Un soir ou un matin, le moment importe peu. Elle aime à se manifester, à montrer ses formes démoniaques et manipulatrices. Elle jouit d'un asile au plus profond de nous même, telle une bête endormie qui n'attend et ne rêve que de sortir pour exprimer ses pulsions néfastes. Elle est ce qu'on nomme la haine, une émotion détestée et méprisée à cause de son caractère à rejeter quelqu'un ou quelque chose. C'est la répulsion sous sa forme la plus pure. C'est le monstre indestructible que combat tout humain. C'est la forme la plus primaire des conflits, et pourtant, elle m'a envahi. Elle a trouvé la porte qui la mènerait à la lumière afin de l'anéantir.

Ce jour là tout allait pourtant pour le mieux. La banalité ne peut suffire à l'arrêter. Pas même le bonheur n'est capable d'en venir à bout. Il est probable qu'elle soit le trou noir qui aspire notre raison et notre sourire. C'est un puit toujours affamé et sans fin. Elle ne digère pas. Elle se contente d'avaler ce qu'on lui donne à manger. Non, ce jour là ne semblait en rien propice à cette échéance : les oiseaux chantaient toujours, le vent soufflait toujours, le monde évoluait encore. Mais la science n'a pas trouvé le moyen de supprimer notre nature, ce brin essentiel et dangereux qui reste accroché à notre peau.

Une phrase avait suffit. Un ensemble de mot simple et courant qui avait agis comme une bombe. Vous savez, il en faut peu pour libérer le mal. On est tous plus proche du bas de l'escalier que des marches longues et difficiles à monter se trouvant au plus haut. Surtout lorsque l'on sait qu'une simple chute peut nous mener tout en bas. Dès lors je savais que je ne serais plus jamais le même. Je savais que ma lucidité serait altéré à jamais. La haine est plus forte car elle n'a aucune limite. La haine nourrit l'incompréhension. La haine engendre la mort d'innocent. Mais la haine, une fois apprivoisée, devient aussi une arme pour affronter et rebâtir ce qu'elle détruit. On ne peut combattre la haine que par la haine.

Ainsi le soleil s'éteignait sous le coup de l'hypocrisie. La vérité est parfois difficile à accepter, à supporter. Du coup le mensonge entre en piste, et se transforme le plus souvent en un mépris temporaire envers la personne concernée. Seulement dans de rares cas plus graves elle devient haine, forme plus agressive et développée du dit mépris. On se découvre un nouveau visage, une face dévoilée et jusqu'ici inconnue. On prend un air provocateur. Notre regard devient une lame tranchante appréciant sans peine de blesser les autres. Et finalement, tout finit en conflit. La haine éprouvée par l'un réveille celle de l'autre. Ainsi l'effet devient réciproque jusqu'à un incertain retour au calme. Au fond, il faut connaitre ce sentiment pour pouvoir le renier vraiment.