« Au revoir ». Et ses lèvres sur ma joue. Tandis que je la regarde disparaître dans le vestibule, mon cœur s'emballe, un peu trop, mais je n'en laisse rien voir, et sors. Mais quel idiot. Dehors, la pluie, celle que j'aime, douce et vive à la fois, elle pose une main sur mon épaule et je la sens caresser ma peau. Mais ce n'est que la pluie. Mon cœur se serre encore. Bon sang, mais quel idiot. Les murs ruisselants se sont parés de lumière, la nuit est tombée depuis longtemps sur Paris. Comme j'avance d'un pas incertain, on me questionne sur mon chemin. Je le connais, merci, laissez-moi à la pluie, elle me conduit. Le métro m'engloutit. Dernière chance dans quatre minutes. Vraiment, quel idiot. Trois minutes. D'ailleurs, c'est grève aujourd'hui. Ceux-là ont toujours le temps. Et moi ? Et nous ? Bougre d'idiot. Deux minutes. Au-dessus de ma tête, l'averse bat son plein, elle résonne, elle m'appelle. J'entends presque sa voix. Mes yeux se ferment un instant, la Terre tourne sans moi, juste un instant, une minute. Le grincement du métro, je m'éveille. Cours. Cours, doux imbécile d'une autre époque. La montagne de marches ne m'arrête pas, ni cette rue qui me semble soudain sans fin, et tandis que le ciel inonde Paris de ses lucioles d'or et d'argent, je cours, je cours ! On m'ouvre la porte, je traverse le vestibule, et m'arrête dans la petite cour intérieure où je l'ai vue disparaître tout à l'heure. Il pleut toujours. Est-ce la bonne porte au moins ? Je l'entends descendre vite, plus vite, elle sort sans me voir, traverse l'orage, elle court elle aussi, et je l'appelle. Je n'ai que le temps de la rejoindre, essoufflé comme elle, sous la pluie. Je peux entendre son cœur qui bat à un mètre de moi. L'eau vient tremper nos bouches qui se rencontrent, son sang file dans ses veines et son corps tout entier bat au rythme de son cœur ; j'oublie le mien pour ne plus sentir qu'elle, pour ne plus exister que sur ses lèvres. Encore.