer un monde meilleur