La fille de capitaine
*
Une fille de capitaine
Qui était né Aquitaine
Voulait voir le monde entier,
Autrement qu'à la télé.
Par un terrible soir d'orage,
Elle prépara ses bagages
Et le lendemain matin,
Elle sauta dans un grand train.
Elle débarqua à Paris,
Sans argent et sans amis,
Mais armé d'une volonté
À faire pâlir un guerrier.
Elle rencontra un p'tit homme
Qui se régalait d'une pomme.
« Viens avec moi, lui dit-il,
Je te donnerais la ville. »
« Pourquoi me contenterais-je
de ces plats et ternes murs beiges,
Fit-elle en lui souriant,
Quand tout de la terre m'attend ? »
Elle poursuivit son chemin
Et gagna les ports lointains,
Découvrant jour après jour
L'insupportable manque d'amour.
Après une dizaine d'années,
De voyages, de p'tits métiers,
De rencontres et d'amitiés,
D'amoureux aux genres variés,
Elle avait vu tant d' pays
Que mille lieux hantaient ses nuits.
Il lui rev'nait en images
La beauté des paysages.
Les immenses sombres océans,
Les déserts aux jours ardents,
les forêts sans fin émeraude,
Et les glaces bleues esquimaudes.
Puis vint un matin étrange
Où lui apparut un ange.
C'était un être aux noires ailes,
Messager de tristes nouvelles.
Au loin, par delà les mers,
La Mort avait pris son père.
On attendait son retour
Au pays de ses amours.
Il fallut encore trois mois,
Sans auto ni palefroi,
Pour rentrer en sa maison.
On l'accueillit sans chanson.
Puis le temps fiévreux passant,
Vint l'hiver et son triste vent.
A la toute première belle neige,
Elle s'affala de son siège,
En rencontrant, coite, l'amour
Qu'elle courait depuis toujours.
Il avait pour nom Alain
Et il était Australien.
A quoi me sert, pansa-t-elle,
D'agiter en vain mes ailes,
Alors qu'un jour à ma porte
Sursaute mon cœur de la sorte.
Il y eut des épousailles,
Des sentiments, une marmaille
Et la vie douce s'écoula
Jusqu'à l'heure de son trépas.
Elle ferma ses yeux lumière.
Quelqu'un lui fit une prière.
Ainsi finit la chanson,
Pour les belles comme pour les cons.
À la vitesse de l'éclair,
Elle fit le tour de la terre
Visitant tous les amis,
Cadeaux offerts de la vie.
Puis elle s'éleva dans les airs
Et quitta notre atmosphère.
S'en allant vers le mystère,
Elle vit une bille de verre,
Un joli grain de poussière,
Sur lequel croissent des chimères,
Qui tournait dans le néant
À la folle vitesse des ans.
Puis l'infini l'absorba.
Pour le reste, je ne sais pas.
*
R.D
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Style : Poème | Par Karoloth | Voir tous ses textes | Visite : 658
Coup de cœur : 14 / Technique : 10
Commentaires :
pseudo : Déméter
C'est joli. Elle a bien eu raison de voyager !
pseudo : lutece
...Comme quoi, quelquefois on va chercher au bout du monde ce qu'on a à sa portée! CDC
pseudo : nage
quel plaisir a lire te j'aime tout se qui resort de ce poème grand cdc Biz.
pseudo : steph
Un beau voyage que la vie, très joli texte... merci !
pseudo : Karoloth
À la réflexion, disons le tout net, je trouve ça plutôt nul. N'ayez pas de honte à me le dire, je suis adulte.
pseudo : w
Pour ma part, Karoloth, j'ai apprécié ce texte. L'histoire est émouvante et, surtout, tu manies le verbe de telle sorte que se mêle un discours poétique avec un langage parlé habituel. J'aime vraiment. CDC
pseudo : Déméter
Mais non...qu'est-ce que tu imagines, je l'ai lu d'une traite comme une histoire, et ....j'aime beaucoup les histoires ! C'est bien mené ; maîtrise et légèreté - pas facile dans ce genre.
pseudo : VIVAL33
Je l'ai aimé ce poème, cette "épopée" de la fille du capitaine. CDC
pseudo : nage
Karoloth chercherait'il plus de compliment??? ben non! pas par moi je l'aime et c'est tout. A toi de faire avec.je parle du texte bien sûr
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